Le rapport de la Fondation Abbé Pierre dénonce, cette année encore, la situation de 3,6 millions mal-logés en France. En période électorale, l'organisme a choisi de hausser le ton en proposant aux candidats à la présidentielle de signer un contrat social pour réduire le fléau. Découvrez les chiffres du rapport et les axes du pacte.

La sonnette d'alarme, la Fondation Abbé Pierre a l'habitude de la tirer à chaque parution de son rapport sur le mal-logement. En 2012, période électorale oblige, elle prend une autre tournure. Plus politique. En effet, l'organisme a décidé d'interpeller les candidats à la Présidentielle en leur proposant de s'engager en signant un contrat social reposant sur dix axes (à découvrir page 2) «à prendre dans son intégralité ou à laisser», a précisé Christophe Robert, directeur des études de la Fondation au quotidien Métro.

 

En attendant de savoir si ce programme sera pris à bras le corps par les candidats, les chiffres dévoilés par le rapport sont toujours aussi accablants, avec un nombre de mal-logés identique à 2010, soit 3,6 millions et 10 millions de personnes touchées par la crise du logement. Et tout comme en 2010, la situation est difficile pour les ménages les plus modestes, isolés, jeunes en difficulté d'insertion, femmes seules avec enfants avec des faibles revenus… Mais également, et c'est une tendance récente, pour de très nombreux ménages qui sont pourtant insérés socialement et économiquement. Dans le détail, parmi les 3,6 millions de mal-logés, on compte environ 2,8 millions de personnes vivant dans des conditions de logements difficiles (inconfortables ou surpeuplés), 685.000 personnes privées de domicile personnel, près de 173.000 en situation d'occupation précaire et 80.000 faisant partie des gens du voyage. Des chiffres similaires à ceux avancés début 2011. Résultat : le logement devient au même titre que la santé ou l'emploi, une véritable source d'inquiétude sociale pour les Français.

 

Le logement, un enjeu politique
Alors pourquoi le sujet peine-t-il tant à être solutionné ? Volonté politique, efforts de société ? Si les réponses ne semblent pas là, le problème ne régresse pas d'une année sur l'autre. Ni même d'une présidentielle à l'autre. Les postulats «Droit au logement opposable», «Zéro SDF», «France de propriétaires» ont agrémenté les campagnes ces dernières années sans parvenir à un résultat probant. Pour la Fondation, il faut produire plus de logements : «Si le premier défi est de construire suffisamment pour réduire le déficit accumulé et permettre au marché de retrouver des conditions satisfaisantes de fonctionnement, il faut pour cela répartir la production entre ses différentes composantes (accession à la propriété, locatif social et locatif privé) pour assurer le volume de construction souhaité». Si l'actuel secrétaire d'Etat au Logement partage cette vision déclarant que «la seule solution que nous avons pour faire baisser les prix, notamment en Ile-de-France, c'est de produire plus de logements, d'où la proposition du président de la République d'augmenter la constructibilité», il est néanmoins guère partisan de la proposition de la Fondation d'encadrer les loyers, notamment ceux de la relocation du secteur privé. Après le coup d'éclat d'Eric Cantona en janvier, l'association est bien décidée à mettre le logement au cœur de la campagne présidentielle. Et le débat est bel et bien lancé !

 

Découvrez les dix engagements du contrat social de la Fondation Abbé Pierre en page suivante.

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