Lors de sa visite à Batimat, Marie-Noëlle Lienemann secrétaire d'Etat au Logement a souhaité rappeler son engagement en faveur du bois dans la construction dont elle défendra le dossier, le 5 décembre prochain, à l'occasion d'un conseil des ministres qui portera notamment sur l'habitat durable. Une occasion pour Batiactu de faire le point sur ce marché qui ne représente que 10% de la valeur des matériaux bruts consommés par le secteur du BTP.

Jeudi 8 novembre, Marie-Noëlle Lienemann secrétaire d'Etat au Logement et Jean Lardin président de la Capeb se sont arrêtés sur le stand du Comité national pour le développement du bois (CNDB). Par ce geste, ainsi qu'à travers ses propos, la secrétaire d'Etat au Logement a souhaité rappeler l'intérêt du bois dans la construction, notamment pour ses qualités environnementales.

Le bâtiment et les travaux publics constituent le marché le plus important pour les sciages et les dérivés du bois. En effet, ce secteur d'activité absorbe 60 % des débouchés de la scierie toutes essences confondues. En France, le matériau bois et ses dérivés ne représentent que 10 % de la valeur des matériaux bruts consommés par le secteur du BTP. Comparativement, ce taux est de 15 % en Allemagne et près de 35 % en Amérique du Nord et en Scandinavie.

Cette situation devrait toutefois évoluer. Le 28 mars 2001, Mr Glavany ministre de l'Agriculture, Mme Voynet ministre de l'Environnement et Mme Lienemann secrétaire d'Etat au Logement ont signé, avec les principales organisations professionnelles participant à l'acte de construire et de la filière bois, la charte Bois Construction Environnement. Les signataires fondateurs de la présente charte déclarent souscrire à l'objectif quantitatif d'un accroissement de la part de marché du bois dans la construction à l'horizon 2010, laquelle, passant d'environ 10 % à 12,5 % conduira à réduire approximativement de sept millions de tonnes par an en moyenne la présence de CO2 dans l'atmosphère, soit 14 % de l'objectif national de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Cet accroissement de la part du bois dans la construction entraînera une consommation de quatre millions de m3 supplémentaires de bois. La prise de conscience environnementale actuelle, des acteurs de la construction et de tous les citoyens, contrbuera certainement dans les prochaines années à utiliser davantage le matériau bois.

La France dispose d'atouts considérables. Aujourd'hui avec plus de 16 millions d'hectares en métropole et un accroissement annuel de 30 000 hectares, la forêt occupe 29 pour cent du territoire métropolitain. La forêt française se place au troisième rang de l'Union européenne, derrière la Suède et la Finlande, mais devant l'Allemagne. Contrairement aux Pays Scandinaves, essentiellement producteurs de résineux (pin, épicéa, sapin), avec 136 essences d'arbres, la forêt française métropolitaine dispose des peuplements les plus diversifiés d'Europe.

Des panneaux dérivés du bois qui concurrencent le massif

Le secteur de la seconde transformation du bois regroupe les entreprises qui consomment les matières premières de la 1ère transformation, les sciages et les panneaux dérivés du bois.
Les industries des panneaux dérivés du bois (panneaux de particules, OSB, contreplaqués, fibres...) réalisent 10,6 milliards de francs de chiffre d'affaires. Secteur industriel très capitalistique, il regroupe 76 entreprises employant 9 000 salariés (27 de ces entreprises ont plus de 100 employés). Le secteur des panneaux est aussi le plus industrialisé du secteur bois-construction (Source Sessi 2000).
Notons que la production française se situe au 3ème rang européen derrière l'Allemagne (29 pour cent) et l'Italie (18 pour cent). Le bâtiment en consomme la moitié.

Composé d'une quinzaine d'entreprises de taille moyenne, le secteur du contreplaqué en France a une production annuelle stable de plus de 500 000 m3, pour plus de 2.000 emplois salariés. Plus de la moitié de cette production est vendue à l'export, le taux de couverture est équilibré. Le chiffre d'affaires est estimé à deux milliards de francs, ce qui le place au second rang européen (Source : Sessi).

En ce qui concerne les panneaux de particules - panneaux de particules standard, panneaux à liants minéraux (type fibragglo) et panneaux à lamelles orientées (dit " OSB " Oriented Strand Board) - les quantités livrées ont progressé de 25 pour cent entre 1994 et 1999.
Notons que le panneau de particules standard régresse au profit des panneaux surfacés mélaminés, pour lesquels ce secteur investit considérablement.
C'est ainsi que le groupe Isoroy investit 600 millions de francs à Lure pour quadrupler sa capacité de production en Haute-Saône. Avec cette nouvelle ligne, il vise une capacité annuelle de 460 000 m3). Par ailleurs, il s'équipe d'une nouvelle presse à mélaminer pour revêtir les panneaux de papier-décor pour doubler sa capacité. Darbo Médiland investit 225 millions de francs et Egger-Rol 35 milliards de francs dans les Landes ou encore l'investissement de 60 MF de Depalor, leader français du panneau de particules surfacé mélaminé.

En matière d'OSB, la France s'est équipée tardivement en unités de production. Depuis un an, la nouvelle usine Kronospan à Sully sur Loire (capacité de 300.000 m3) bouscule le marché français entraînant une forte baisse de prix de l'OSB et une concurrence accrue à l'égard des contreplaqués en résineux.

Les panneaux de fibres et notamment les panneaux de fibres de moyenne densité (MDF) progressent bien à tel point que le MDF prend des parts de marché au bois massif et au panneau de particules, en particulier dans les travaux d'agencement et de menuiserie, grâce à sa structure interne très homogène et fine qui permet l'usinage des chants et une finition directe sans préparation intermédiaire. Les livraisons ont augmenté de 40 pour cent sur les 5 dernières années. La production représente 50.000 milliers de m2 en 1999 (Sessi).

L'augmentation des capacités de production en OSB, panneaux de particules et MDF permet de consommer les produits connexes des scieries et les sous-produits de l'exploitation forestière. Par ailleurs, en améliorant le débouché économique des arbres de qualité insuffisante et des produits connexes, l'industrie du panneau en favorisant leur écoulement, contribue à l'équilibre écologique et économique de la filière bois ; elle facilite de plus l'émergence d'une ressource de bois d'œuvre de qualité.

La menuiserie bois doit lutter contre une très forte concurrence des autres matériaux

Pour ce marché, une centaine d'entreprises consomment 830.000 m3 grumes (55 pour cent exotiques, 35 pour cent bois métropolitains, 10 pour cent de résineux d'importation).

Pour les fenêtres, portes-fenêtres et portes d'entrée, après une année 2000 exceptionnelle (1.550.000 fenêtres en bois), la menuiserie bois enregistre un fléchissement de ses livraisons sur le premier semestre 2001 (SESSI 2001). Dans un marché de 7,9 millions d'unités en 2000 (en croissance de 5 pour cent par rapport à 1999), la part de marché du bois se stabilise à 23 pour cent. La concurrence des autres matériaux (PVC, acier pour les portes d'entrée, ...) demeure très vive mais le bois demeure prépondérant dans la maison individuelle (neuf et rénovation). (source : SESSI et SNFMI).

Pour la première fois depuis plusieurs années, le marché européen de la fenêtre (tous matériaux confondus) est en légère régression (-1 pour cent en valeur), essentiellement au sein de l'Allemagne, l'Autriche et la Suisse (source : InterConnexion 2001).

Les principaux industriels français ont engagé une action de promotion de la fenêtre bois auprès du grand public avec la marque " NF Nouvelle Fenêtre en Bois " (29 points de contrôle).

La production de portes planes a progressé de 4 pour cent en 2000 (6 100 000 vantaux fabriqués en 2000) et connaît au cours du premier semestre 2001 une baisse de 2 pour cent. La concurrence s'accentue avec les portes postformées (panneaux de fibres moulés) (SESSI 2001).

Autre débouché du bois dans la menuiserie : l'agencement. Environ 400 entreprises réalisent 80 pour cent des 3 à 4 milliards de francs de chiffre d'affaires de la profession.

Parquets et revêtement de sol stratifiés ont le vent en poupe

En France comme dans tous les pays européens, les sols textiles reculent au profit des parquets et des revêtements de sol stratifiés et mélaminés (13 pour cent en 2000 contre 4 pour cent une quinzaine d'années auparavant).

La production française de parquets feuillus a diminué de 8,8 pour cent (source FEP 2000). Le démarrage récent de nouvelles unités de production en Europe centrale et orientale provoque une surcapacité. Ce secteur d'activité est confronté à une forte concurrence européenne.

La consommation française de parquets feuillus (7,6 millions de m2) progresse de plus de 6 pour cent en 2000. Il faut ajouter les ventes de parquets en pin maritime (3,3 millions de m2), sapin et pin du Nord. Ces parquets sont essentiellement destinés à la rénovation dans l'habitation individuelle.

Le chêne représente 64 pour cent de la consommation française des parquets feuillus, suivi du châtaignier, du hêtre et des bois exotiques. Le parquet mosaïque est en baisse (12 pour cent des ventes) et le contre-collé largement majoritaire (65 pour cent).

La consommation française des revêtements de sols stratifiés (et mélaminés) de 27 millions de m2 enregistre une forte progression de + 30 pour cent (après 25 pour cent en 1999), accompagnée d'une baisse du prix moyen du fait d'une concurrence européenne accrue.

Les importations du Nord de l'Europe dominent le marché français. Les stratifiés à assemblage clipsable (qui facilite la pose par les particuliers) représenteraient déjà en France 30 pour cent du marché (source : EPLF 2001).

Ces revêtements de sols stratifiés sont destinés essentiellement aux sols des commerces, bureaux et collectivités, le secteur résidentiel ne représente que 20 pour cent du marché.

Le montant des projets d'investissement en cours dans le secteur des parquets et des revêtements de sols en bois en France s'élève à plus de 150 millions de francs (Parquets Marty, Lemoine, Forbo, Alsapan, SRC Parquets).

EPI (Espace Production International) est leader des mélaminés en France avec 35 pour cent de parts de marché. Cette société alsacienne, créée en 1995, produit aujourd'hui plus de 18 millions de m2.

Le secteur de la charpente de plus en plus concentré

5.000 artisans et entreprises de charpente emploient 15 000 salariés et réalisent un chiffre d'affaires de plus de sept milliards de francs dans les travaux de charpente, de lamellé-collé et de construction de structures en bois (Source : Sycodès).
Au plus fort de la crise du bâtiment en 1994, jusqu'à l'année 2000, le nombre d'entreprises artisanale de charpente a progressé régulièrement. On en compte 4.111, soit une progression de 72 pour cent en sept ans (source : INSEE, RIM-SIRENE 2001).

Par ailleurs, une centaine d'entreprises produit près de trois millions de fermes industrialisées. Elle emploie 2.000 salariés pour un chiffre d'affaires de 1,4 milliards de francs (en progression en 2000). Les fermes industrialisées équipent 63 pour cent des constructions individuelles.

Ces dernières années, on observe des regroupements d'entreprises. Le développement des centres d'usinage à commande numérique couplés au logiciel de DAO (pour la taille des assemblages) favorise l'émergence de charpente traditionnelle industrialisée.
Une part importante des sciages utilisés dans ce secteur est importée d'Allemagne.

Parmi les produits au fort potentiel : la poutre bois en I. Le secteur des poutres en I est très récent, et connaîtra probablement dans les prochaines années une croissance forte. Avec des procédés différents, une quarantaine d'entreprises françaises occupe le marché, auxquelles il faut ajouter les importations qui représentent presque 20 pour cent.

De son côté, la production de pièces de charpentes en bois lamellé collé est stable depuis trois ans à environ 145.000 m3. Une quinzaine d'entreprises assure 80 pour cent de cette production. Cette industrie emploie du personnel très qualifié en bureaux d'étude. Ces dernières années, les entreprises (1.500 salariés) ont réalisé de nombreux investissements dans l'acquisition de centres d'usinage à commande numérique de très grand format pour le taillage des assemblages de charpente. Cet effort d'industrialisation permet à la France de rattraper son retard technologique envers l'Allemagne.

Aujourd'hui, 70 pour cent de la production sont certifiés Acer-Glulam (label qui en outre favorise les exportations). Les constructeurs-fabricants posent aujourd'hui 40 pour cent de la production ; la part de la production de lamellé-collé vendue à des tiers (aux charpentiers, aux entreprises générales, ...) est devenue prépondérante au cours des dernières années.

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