ENVIRONNEMENT. Lors d'une conférence en ligne, le géographe Sylvain Pioch a appelé à concevoir les infrastructures maritimes à l'image de la nature, afin de réduire leur impact sur la biodiversité.
Digues, ponts, jetées, expansion de port ou construction d'éoliennes offshores. Les infrastructures maritimes et aménagements nécessitant la construction d'imposantes structures artificielles sous-marines devraient systématiquement être conçues à l'image de la nature. Mieux, ils devraient "mimer l'environnement naturel" dans lequel ils s'insèrent, afin de préserver la faune et la flore. C'est ce qu'a plaidé, le 21 septembre 2021, Sylvain Pioch, géographe à l'Université Montpellier 3.
Jusqu'à présent, explique-t-il, le recours à des matériaux non-adéquats, comme le béton lissé, a souvent favorisé la prolifération d'espèces invasives, algues et éponges notamment. La forme de ces structures est également importante : une digue faite de gros blocs laissant entre eux de larges interstices favorise les prédateurs (poulpes, congres, etc.) et pénalise au contraire les populations juvéniles qui ont besoin de petites cavités, comme dans un environnement naturel, pour se développer en toute sécurité. Aussi, l'utilisation de "béton rugueux" pour la construction d'éléments dont la forme rappellerait les racines entrelacées de la mangrove va à l'inverse créer de nouveaux habitats propices à l'apparition de nouvelles colonies de poissons.
Dans l'ouvrage L'Ecoconception des infrastructures maritimes, qu'il a co-écrit avec Jean-Claude Souche, ingénieur et enseignant chercheur à l'Ecole des mines d'Alès (Gard), il prône ainsi une "nouvelle conception de l'ingénierie maritime". Sa première règle : prendre en compte l'impact écologique des constructions sous-marines et associer dès le départ les populations locales. Alors que "90% de la biodiversité côtière est dans un état défavorable", il estime que "notre mission sur la terre, en tant qu'êtres humains, c'est après tout de prendre soin du vivant, de l'être microscopique à la baleine ».