Paradoxal ! C’est ce qui pourrait caractériser la nouvelle machine de François Delarozière, qui vient de créer un manège… carré. Et ce n’est pas là sa seule originalité, car il ne s’agit pas d’un simple manège de forain, mais bien d’une œuvre d’art digne de l’imaginaire de Jules Verne. Voyage au centre d’un manège.

Carré Sénart, vous connaissez ? C’est cette zone commerciale qui a vu le jour, au début des années 2000, au cœur des champs de la Seine & Marne (77). Le Carré, situé sur l’agglomération nouvelle de Sénart (qui regroupe 10 communes sur 2 départements), est installé sur un espace carré de 1.4 km de côté, entouré de longs canaux et ceinturé par une quadruple allée de tilleuls. Un centre commercial a d’abord émergé en 2002, suivi d’un pôle restauration, un bowling ou encore un shopping parc de 20 enseignes qui a ouvert fin 2007.

C’est donc dans ce cadre-là que François Delarozière et les divers responsables de l’agglomération et du centre commercial ont souhaité créer une animation originale pour rendre le site plus attractif. L’artiste, directeur artistique de La Machine – qui a en charge la conception, la réalisation et la mise en œuvre du Manège Carré Sénart – participe depuis une quinzaine d’années à des événements artistiques de grande envergure dans le monde entier. Ainsi, parmi ses créations originales, on peut citer les immenses sculptures mobiles de la Compagnie de rue Royal de Luxe (dont la girafe et l’éléphant), le manège de l’enseigne Catimini et le Manège d’Andréa qui tournent dans de nombreuses métropoles depuis plus de vingt ans.

L’histoire du Manège Carré Sénart

Quand on pense manège, on pense davantage chevaux de bois que bisons ou insectes. Car c’est là toute l’originalité de l’œuvre, véritable bestiaire en mouvement. Les avions et autres chevaux sont ici remplacés par des animaux tout droit sortis de l’imaginaire de l’artiste. Entre Alien et Vingt Mille lieues sous les mers, l’univers du Manège est à la fois fantasmagorique et onirique. Inspiré largement de la nature, «j’ai tout de suite imaginé des scènes agraires peuplées par des buffles», François Delarozière a ensuite laissé filer son imagination pour pondre des créatures aussi réelles qu’improbables telles des buffles, des bisons, des poissons fossiles et autres insectes à l’allure préhistorique.

Fait unique dans un manège, les éléments sont mobiles et peuvent être actionnés manuellement par les 49 utilisateurs que peut accueillir le Manège. Et, de plus, ils se croisent ! Car le Manège, de forme carrée, dispose d’un plateau circulaire en son centre, qui tourne en sens inverse. «Les regards peuvent se croiser», souligne l’artiste. Sur fond de crissements et de couinements des machines, une musique créée spécialement pour le Manège berce les mouvements des bestioles.

La mécanique est non seulement à portée de main, mais elle est aussi mise à nu. Ainsi, les soudures et les mécanismes sont apparents, laissant entrevoir la complexité de l’œuvre. Une complexité qui semble toutefois «simple», de par les matériaux utilisés pour créer l’ensemble des pièces du Manège. Bois, acier et cuir sont les principales matières premières que l’on retrouve, tandis que la peinture qui recouvre les frontons et les divers animaux est d’origine naturelle. Petits et grands pourront donc chevaucher un buffle d’acier, imaginé à partir de pièces et matériaux agricoles. Ou encore un bison fait de vieilles barriques de vin…

Ambassadeur de Sénart

Conçu pour faire-valoir l’image de l’agglomération de Sénart, le Manège s’inscrit clairement dans une volonté des responsables de la région d’en faire l’ambassadeur de Sénart. L’investissement de 1.5 million d’euros est la preuve que les partenaires de l’opération misent beaucoup sur la notoriété de François Delarozière, d’une part, et sur l’impact et l’image du Manège. A ce titre, le Manège est prévu pour rester à demeure quelques mois dans l’année, et partir ensuite en tournée à travers la France, l’Europe ou le monde. Première ville étrangère qui accueillera le Manège Carré : Madrid, pour tout le mois de décembre 2008.

En attendant, le Manège, qui a été conçu dans les ateliers nantais de La Machine, a demandé environ 6 jours de montage sur le site de Carré Sénart, et a nécessité 8 semi-remorques pour le transport de toutes les pièces. Au final, c’est un espace de 18x18 m, de 14 m de haut et pesant quelque 40 tonnes, empreint d’onirisme et d’extravagance qui fut le point d’orgue de la 5e Fête du Carré, qui s’est tenue le 14 juillet.

 




 





Un petit tour ?

actionclactionfp