Philippe Thébaud a redonné vie à un jardin laissé à l'abandon dans la cour d'un immeuble parisien. En retrouvant la trame d'origine, et en la mettant en valeur grâce à des végétaux bien choisis, le paysagiste a créé un lieu de rencontre pour les habitants, illuminé la nuit et verdoyant le jour.
De la jungle sauvage au jardin à la française. Lorsque Philippe Thébaud installe son agence rue de Seine, à Paris, la vue de son bureau s'apparente plus à une friche qu'à un jardin. "Disons qu'il était libre ! Les plantes allaient où bon leur semblait" plaisante l'urbaniste et paysagiste. Il propose à la copropriété de réhabiliter le coin de verdure - et c'est à toute la cour qu'il va redonner vie.
"Ce jardin a dû en voir passer" nous confie Philippe Thébaud. Complètement laissée à l'abandon, la végétation de la cour est redevenue sauvage. Les plantes se croisent et les habitants, eux, ignorent cette partie commune devenue une friche hostile.
Redessiner la trame du jardin
Le paysagiste s'arme de patience pour retrouver la trame originale qui dessinait autrefois le jardin. "Mon envie n'a pas été de repenser la cour de manière contemporaine, nous explique-t-il. Je me suis glissé dans une logique historique". Avec l'aide des Architectes des bâtiments de France, Philippe Thébaud reconstitue le tracé, disparue sous les haies mal taillées, et organise les plantes autour de ce dessin retrouvé.
"Ce jardin, nous l'avons dessiné arbuste par arbuste" nous explique le paysagiste. Au sol, des gravillons clairs soulignent les formes des allées, qui semblent danser autour des plantes. Les végétaux de grande qualité ont été choisis avec une précision d'orfèvre, et proviennent de pépinières de renom. "Je souhaitais que la trame reste bien lisible même l'hiver, j'ai donc opté pour des plantes persistantes, du laurier, du chêne vert, etc." se souvient Philippe Thébaud. Même si la cour est ensoleillée, le paysagiste opte pour des essences d'ombre, comme les hortensias.
La suite de l'article et les photos du jardin, en page 2.
Le jardin, cœur de l'immeuble
Des éléments contemporains ont été ajoutés, comme un bassin à poissons, qui fait aujourd'hui le bonheur des enfants de l'immeuble. Une énigmatique statue, copie d'un centaure en bronze du musée de Vienne, semble régner sur le jardin. Enfin, la cour et ses végétaux sont illuminés par un savant éclairage, conçu par Philippe Thébaud et son équipe Landmark and Light International : "Il permet de montrer la nuit ce que l'on ne voit pas le jour, puisqu'on n'a plus un seul soleil, mais plusieurs !"
Métamorphosé sans être dénaturé, le jardin a redoré le blason de la cour. "Les habitants se sont réapproprié cette partie commune, les enfants viennent y manger leurs goûters et les voisins s'y rencontrent" nous raconte Philippe Thébaud. Surélevé, le jardin peut être contourné ou traversé. Il est surtout redevenu un lien social entre les habitants de l'immeuble. "Les gens s'identifient à ce cœur battant" conclut le paysagiste.
Découvrez les photos du jardin, en pages suivantes.
Jardin rue de Seine - Avant
Le jardin, laissé à l'abandon, était littéralement devenu une jungle dans laquelle les plantes poussaient comme bon leur semblait...
Les haies - Avant
Malgré la pousse désordonnée des végétaux, on devinait encore l'ancien tracé des allées et des haies du jardin.
Haies et allées - Après
Philippe Thébaud et son équipe ont retrouvé la trame originale du jardin, et l'ont rétablie, en recréant les allées et en retaillant les haies.
Le bassin aux poissons
Un bassin et sa petite fontaine, installés au centre du jardin, accueillent des poissons qui font le bonheur des enfants de l'immeuble.
Statue dans le jardin
Au fond, une énigmatique statue ... Elle appartient à Philippe Thébaud ! Pour un autre projet, le paysagiste a fait copier et agrandir une statue de bronze de 17 cm, datant du IIème siècle avant J.C., et exposée dans un musée de Vienne.
Le centaure qui trône aujourd'hui dans le jardin de la rue de Seine est en réalité une copie intermédiaire, que Philippe Thébaud avait gardée en souvenir.
Haies et allées illuminées de nuit
L'illumination savamment installée éclaire d'un oeil nouveau le jardin ! Le bassin, notamment, est contre-éclairé et particulièrement bien mis en valeur.
Jardin rue de Seine vue du dessus - Avant
L'impression de jungle complètement sauvage est accentuée lorsque l'on regardait le jardin du dessus. Le passage qui le contourne, ici à gauche, est presque gêné par la végétation.
Vue du dessus - Après
La trame du jardin est ainsi encore mieux visible. Les gravillons clairs mettent en valeur les allées.
Le passage (ici, à droite) a été dégagé, et permet de contourner le jardin.
Entrée du jardin rue de Seine
L'entrée du jardin est à présent bien délimitée, et l'accès facilité. La cour est devenue le cœur de l'immeuble, lieu de rencontre pour les voisins et de détente pour tous.
Vue du dessus, de nuit
De nuit, les végétaux laissent apparaître un autre profil. Grâce à un grand nombre de lumières, toutes des Led, Philippe Thébaud a su créer un autre jardin, différent de celui de jour.