EFFONDREMENT. Ce lundi 5 novembre au matin, deux immeubles d'habitation se sont effondrés en plein centre-ville de Marseille. Le bilan humain pourrait être lourd. Les autorités locales avaient déjà engagé une procédure contre ces édifices extrêmement vétustes. Julien Denormandie, ministre du Logement, s'est rendu sur place, pendant que le procureur de la République de Marseille a saisi la police judiciaire.

Ce lundi 5 novembre vers 9h, deux immeubles d'habitation de 4 à 5 étages "aux façades largement fissurées" se sont soudainement effondrés rue d'Aubagne, dans le 1er arrondissement de Marseille. Selon nos confrères de France 3 Provence-Alpes-Côte d'Azur, des riverains auraient entendu "un gros boum" (une version contestée par d'autres habitants du quartier) et aperçu "un grand nuage de fumée" lors de l'écroulement des deux bâtiments.

 

Huit personnes "disparues"

 

Le bilan humain pourrait être lourd puisque lundi soir, dans la soirée, le Gouvernement évoquait plusieurs personnes disparues, nous informe l'AFP. "Huit personnes auraient été susceptibles de se trouver dans l'immeuble", a ainsi déclaré le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner arrivé sur place, se disant "peu optimiste face à la situation". "Deux passants seraient susceptibles d'avoir été emportés dans l'effondrement", a-t-il ajouté. "Nous sommes dans l'inquiétude pour ces huit personnes", a encore dit M. Castaner. Il y a "peu de chance que l'on puisse trouver des poches de survie, en s'effondrant un troisième immeuble (tombé en fin d'après-midi, NDLR) a écrasé les gravats des deux premiers".

 

En visite à Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle), le président de la République, Emmanuel Macron a fait part dans la soirée de "l'affection et la solidarité de la nation toute entière", rapporte également l'AFP.

 

Chiens et drones pour inspecter les débris

 

Dès la matinée, les secours ont déployé des policiers, un bataillon de 85 marins-pompiers et une vingtaine de véhicules sur place, avant de boucler le secteur. D'après le compte Twitter des pompiers des Bouches-du-Rhône, une unité spécialisée dans les opérations de sauvetage et de déblaiement est arrivée sur place et a engagé des chiens ainsi que des drones pour inspecter les débris.

 


 

 

Julien Denormandie, ministre du Logement, s'est dépêché sur les lieux dans l'après-midi du lundi. Il avait alors affirmé auprès de BFM-TV qu'il ne pouvait pas encore dire si des personnes étaient prises sous les décombres ou non. "Nous faisons tout ce que nous pouvons pour apporter de l'aide et du secours. C'est une course contre la montre qui s'opère. La priorité est de sécuriser le site pour nos forces de secours, car un troisième immeuble menace de s'effondrer. Nous pourrons ensuite enlever les décombres encore plus rapidement et voir s'il y a des poches de survie."

 

Un des deux immeubles faisait l'objet d'un arrêté de péril depuis "une dizaine de jours"

 

Ce drame n'est pas une surprise pour certains habitants de la rue d'Aubagne : "J'ai alerté la mairie de secteur il y a deux mois que ça allait s'effondrer, rien n'a été fait", indique Guylaine Idoux, jointe au téléphone par France 3 PACA. Les édifices étaient visiblement très vétustes, et plusieurs témoins ont rapporté qu'ils avaient été évacués et même murés il y a une quinzaine de jours. Cependant, les habitants seraient revenus, et certains craignent également que des squatteurs n'occupaient les lieux. Les secours ont précisé à l'Agence France Presse qu'une douzaine de personnes pourraient résider à cette adresse. D'après l'AFP, les pompiers ont confirmé que 9 appartements étaient habités au 65 rue d'Aubagne. Julien Ruas, adjoint au maire de Marseille et responsable du bataillon de marins-pompiers, a par ailleurs souligné que l'un des deux immeubles faisait l'objet d'un arrêté de péril depuis "une dizaine de jours", après la découverte d'une "difficulté sur une cloison au 1er étage".

 

Capture d\'écran effondrement Aubagne Marseille
"J'ai alerté la mairie de secteur il y a deux mois que ça allait s'effondrer, rien n'a été fait", indique Guylaine Idoux, jointe au téléphone par France 3 PACA. Les édifices étaient visiblement très vétustes, et plusieurs témoins ont rapporté qu'ils avaient été évacués et même murés il y a une quinzaine de jours. Julien Ruas, adjoint au maire de Marseille et responsable du bataillon de marins-pompiers, a par ailleurs souligné que l'un des deux immeubles faisait l'objet d'un arrêté de péril depuis "une dizaine de jours", après la découverte d'une "difficulté sur une cloison au 1er étage". © Google Street View

 

C'est à la suite de cette décision administrative que les habitants avaient été évacués. Le n°63 était certes "fermé", mais "on doit voir s'il y a des gens sous les décombres du 65 rue d'Aubagne", a-t-il ajouté. Les autorités ont procédé à l'évacuation "[des] quelque dizaines de personnes habitant dans les deux immeubles voisins", a aussi indiqué à l'AFP Philippe Bianchi, porte-parole de la police. D'après les secours présents sur place, les deux bâtiments attenants seraient effectivement "fragilisés". "Structurellement, les immeubles à Marseille se tiennent les uns avec les autres donc on ne veut pas prendre de risque et on fait évacuer cet îlot", a complété Julien Ruas.

 

"Notre souci c'est de savoir s'il y a des habitants sous les décombres ou même des passants qui auraient été emportés au moment où l'immeuble s'est effondré", a déclaré pour sa part Jean-Claude Gaudin, le maire LR de la cité phocéenne, parlant d'un accident "gravissime". Le préfet de région Pierre Dartout a commenté : "Nous sommes sur une opération très délicate, il y a beaucoup de gravats sur la voie publique, notamment des voitures qui ont été ensevelies".

 


 

"Un immeuble insalubre comme il y en a beaucoup à Noailles"

 

Ludovic, un riverain qui habite face au 63, a déclaré que les occupants des deux édifices effondrés étaient "des gens pauvres, c'était un immeuble insalubre comme il y en a beaucoup à Noailles [le quartier de Marseille où se trouve la rue d'Aubagne, NDLR]". "La semaine dernière, les pompiers étaient venus et avaient bloqué la rue pendant deux heures à cause du risque d'effondrement mais ensuite il ne s'était rien passé du tout", a-t-il précisé. Alexis Bonetto, un propriétaire d'un appartement du 1er étage du n°65, a pour sa part affirmé à l'AFP que "des travaux étaient prévus cette semaine", précisant : "Nous étions inquiets depuis 2-3 jours. Il y a eu un petit mouvement de terrain dans le weekend et du coup la porte d'entrée avait du mal à fermer. C'était un immeuble ancien, construit il y a 200 ans, mais pas insalubre. Il avait été remis aux normes."

 

L'opposition pointe "les échecs de la politique de l'habitat et du centre-ville"

 

Les réactions politiques n'ont évidemment pas tardé. Samia Ghali, sénatrice socialiste des Bouches-du-Rhône, a taclé la municipalité LR sur son compte Twitter : "Derrière la carte postale idyllique on mesure une fois de trop les échecs de la politique de l'habitat et du centre-ville". De son côté, Jean-Luc Mélenchon, leader de la France Insoumise et député de ce secteur marseillais, a annoncé qu'il annulait "tous ses rendez-vous parisiens" et qu'il serait à 16h "aux côtés des habitants".

 


"Tout cela sent l'odeur de la désinvolture et de l'indifférence à la pauvreté"

 

"J'avais fait la proposition que soient délivrés des permis de louer car il n'est pas normal que des gens louent des taudis à des familles", a-t-il rappelé, interrogé par BFM-TV. "Tout cela sent l'odeur de la désinvolture et de l'indifférence à la pauvreté. Car des situations comme celle-là, je vous en montre cent en France. La raison ? Il n'y a pas de politique de l'habitat pour les personnes pauvres, les milieux populaires. Et ce ne sont pas les dernières lois adoptées, avec la vente à la découpe d'appartements HLM [il fait ici référence à la loi Elan, NDLR], qui vont arranger les choses", a ajouté le meneur de la France Insoumise.

 


 

Dans tous les cas, les raisons de l'effondrement ne sont pour l'heure pas connues. Le procureur de la République de Marseille, Xavier Tarabeux, a saisi la police judiciaire d'une enquête sur le drame.

 

La municipalité de Marseille a fourni plus de détails dans l'après-midi sur son compte Twitter :

 


 

En outre, la mairie livre une première explication possible :

 


 


 

Une vidéo du bataillon de Marins-Pompiers de Marseille dépêché sur place montre l'ampleur des dégâts :

 


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