SURCOÛT. Un avis publié, ce jeudi 4 octobre 2018, par l'autorité de la concurrence révèle un grand écart sur les coûts des matériaux de construction entre la métropole et les îles de Mayotte et de la Réunion (respectivement 35 % et 39 %). Précisions.
L'Autorité de la concurrence a publié, ce jeudi 4 octobre 2018, un avis relevant une forte différence des prix des matériaux de construction entre Mayotte, l'île de la Réunion et la métropole. Saisie par le ministère de l'Économie et des Finances dans le cadre de "la lutte contre la vie chère", l'autorité a relevé une différence de coûts moyenne de 35 % à Mayotte et 39 % à la Réunion par rapport à la métropole, soit un écart bien plus important que celui constaté pour le niveau général des prix, estimé à + 7 %. Parmi les produits comparés, ceux où l'écart est le plus important sont les treillis soudés (+ 300 %), l'enduit (+ 250 %), les tôles de toiture (+ 200 %) et le bois de coffrage (+ 200 %). Le coût du ciment à la Réunion est, quant à lui, 50 % plus cher qu'en métropole, tandis que celui du bois est plus élevé de 60 %.
Réadapter le marché aux contraintes locales
Selon l'Autorité de la concurrence, la petite taille des marchés et l'éloignement des sources d'approvisionnement expliquent une différence de prix, mais pas un écart si important. Afin de le justifier, l'autorité donne plusieurs raisons. Tout d'abord, "le transport et le stockage, des postes de coûts importants". En effet, la majorité des matériaux sont importés vers les départements d'outre-mer, représentant une part importante du coût. De plus, une fois sur place, les soucis de foncier créent une différence de loyers de locaux (25 €/m² à Mayotte contre 7-10 €/m² en petite couronne parisienne). Ensuite, "des normes inadaptées aux spécificités outre-mer" : l'enquête menée à Mayotte et à la Réunion arrive à la conclusion que les normes imposées sont trop inadaptées par rapport aux contraintes techniques des chantiers et aux habitudes de vie des habitants. De plus, les matériaux importés doivent obtenir des certifications de l'Union Européenne (CE ou NF). Enfin, troisième raison, les marchés sont très concentrés autour de groupes intégrés. L'autorité explique qu'un nombre restreint d'acteurs opèrent à Mayotte et à la Réunion, "situation qui ne prédispose pas à une vive animation concurrentielle du marché et rend difficile l'accroissement des parts de marché des concurrents", précise-t'elle.
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A la suite de l'enquête, l'Autorité de la concurrence présente des recommandations afin de réduire cette différence de prix. Dans un premier temps, elle propose des éléments pour simplifier la normalisation et la certification, "en adaptant les normes aux contraintes locales et en facilitant la certification par équivalence et la certification sur place". Dans un deuxième temps, l'autorité recommande d'agir sur la structure du marché selon plusieurs axes : "Faire entrer de nouveaux acteurs et renforcer les petits opérateurs ; mutualiser les espaces de stockage et d'achat de matériaux, mettre en place une filière d'importation directe de ciment depuis l'île Maurice ; et favoriser le développement des filières locales de matériaux". Enfin, la dernière prescription de l'Autorité de la concurrence consiste à "favoriser une meilleure information sur la formation des prix en améliorant la transparence sur les coûts et les prix et développer l'information statistique".