La CCI de Reims a proposé pas moins de trois sites marnais pour la mise en place de la 3e plate-forme aéroportuaire francilienne, afin de répondre, selon des hiérarchies différentes, aux critères imposés par la DUCSAI (Démarche d'utilité concertée pour un site aéroportuaire international).

Les trois propositions, présentées mardi matin par M. François Cravoisier, président de la Chambre de Commerce et d'Industrie de Reims et Epernay (CCIRE) sont, selon lui, "destinées à défendre la Marne comme terre d'accueil" (...), à rassembler pas à diviser".

En plus de la plate-forme de fret de Vatry, à 15 km au sud de Châlons-en-Champagne, défendue par le Conseil général et son président M. Albert Vecten, la CCI a proposé un site "Reims-Grande-Loge", à 10 km au nord de Châlons, et un site "Reims-Bertaucry", près de Bazancourt, à 15 km au nord de Reims.

De manière un peu schématique, Vatry répond aux critères par sa pré-existence et le faible nombre d'habitants dans la zone d'emprise directe aéroportuaire, mais reste un peu loin de Paris, par autoroute ou TGV. Il permettrait de développer d'abord la zone Châlons-Troyes.
"Reims-Grande-Loge" se situe à un carrefour routier nord-sud-est-ouest, plus proche de Paris par voie ferroviaire et développerait le "coeur de Champagne" Reims-Epernay-Châlons.

"Reims-Bertaucry", sur l'A26, plus proche de Roissy ferroviairement, permettrait un développement du grand Est parisien, dans une perspective nord-est européenne, via les Ardennes.

Soulignant les retombées économiques énormes que représente un aéroport "à 10 ou 15 ans", la CCI de Reims s'est déclarée consciente des nuisances "inévitables" (bruit, pollution) que représente ce type d'équipement. "Ce type d'équipement, tout le monde le souhaite, mais personne n'en veut", a ainsi déclaré M. Cravoisier.

Ces propositions, qui remettent "en selle" un site "nord-rémois" et ses retombées sur l'Aisne et les Ardennes, avec un regard appuyé vers le nord-est (Benelux, Allemagne), relancent en fait les vieilles rivalités Reims-Châlons-Troyes.


Querelles de clochers pour tours de contrôle

Troyes et Reims se sont opposées depuis le Moyen-Age pour être la "capitale" de la Champagne. La Révolution a donné la préfecture à Châlons la républicaine, pour "diminuer" Reims qui avait "sacré" tous les capétiens.

La CCI se défend de céder à ces batailles de clochers encore vivaces. Il faut toutefois noter qu'à part l'appui consulaire ardennais, Reims fait un peu "chambre à part", par rapport à Vatry qui reçoit les appuis consulaires de Champagne-Ardenne, Châlons (Marne), Troyes (Aube) et Saint-Dizier (Haute-Marne).

L'impression un peu "clochemerlesque" est encore renforcée mardi par une déclaration du maire de Reims, M. Jean-Louis Schneiter (DVD), "pas très chaud pour Vatry (...) qui ne servira pas beaucoup les intérêts de Reims".

Sur le plan des nuisances, les trois sites sont à peu près équivalents, puisque les populations comprises dans un rectangle de 70 km sur 10, dans l'axe des pistes, est de l'ordre de 20.000 personnes dans les trois cas.

Les maires du Nord de Reims sont d'ailleurs venus exprimer leur inquiétude devant ces "nuisances" pendant la conférence de presse de la CCI, mais sont repartis ébranlés par l'argumentation "raisonnée et raisonnable" des responsables économiques.

Le message reste: la Marne, -dont le principal concurrent est aujourd'hui Montdidier (Somme), selon M. Cravoisier-, veut le troisième aéroport plutôt trois fois qu'une.

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