Le Millénaire se met à quai à Aubervilliers (diaporama)

 

Bien plus qu'un énième espace commercial, Le Millénaire mêle quelque 140 boutiques, des logements, un immeuble de bureaux R+7, plus de 12.000 m2 d'espaces verts et ludiques… Soit le premier centre commercial de cette taille à bénéficier, dès son ouverture, des certifications HQE Commerce et BREEAM (Building research establishment environmental assessment method). Une manière pour ce complexe moderne et traditionnel à la fois de s'engager pour un monde durable. En effet, héritier d'une vie de quartier populaire, le site du Millénaire était autrefois occupé par les Entrepôts et Magasins Généraux de Paris (EMGP), où était stocké nombre de denrées alimentaires, bois et charbon. Ils constituaient un vrai poumon économique et commercial pour la ville de Paris. De ce passé, l'architecte Antoine Grumbach a tenu à conserver les briques et les entrepôts, en y mêlant la modernité du verre, de l'acier et du bois. Il a ainsi voulu associer l'histoire du quartier à des influences résolument contemporaines, dépeignant son œuvre comme « une vraie ville avec des bâtiments divers, un mix d'architectures différentes, loin de toute uniformité ».

 

Une ville dans la ville
Construit comme un récit mêlant passé, présent et futur, Le Millénaire entend illustrer et représenter le modèle de la ville moderne, avec ses propres repères, ses propres rues, ses places, ses jardins. Docks en briques rouges, façades en terre cuite, verre et profils d'acier, bardages, terrasses, rues couvertes, allées larges et lumineuses contribuent à exprimer la diversité voulue par l'architecte. « La ville, c'est de la sédimentation, du collage, des changements d'échelle et non un tout aligné (…) Me dire que Le Millénaire manque d'unité est le plus beau compliment que l'on puisse me faire », affirme l'intéressé.

 

Pour arriver à la création de ce paquebot gigantesque aux portes de Paris, il aura fallu de près de 3 ans de travaux sur un espace à deux pas du boulevard périphérique nord, long de 450 mètres et large de 150 m (soit environ 7 terrains de football). Initié dans une démarche respectueuse de l'environnement, ce chantier mené par les équipes de Bouygues Bâtiment, qualifié de chantier à « faible nuisance », se distingue par le soin apporté au volume acoustique mesuré et contrôlé régulièrement, par le recyclage des déblais et matériaux de destruction. Mais aussi par le fait que les eaux utilisées pour le nettoyage de certains engins aient été récupérées et décantées, ou encore que le transport des matériaux par voie fluviale ait été privilégié. « La dimension HQE du projet a été souhaitée dès le départ », explique le Directeur de projet d'Icade, « mais tout s'est concrétisé en 2007-2008 ». En effet, il a été décidé, en partenariat avec l'Ademe et le CSTB, que le projet servirait de site pilote à la création du référentiel HQE pour les centres commerciaux. Priorité donc à la préfabrication, afin de limiter les pollutions et déchets sur le site : pour la structure, 40 km de poutres, 10.000 dalles alvéolaires ont été préfabriquées en amont, soit 20.000 pièces. Un parti pris qui a permis de poser 1.500 m2 de plancher par jour. Outre une consommation électrique réduite de 25%, un éclairage zénithal des verrières et un dispositif de récupération des eaux de pluie, les deux promoteurs de ce centre commercial, Icade et Klépierre, ont mis en place, dès l'ouverture, des baux verts - légalement obligatoires à partir de 2012 - pour inciter les enseignes à diminuer leur consommation en phase d'exploitation.

 

Enfin, dernier volet stratégique du Millénaire, son engagement sociétal. En effet, il devrait jouer un rôle dans le développement du tissu économique local grâce à une politique active de recrutement au sein d'Aubervilliers et des communes avoisinantes. A terme, il aura permis la création de 1.700 emplois. Les embauches locales représentent actuellement 50% du recrutement et se poursuivent encore. En outre, pour le chantier, 40% des compagnons qui ont œuvré à cette construction étaient issus du département de la Seine-Saint-Denis, et quelque 20 M€ de contrats de sous-traitance ont été signés avec des entreprises locales.