Une société néerlandaise développe, depuis 2014, un projet de planeur captif dont les mouvements par rapport au vent fourniraient de l'énergie. Evoluant à une altitude de 450 mètres où les courants sont plus puissants, il présenterait une meilleure rentabilité que l'éolien classique. Au point que le géant allemand E.On a signé un partenariat pour lancer un démonstrateur.

L'idée n'est pas nouvelle : pour trouver des régimes de vents plus forts et plus constants, il est nécessaire de s'éloigner du sol. Par ce moyen, des entreprises cherchent à développer des solutions éoliennes plus performantes et rentables. Mais les méthodes divergent : Altareos Energies imaginait des engins gonflables et creux, tandis que Makani Power et Job Energy envisageaient des cerfs-volants porteurs d'hélices. Pour les néerlandais d'Ampyx, il s'agit cette fois de planeurs qui adopteront un plan de vol en 8, reliés au sol par un câble d'u
ne longueur maximale de 900 mètres.

 

Le projet se nomme "Airborne Wind Energy System" pour "système éolien aéroporté" et se destine à capter les vents à une altitude de 465 mètres. Pas question cette fois d'emporter la génératrice dans les airs : ce sont les mouvements du planeur lui-même, qui seront transmis au treuil, via un câble ultrarésistant de 2 cm de section, et qui génèreront de l'électricité au sol. Le système comprend donc un aéronef non piloté et une base assurant le lancement et la récupération de l'engin. En cas de vent trop fort, dépassant les 80 mètres/seconde (soit 288 km/h), qui risque d'endommager l'installation, le treuil le ramène au sol, à la façon d'un gros cerf-volant.

 

Airborne Wind Energy System
Airborne Wind Energy System © Ampyx

 

Les concepteurs estiment que la puissance unitaire sera de 250 kW par machine et que la vitesse de vent idéale sera de 90 km/h. La machine volante mesurera 12 mètres d'envergure (pour autant de mètres carrés de voilure) et 5,6 mètres de long, mais devrait rester légère grâce à l'emploi de matériaux composites. Elle sera revêtue de Teflon afin d'améliorer encore l'écoulement de l'air. Le fuselage double, en epoxy-carbone, ne pèsera par exemple que 55 kg.

 

Des machines légères, plus faciles à déployer

 

Ampyx précise que, dans un premier temps, le ratio de puissance électrique produite par km² d'espace utilisé sera équivalent aux parcs éoliens terrestres dont les turbines sont d'une puissance de 2 à 2,5 MW. "Une fois que nous aurons synchronisé notre système, nous pourrons rapprocher les machines entre elles et le rendement énergétique de nos parcs deviendra alors deux fois plus élevé que les parcs éoliens classiques", assurent-ils. Le coût de déploiement serait infime, par rapport aux lourdes installations fixes, dont les fondations nécessitent des centaines de tonnes de béton et de métal : un planeur représente moins de matériaux qu'une pale d'éolienne.

 

 

Sur la sécurité aérienne ou la résistance face à la foudre, la start-up néerlandaise assure que tous les standards seront respectés par leur solution. Et que s'ils ont choisi une machine rigide plutôt qu'une voile souple type kite-surf, c'est en raison d'une durée de vie bien supérieure, de l'ordre de 20 ans. Des arguments qui ont convaincu E.On, l'énergéticien allemand qui est le deuxième plus important gestionnaire de parcs éoliens au monde : il vient de signer un accord avec Ampyx pour développer un démonstrateur dans l'Atlantique, dans le comté de Mayo (Irlande). Dans un communiqué il explique : "Cette nouvelle technologie a le potentiel de transformer le marché de l'éolien offshore car les machines aériennes sont moins chères à produire et plus simples à entretenir que les turbines classiques. De plus, elles sont aisément déployables dans des zones océaniques profondes, comme celles que l'on rencontre au Portugal, au Japon et aux Etats-Unis". Des marchés potentiels très prometteurs, que la solution disputera à d'autres technologies en cours de développement, telle que l'hydrolienne planante Minesto.

 

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