Dans l'avant-projet de loi de décentralisation, les Conseils d'Architecture, d'Urbanisme et de l'Environnement devaient être intégrés dans un groupement d'intérêt public (GIP). Alertant sur leur survie et la possible disparation de leur mission de service public, les acteurs de l'architecture ont su faire entendre leur voix. Explications.
Il planait depuis quelques jours une menace sur les Conseils d'Architecture, d'Urbanisme et de l'Environnement (CAUE). L'Unsfa, le CNOA, et l'ensemble des CAUE se sont mobilisés en montant au créneau pour défendre ces structures dont les missions sont de former, d'informer et sensibiliser les citoyens, les élus et les professionnels aux sujets de l'aménagement, l'urbanisme, l'architecture.
Un avant-projet de loi de décentralisation et de réforme de l'action publique, encore en discussion au niveau interministériel, proposait d'intégrer, dans l'article 30, les CAUE dans un groupement d'intérêt public (GIP), compétent en matière d'ingénierie publique locale, et rassemblant diverses structures. L'ensemble des acteurs ont craint de voir disparaître les financements de fonctionnement mais pas seulement : "Nous avons été surpris de cette proposition. Les CAUE collaborent déjà avec des services d'ingénierie. Avec ce regroupement, il y avait un risque autour de la mission même de service public des CAUE", nous confiait vendredi Philippe Laurent, vice-président de la Fédération nationale des CAUE. De même, l'Unsfa indiquait la semaine dernière que "la continuité d'une offre de services originale, à la fois culturelle, pédagogique, technique, auprès d'une partie de son public (particuliers candidats à la construction, citoyens, maîtres d'oeuvre, artisans, autres professionnels du cadre de vie, services de l'Etat) ne serait plus assurée" si l'avant-projet passait comme tel. Le syndicat pointait également du doigt une dépendance au GIP qui ôterait toute indépendance aux CAUE dans le débat public. Une idée partagée par Philippe Laurent : "Il n'est pas souhaitable de diluer les CAUE dans un vaste ensemble, dont on peut craindre que les préoccupations de qualité architecturale notamment ne soient pas la priorité". Quant au Conseil national de l'ordre des architectes, il a saisi Romane Sarfati, conseillère pour l'architecture pour lui expliquer ses "très vives inquiétudes".
Mise en réseaux et pédagogie
Il semble que ces voix aient été entendues puisque l'article concernant les CAUE a été retiré de l'avant-projet. Mais la Fédération reste vigilante et prône une mise en réseaux des différents corps de compétences en accord avec les élus et les collectivités locales. Yves Brien, directeur de la Fédération nationale des CAUE, nous explique qu'il "faut poursuivre cette démarche de mise en réseaux et l'adapter à chaque collectivité, communauté de commune etc.". Les CAUE se disent prêts à se mettre autour de la table pour réfléchir à ce qu'il faut faire évoluer dans le contexte de la décentralisation. "Il ne faut pas confondre les maîtres d'œuvre et les maîtres d'ouvrage et nous allons continuer notre travail aux côtés de ces derniers et mieux faire comprendre encore nos missions", conclut le directeur de la Fédération nationale des CAUE.