ÉCOLOGIE. Les mégots sont partout, sur les trottoirs et dans les caniveaux des villes. Ridiculement petits, ils sont pourtant la cause de bien des pollutions. Leur collecte et leur recyclage complexes sont donc des enjeux importants sur lesquels travaillent des entreprises françaises. Zoom.
Chaque minute 8 millions de mégots sont jetés dans le monde, soit 40 milliards par an. Sur ce nombre, les deux-tiers finissent au sol, sur les trottoirs, dans les égouts et donc, dans la nature. Ils représentent le déchet le plus fréquent, et représentent par exemple 40 % de tous les déchets trouvés en Méditerranée. Les mégots concentrent plusieurs milliers de composés chimiques différents, dont des goudrons, nicotine et phénols. Un seul d'entre eux pollue jusqu'à 500 litres d'eau. Et leur durée de vie est particulièrement longue : 15 ans pour se dégrader complètement. Ils constituent donc un véritable problème environnemental.
A l'heure actuelle, un mégot ramassé est enfoui ou incinéré, c'est-à-dire valorisé énergétiquement. Plusieurs entreprises travaillent à des systèmes de collecte citoyenne, destinés à éviter la dissémination de ces déchets. La startup GreenMinded par exemple, développe un cendrier intelligent astucieusement nommé "Borne to Recycle". Cette boîte connectée, qui serait déployée sur les parvis des immeubles de bureaux ou devant les établissements publics (notamment les hôpitaux, où le nombre de mégots est particulièrement élevé compte tenu du niveau de stress et des temps d'attentes pour les familles des patients), communiquera des données intéressantes. Au moyen d'une application mobile dédiée, des fonds seront par exemple reversés à des associations caritatives en fonction de la quantité de mégots collectés. La machine pourra également servir d'outil de sondage, permettant aux clients de donner leur avis sur les lieux fréquentés, à l'occasion de la sacro-sainte "pause clope".
L'upcycling véritable, où le déchet devient richesse
D'autres sociétés planchent, elles-aussi, sur la mise en place d'un véritable circuit de traitement des mégots. TerraCycle notamment, propose aux municipalités de déployer des cendriers plus rudimentaires, fixés aux mâts de réverbères et nommés "Boîte Zéro Déchet". Leur enlèvement est planifié et ils sont envoyés directement à la société qui se chargera de valoriser le contenu. Mais que deviennent ces mégots ? L'entreprise annonce : "Les déchets collectés sont séparés, soit mécaniquement, soit manuellement, en fonction des tissus, métaux, fibres, plastiques et matières organiques. Les tissus sont réutilisés, upcyclés ou recyclés selon leurs précédentes utilisation. Les métaux sont fondus de façon à être réutilisés. Les fibres et matières organiques sont recyclées ou composées. Les plastiques sont extrudés puis transformés en granulés qui sont utilisés dans la fabrication de produits recyclés". Mais attention, TerraCycle précise n'accepter que les mégots de cigares et cigarettes, l'emballage plastique des paquets, la feuille d'aluminium contenue dans le paquet et les déchets comme les filtres, cendres et papier à rouler. En revanche, la firme refusera les emballages carton des paquets, "étant donné qu'une filière de recyclage de carton existe déjà". Elle n'acceptera pas non plus les mégots qui ont été immergés dans un liquide (donc ceux tombés dans une flaque puis ramassés ?). ÉcoMégot développe elle aussi des partenariats avec des collectivités locales pour créer des espaces "Zéro Mégot", notamment à Bordeaux où 200 points de collecte ont été déployés.
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Plus aboutie encore est l'initiative MéGO! Qui apporte une solution complète pour les entreprises, associations et municipalités. Elle met en place un service de tri et de recyclage des filtres usagés, là encore par le biais d'un mobilier urbain spécifique. Cette fois, les cendriers sont vidés par des équipes de la société et un réseau national de collecteurs. Une fois dépollués de leurs composés chimiques, les mégots sont ensuite transformés en matière plastique thermo-compressée à base de cellulose. Les plaques rigides obtenues peuvent être découpées aux dimensions souhaitées pour constituer des palettes, des pots à crayons ou des règles. Les déchets deviennent donc une ressource valorisée, dont la seconde vie sera, normalement, moins nocive que la première. Une sorte de rédemption.