La jeune artiste et designer Milène Guermont, diplômée l’an dernier des Arts Décoratifs de Paris, est exposée du 2 au 8 avril au Grand Palais pour sa dernière œuvre en date : «Barrel». Jouant sur son double parcours d’ingénieur-artiste, celle-ci développe des objets mettant en œuvre du «béton sensoriel», véritable caresse qui «transforme le béton en rivage». Portrait d’une artiste atypique.
Milène Guermont s’attache dans son œuvre d’artiste-designer à montrer comment «une caresse transforme le béton en rivage». L’envie de créer la suit depuis toute jeune, elle qui s’intéresse à la couleur et à la matière. «En réfléchissant, j’ai compris assez jeune qu’il n’y avait pas de différence entre le ciel et la mer. C’est une continuité, rien n'est exclusif» explique la jeune artiste. D'où l'idée de proposer pour son entrée aux Arts Déco de Paris, une peinture de poissons affublés de becs qu'elle réalisa à l'age de cinq ans.
Avant cela, Milène Guermont est passée par Maths Sup-Maths Spé, une étape importante qui l’a aidée à bien comprendre la matière et ses procédés d'élaboration, avant de commencer à créer. Après l'Ecole nationale supérieure d'ingénieurs de Toulouse (Ensiacet), elle part aux Etats Unis, à Brown University,R.I., puis revient en France pour les Mines de Nancy. Un parcours assez complexe car «pour pouvoir appréhender ce qui me semblait essentiel pour créer, j'étais obligée de passer par plusieurs écoles».
Panneaux polysensoriels
Une fois son diplôme des Arts Déco obtenu, Milène Guermont a travaillé à Dubaï, en participant au lancement d’une galerie. Férue d’architecture, l’occasion était surtout prétexte à découvrir les référentiels architecturaux et le luxe des Emirats Arabes vers lesquels «tout le monde a les yeux tournés». Lauréate du concours Matière Grise, elle est appelée à retourner en France. Sur le thème imposé «nature et surface», elle développe un projet entamé dans le cadre de ses études : une table en béton sonore. Déjà présentée au VIA (Valorisation de l’innovation dans l’ameublement) et à la Biennale d’art de Rome, cette première œuvre a été exposée au salon Maison & Objet et constitue le point de départ de sa réflexion.
L’idée des tables en béton sonore, ou «panneaux polysensoriels», est de «mettre la nature dans la maison avec le béton». Ce qui peut sembler paradoxal puisque le béton est plutôt connu pour dénaturer... la nature. «Gris, lourd, froid sont les mots qui viennent à l’esprit des gens quand on leur parle de béton. Mon but était donc de bouleverser les préjugés, en passant de la nature - la planète bleue - au gris de la ville», explique Milène Guermont.
Premiers pas
Pour raconter la genèse de ce projet, il faut remonter au temps où la jeune diplômée d’école d’ingénieur était à Genève afin de développer la «montre du futur» pour la marque Rolex. Profitant de son séjour sur place, elle entame de longues recherches littéraires et iconographiques et rentre en France avec, sous le bras, un gros dossier de photos et citations d’ouvrages sur l’historique du béton. C’est sa rencontre avec Francesco Passaniti qui va provoquer le déclic chez elle. Ce «maître du béton» est connu pour son béton translucide et pour avoir conçu le bureau de Jacques Chirac. «C’est lui qui m’a initiée aux différentes façons de mettre en œuvre le béton. Il m’a dit : ‘il faut que tu touches au béton’. J’ai alors commencé à faire des essais avec des algues coulées dans le béton», explique-t-elle.
Le rythme de la marée
Une des déclinaisons de ses panneaux polysensoriels, le Wavy Carpet, est une feuille de béton rose de 10 millimètres d’épaisseur. «En béton recyclable, celle-ci ressemble à un tapis tant elle est légère et semble voler... Elle renvoie au rythme de la marée, puisque l’on se pose à table au moins deux fois par jour. Entre deux repas, on fait glisser le béton sous la mer», évoque l’artiste. Avec la table marée matrice, l’utilisateur peut entrevoir des cratères dans ce béton et entendre, lorsqu’il les effleure, le bruit de la mer. «On vient se poser à table pour se restaurer environ deux fois par jour, c'est le rythme de la marée. Avec la table Marre Matrice, je souhaite instiller un rapport plus tactile et intime avec une table à manger». En faisant glisser la plaque de verre (métaphore de la mer) sur le plan en béton (métaphore de la terre), on alors accès à l'estran : ligne de la mer sur la terre. «Effleurer les ‘cratères’ de cet estran active le bruit de la mer». Dans d’autres déclinaisons, des vagues de lumières viennent interagir avec le son. «Tout cela fonctionne grâce à un système de fibres optiques et de capteurs sonores électroniques, coulés dans le béton», explique Milène Guermont.
Finaliste du concours de sculpture de Noilly Prat, sa dernière création baptisée «Barrel» (La Barrique) sera exposée du 2 au 8 avril au Grand Palais pour Art Paris, l’exposition internationale d’art contemporain. Entre art et design, cette œuvre longue de 60 centimètres «concrétise l’historique de cet alcool transporté autrefois en barriques voguant sur les flots...» Une sorte de voyage intellectuel sur la mer et l’amer, la nature et le béton, qui nous laisse sûrs d’une chose : Milène Guermont n’a pas fini de nous faire rêver.
Découvrez ses créations brevetées
Avant cela, Milène Guermont est passée par Maths Sup-Maths Spé, une étape importante qui l’a aidée à bien comprendre la matière et ses procédés d'élaboration, avant de commencer à créer. Après l'Ecole nationale supérieure d'ingénieurs de Toulouse (Ensiacet), elle part aux Etats Unis, à Brown University,R.I., puis revient en France pour les Mines de Nancy. Un parcours assez complexe car «pour pouvoir appréhender ce qui me semblait essentiel pour créer, j'étais obligée de passer par plusieurs écoles».
Panneaux polysensoriels
Une fois son diplôme des Arts Déco obtenu, Milène Guermont a travaillé à Dubaï, en participant au lancement d’une galerie. Férue d’architecture, l’occasion était surtout prétexte à découvrir les référentiels architecturaux et le luxe des Emirats Arabes vers lesquels «tout le monde a les yeux tournés». Lauréate du concours Matière Grise, elle est appelée à retourner en France. Sur le thème imposé «nature et surface», elle développe un projet entamé dans le cadre de ses études : une table en béton sonore. Déjà présentée au VIA (Valorisation de l’innovation dans l’ameublement) et à la Biennale d’art de Rome, cette première œuvre a été exposée au salon Maison & Objet et constitue le point de départ de sa réflexion.
L’idée des tables en béton sonore, ou «panneaux polysensoriels», est de «mettre la nature dans la maison avec le béton». Ce qui peut sembler paradoxal puisque le béton est plutôt connu pour dénaturer... la nature. «Gris, lourd, froid sont les mots qui viennent à l’esprit des gens quand on leur parle de béton. Mon but était donc de bouleverser les préjugés, en passant de la nature - la planète bleue - au gris de la ville», explique Milène Guermont.
Premiers pas
Pour raconter la genèse de ce projet, il faut remonter au temps où la jeune diplômée d’école d’ingénieur était à Genève afin de développer la «montre du futur» pour la marque Rolex. Profitant de son séjour sur place, elle entame de longues recherches littéraires et iconographiques et rentre en France avec, sous le bras, un gros dossier de photos et citations d’ouvrages sur l’historique du béton. C’est sa rencontre avec Francesco Passaniti qui va provoquer le déclic chez elle. Ce «maître du béton» est connu pour son béton translucide et pour avoir conçu le bureau de Jacques Chirac. «C’est lui qui m’a initiée aux différentes façons de mettre en œuvre le béton. Il m’a dit : ‘il faut que tu touches au béton’. J’ai alors commencé à faire des essais avec des algues coulées dans le béton», explique-t-elle.
Le rythme de la marée
Une des déclinaisons de ses panneaux polysensoriels, le Wavy Carpet, est une feuille de béton rose de 10 millimètres d’épaisseur. «En béton recyclable, celle-ci ressemble à un tapis tant elle est légère et semble voler... Elle renvoie au rythme de la marée, puisque l’on se pose à table au moins deux fois par jour. Entre deux repas, on fait glisser le béton sous la mer», évoque l’artiste. Avec la table marée matrice, l’utilisateur peut entrevoir des cratères dans ce béton et entendre, lorsqu’il les effleure, le bruit de la mer. «On vient se poser à table pour se restaurer environ deux fois par jour, c'est le rythme de la marée. Avec la table Marre Matrice, je souhaite instiller un rapport plus tactile et intime avec une table à manger». En faisant glisser la plaque de verre (métaphore de la mer) sur le plan en béton (métaphore de la terre), on alors accès à l'estran : ligne de la mer sur la terre. «Effleurer les ‘cratères’ de cet estran active le bruit de la mer». Dans d’autres déclinaisons, des vagues de lumières viennent interagir avec le son. «Tout cela fonctionne grâce à un système de fibres optiques et de capteurs sonores électroniques, coulés dans le béton», explique Milène Guermont.
Finaliste du concours de sculpture de Noilly Prat, sa dernière création baptisée «Barrel» (La Barrique) sera exposée du 2 au 8 avril au Grand Palais pour Art Paris, l’exposition internationale d’art contemporain. Entre art et design, cette œuvre longue de 60 centimètres «concrétise l’historique de cet alcool transporté autrefois en barriques voguant sur les flots...» Une sorte de voyage intellectuel sur la mer et l’amer, la nature et le béton, qui nous laisse sûrs d’une chose : Milène Guermont n’a pas fini de nous faire rêver.
Découvrez ses créations brevetées
