C'est une première ! Du 19 au 20 octobre, Strasbourg consacrera 24 heures à l'architecture contemporaine. L'occasion pour le grand public de mieux appréhender un domaine qui lui semble imperceptible. Au programme : expositions, films, balades urbaines et débats. L'ensemble s'articulant dans un lieu magique : la manufacture des tabacs. Découvrez un aperçu de ce lieu mystérieux.
De l'aveu même d'Alain Jund, adjoint au maire de Strasbourg en charge de l'urbanisme, elle se présente comme la «cité interdite» de la ville. Laissant planer le mystère autour d'elle, la manufacture des tabacs devrait pouvoir assurer le succès des 24 heures d'architecture organisées du 19 au 20 octobre prochain.
Cet événement, à l'initiative du Réseau des maisons de l'architecture, se déroulera donc dans ce lieu pour le moins inédit qui a marqué la métropole. En effet, avec 50% de production française, la municipalité était encore la capitale française du cigare dans les années 80. En 2007, elle produisait encore pas moins de 480 millions de cigares. Malheureusement, deux ans après son rachat par le géant Imperial Tobacco en 2008, l'usine ferma ses portes et laissa derrière elle ce passé industriel qui aujourd'hui refait surface.
Celui-ci devrait intriguer de nombreux visiteurs souhaitant découvrir ou (re) découvrir ce patrimoine : «Beaucoup de citoyens se demandent ce qu'il peut bien se cacher à l'intérieur», souligne Alain Jund. Et pour l'occasion, la manufacture aura droit à une scénographie bien particulière conçu par le collectif 3rs. Ainsi, au premier niveau, il sera possible de visiter le lieu et d'en recouvrer la mémoire. Ici, le bâtiment sera laissé brut, dans son nu originel de manière à en apprécier l'ensemble sans apparat. Seuls quelques éléments seront ajoutés grâce à des tracés colorés. Et c'est donc dans cette ambiance que des animations, des ateliers et des échanges occuperont l'espace.
Des festivités pour soulever l'enthousiasme
Les participants auront la possibilité de se familiariser avec l'architecture à travers des expositions, un palmarès de constructions contemporaines, une série de films, des concerts et un colloque autour de la question : «Qui a peur de l'architecture ?». Seront présents pour débattre des architectes tels que Winny Maas, Myrto Vitart, Bernard Reichen, etc. Enfin, comme l'architecture se vit avant tout, des balades urbaines seront programmées : «De nombreuses visites jalonneront les 24 heures dont celle de la BNU de Nicolas Michelin, le parlement européen d'Architecture Studio ou encore la station de tram de Zaha Hadid», commente Jean-Mathieu Collard, commissaire de la manifestation. Au final, l'objectif est de faire partager l'architecture au public: «Nous devons redonner un désir de ville», précise Alain Jung. Cette ville si souvent mal aimée ou mal perçue par ses occupants. Pour l'adjoint au maire, les 24 heures de l'architecture doivent être «un grand événement pour l'architecture et pour Strasbourg». D'ailleurs, le choix de la municipalité n'est pas un hasard : «Il est vrai qu'une fois que le choix de ne pas noyer 24 heures d'architecture dans le fourmillement de Paris a été pris, Strasbourg, ville transfrontalière, épicentre depuis 12 ans des journées de l'architecture est apparue naturellement comme le territoire d'accueil de ce premier festival», indique Cloud de Grandpré, président du réseau des maisons de l'architecture.
Quant à l'avenir, il espère que cette première édition entraîne la création d'une semaine ou d'une quinzaine de l'architecture dans toute la France. Reste à savoir si le succès sera au rendez-vous. En tout cas, c'est le souhait des organisateurs qui se montrent optimistes : «Ca va faire un tabac !», plaisantent-ils.
Découvrez le lieu de la manifestation, la manufacture des tabacs en pages suivantes
La manufacture des tabacs
L'ancienne manufacture des tabacs de Strasbourg sera le futur espace d'accueil des premières 24 heures d'architecture.
Extérieur
Véritable patrimoine industriel de la ville, la manufacture des tabacs devrait intriguer de nombreux habitants. Une manière d'attirer le grand public aux 24 heures de l'architecture.
Cheminée
Le bâtiment fut bâti de 1849 à 1866 par les architectes Jean-André Weyer et André Rolland.
A noter que cette cheminée a remplacé en 1955 les anciennes qui ont été détruites lors de bombardements en 1944. Elle est haute de 37 mètres.
Intérieur
Dans les années 80, Strasbourg était la capitale du cigare puisque 50% de la production française y était fabriquée.
Patrimoine industriel
En 2008, Imperial Tobacco devint propriétaire des lieux et envisagea la fermeture du site. Ce qui arriva en 2010.
Un lieu mystérieux
Depuis la fermeture du site en 2010, chacun se demande ce que deviendra ce qui était la dernière fabrique de cigare.
Un site d'envergure
Le site recouvre 22.000 m2 de plancher et son terrain 1,4 ha.
Quid de l'avenir ?
Le site pourrait abriter le pôle Géo-Sciences de l'Université ainsi qu'un pôle de la création (art, visuel, multimédia...). Un hébergement pour jeunes est aussi étudié. Scharf, promoteur immobilier, est également sur les rangs pour la transformation du site.
Passage
Couloir
24 heures d'architecture ouvre pour la première fois la manufacture des tabacs aux habitants de la ville et aux amateurs d'architecture.