Le chantier du MuCEM, à Marseille, ne se résume pas aux deux édifices du Port ! Dans le quartier de la Belle de Mai, se dresse le bâtiment du Centre de conservation et de ressources, un monolithe de béton rugueux et ocre, entaillé de puits de lumière, imaginé par Corinne Vezzoni et André Jollivet. Visite d'un lieu mystérieux qui dévoile quelques uns de ses secrets.
Le stade Vélodrome, les Docks, la semi-piétonisation complète du Vieux-Port... Marseille est devenue un chantier à ciel ouvert. Le port, avec la construction du CeReM et de la tour H99 notamment, est l'une des zones qui subit les plus spectaculaires changements. Plus discret, mais tout aussi imposant, un autre bâtiment se cache un peu plus haut, dans le quartier de la Belle de Mai, tout près de la gare Saint-Charles : celui du Centre de conservation et de ressources (CCR) du Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée (MuCEM).
Pas moins de 40.000 m² sur trois sites constitueront le MuCEM : le musée en lui-même, construit sur l'ancien môle portuaire J4 par l'architecte Rudy Ricciotti ; le Fort Saint-Jean, figure de proue de Marseille, auquel on accèdera par une passerelle survolant la mer ; et enfin, le CCR, "l'envers du décor", nous confie Corinne Vezzoni, l'une des architectes du projet.
Conservation, consultation, culture
Installé sur un ancien terrain militaire d'1,2 hectare, le CCR est construit sous la forme d'un partenariat public-privé, entre le Ministère de la Culture et Icade. "D'ici octobre 2012, il accueillera 250.000 articles transférés du musée des Arts et Traditions populaires de Paris, fermé depuis 2005", nous explique Bruno Suzarelli, directeur du MuCEM.
Si son rôle est avant tout d'être la réserve du musée, le CCR accueillera aussi bien des chercheurs et étudiants que le grand public. "Une salle de travail a été prévue, pour consulter les collections et la base de documentation du MuCEM", précise Bruno Suzarelli. Un ancien bâtiment de la caserne sera rénové en studios, pour accueillir les scientifiques et commissaires d'exposition de passage.
Un cube de béton entaillé baigné de lumière
"Nous sommes restés assez méditerranéens dans nos dessins", nous avoue Corinne Vezzoni. Le monolithe arbore, en effet, une couleur ocre chaude et naturelle. "Le béton n'a pas été pigmenté dans la bétonneuse, pour ne pas obtenir une coloration trop uniforme, explique l'architecte. Les pigments ont été saupoudrés dans la toupie". Quant aux trous d'étrésillons sur la façade, ils sont comblés par des leds, alternant avec des cabochons réalisés à la main en terre cuite, et estampillés "CCR MuCEM 2013" !
Un édifice introverti
Chaque ouverture, terrasse, baie vitrée ou entaille dans la façade, agit comme un puits de lumière. L'îlot au cœur du bâtiment, les galeries d'exposition, les salles de travail et les espaces de consultation des collections sont ainsi baignées du soleil marseillais.
Plus bas, à l'inverse, les pièces de stockage, aux plafonds très élevés et aux sols ultra-solides, et la chambre d'anoxie (qui permet de décontaminer les objets) participent à la bonne conservation des collections - et au secret de l'édifice. Seules les installations techniques, apparentes au plafond de certaines salles, laissent deviner la complexité du traitement de l'air, et la surveillance hygrométrique indispensable pour la protection des œuvres.
Découvrez les photos du chantier du Centre de conservation et de ressources du Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée (MuCEM) en pages suivantes.
Vue aérienne du projet
Le CCR apparaît comme un cube, posé dans le quartier de la Belle de Mai, près de la gare Saint-Charles.
Un bloc de béton entaillé
Ce monolithe de béton est entaillé en son coeur, et laisse apparaître des faces en béton lisse blanc.
Pigmentation du béton brut
Bien avancé, le chantier dévoile la véritable couleur du béton, teinté dans la masse à l'aide de pigments ocres.
Cabochons en terre cuite
Pour couvrir les trous d'étrésillons de la façade, Corinne Vezzoni a réalisé des cabochons de terre cuite, estampillés "CCR MuCEM 2013". Ils alternent avec des Leds discrètes.
Entailles dans la façade
La façade du CCR est entaillée sur tous ses côtés, par des ouvertures aux formes géométriques originales.
Des ouvertures nombreuses
Ces nombreuses ouvertures sont autant de puits de lumière, qui apportent un éclairage naturel et efficace, notamment pour les salles de travail et de consultation.
Coursive et lumière
Dès l'entrée, on aperçoit une coursive de circulation. Dans les couloirs et dédales du bâtiment, la lumière s'engouffre partout !
Un îlot de verre
Au cœur du bâtiment, au niveau de l'accueil du public, un îlot de verre apporte de la lumière à l'étage.
Balcons et terrasses blancs
Aux étages supérieurs, de nombreux balcons et terrasses s'ouvrent sur le cœur de l'édifice. Le blanc du béton lisse contraste alors avec le béton brut de la façade.
De nombreuses baies vitrées
Les nombreuses baies vitrées du bâtiment permettent d'éclairer naturellement les pièces destinées à accueillir les chercheurs et étudiants, ainsi que le grand public de manière ponctuelle.
Jeux de niveaux et bâtiments annexes
Le bâtiment, aménagé sur trois étages, affiche des jeux de niveaux, comme des entailles dans ce bloc de pierre.
Au fond, on devine un ancien bâtiment de la caserne, qui sera réaménagé pour accueillir les chercheurs et commissaires d'exposition de passage.
Des conduits techniques pour une bonne conservation
Pour la bonne conservation des oeuvres, la surveillance de la température et de l'hygrométrie est essentielle. L'aération a été optimisée, et l'humidité régulée, en témoignent les conduits techniques apparents.
Maîtrise d'œuvre : Corinne Vezzoni et associés / Agence AURA (André Jollivet).
Maîtrise d'ouvrage : EMOC (établissement public de maîtrise d'ouvrage des travaux culturels) du Ministère de la culture et de la communication, Icade.
Construction : Eiffage
Surfaces : 13.199 m² SHON, 17.747 m² SHOB
Coût prévisionnel : 13,2 millions d'euros HT
Coût des travaux : 15 millions d'euros HT, soit 1.150 euros/m²
Livraison prévue : automne 2012