La veille de la présentation du budget 2004, les professionnels du bâtiment et de l'immobilier redoutent que le secteur du logement ne fasse les frais des économies budgétaires.

Quatre organisations nationales, dont le mouvement des HLM (USH, Union sociale pour l'habitat), ont tiré la sonnette d'alarme. "Quand on voit les contraintes qui pèsent sur le budget 2004 et quand on voit les dépenses qui ont déjà été sanctuarisées, notamment en matière de défense, je crains que le logement ne serve de variable d'ajustement budgétaire", a déclaré ainsi Michel Delebarre, président de l'USH.

Pour Albert Mahé, président de la Fédération des sociétés d'économies mixtes, "il y a un allongement considérable des files d'attente dans les organismes d'aide", notamment à l'Agence nationale pour l'amélioration de l'habitat (Anah), qui a vu ses crédits fondre de 30% cette année.
Le budget de l’Anah est également une grande source d’inquiétude pour la Fédération française du bâtiment (FFB) qui constate que «les crédits ont fortement baissé entre 2000 et 2003, période au cours de laquelle on est passé de 510 à quelque 310 millions après gel et annulation». Pour la FFB, l'annulation de crédits de l'Anah pourrait se traduire par "une baisse de 700 millions de chiffre d'affaires pour le bâtiment, soit l'équivalent de 20 000 emplois directs et indirects perdus".
La Confédération des artisans et des petites entreprises du bâtiment (Capeb) constate de son côté que le gel des crédits 2003 de l’Anah (NDLR : environ 100 millions d’euros) a probablement mis en jeu entre 4 et 5.000 emplois. Mais pour la Capeb, il y a encore plus grave que le gel des crédits de l’Anah. L’organisation patronale s’inquiète davantage de la suppression programmée de la TVA réduite à compter du 31 décembre prochain. Pourtant, rien n’est encore joué et le gouvernement, privilégiant la méthode Coué, a construit son budget 2004 sur la base d’une reconduction pour un an de la TVA à 5,5%.

Autre sujet d’inquiétude pour les professionnels du BTP : l'avenir du prêt à taux zéro (PTZ). "Les mesures prises ces derniers temps ont réduit l'intérêt du prêt pour les particuliers et ont entraîné une baisse du nombre de personnes éligibles", a regretté Christian Baffy, président de la FFB.
D’une manière générale, le représentant des patrons du BTP rappelle que s’il est «conscient des problèmes budgétaires du moment, il ne saurait accepter que le secteur du bâtiment fasse particulièrement les frais de cette rigueur».
Il est pourtant probable que le Logement soit un des nombreux oubliés de ce Budget 2004. Même le ministre en charge du secteur, Gilles de Robien, ne semble guère confiant. Fin août, dans le quotidien Le Figaro, il laissait entendre que son budget serait concerné par les restrictions budgétaires. "Le budget du Logement, comme d'autres secteurs, ne sera pas épargné", écrivait-il.

Même en baisse, ce budget ne devrait toutefois pas comporter que des mauvaises surprises. Agnès Thibault, chef du service économique de la Capeb laisse entendre que parmi leurs revendications, le gouvernement a retenu le principe d’un crédit d’impôt pour les travaux d’accessibilité dans les logements des personnes à mobilité réduite.

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