La crise du logement est une réalité. Près de 3,6 millions de personnes sont mal logées en France, auxquelles s'ajoutent 5 millions de personnes occupant une copropriété en difficulté, un logement surpeuplé, ou devant faire face à des impayés. Des chiffres qui émanent du dernier rapport de la Fondation Abbé-Pierre sur l'état du mal-logement publié vendredi 1er février 2013.
Reçue par le chef de l'Etat, jeudi 31 janvier, la Fondation Abbé-Pierre a rendu public vendredi 1er février son 18ème rapport annuel sur l'état du mal-logement en France. Quel constat dresse-t-elle en 2012 ? "La crise (…) continue de produire des effets particulièrement inquiétants pour les personnes les plus modestes et les moins qualifiées", observe-t-elle. Il y a dix ans, les rapports alertaient sur les cas de personnes exclues socialement et déjà tombées dans une grande précarité. Puis le cercle des mal-logés s'est élargi aux classes moyennes.
Une précarité qui touche les femmes seules
En outre, la crise économique est passée par là, l'évolution des structures familiales aussi. Les chiffres cités par le rapport sont alarmistes (voir encadré) : 685.000 personnes sont dépourvues de logement personnel en France, dont 133.000 sans domicile fixe, mais au total 3,6 millions sont "non ou mal logées" et plus de 5 millions sont "fragilisées" par la crise du logement. De plus, il y a aujourd'hui 1,7 million de femmes seules avec enfants et un tiers d'entre elles vivent sous le seuil de pauvreté -contre 6,5 % des couples avec enfants - une mère seule sur deux finit le mois à découvert. "Ces chiffres montrent l'extrême fragilité des personnes séparées. C'est incroyable comme le couple protège et comme la rupture précarise, parfois violemment", déplore la Fondation Abbé-Pierre.
Alors, quel est l'impact de ces séparations sur le logement ? Pour la Fondation, "le cas de Mme L., trois enfants et en 'mi-temps contraint'", est révélateur. "La jeune femme gagne 500 euros par mois. Elle parvient à payer une partie de son loyer de 680 euros grâce à l'aide personnalisée au logement (APL). Mais les 240 euros qui restent à sa charge représentent 50% de son salaire et limitent drastiquement les autres dépenses essentielles", ajoute-t-elle. S'en suivent de nombreuses situations critiques...
Loyers impayés: la FNAIM dresse le même constat dans les copropriétés
Signe d'une dégradation de la situation pour les locataires, au final "les impayés progressent" et de "nouveaux records" ont été atteints pour les expulsions (113.000 en 2011). Même constat dans les copropriétés. Dans celles-ci, "certains habitants demandent des reports ou des étalements pour acquitter leurs charges", nous confirme Jean-François Buet, président de la Fédération nationale de l'immobilier (Fnaim). Toutefois, on ne peut pas dire qu'il y a une hausse intempestive des loyers impayés. Globalement, les impayés contentieux et amiables ne dépassent pas les 2 %." Pour les sans domicile, la Fondation observe, par ailleurs, que l'augmentation des appels au 115 "se manifeste dans des territoires jusqu'à présent épargnés, y compris dans les zones rurales".
Découvrez la suite de l'article dédié au rapport de la Fondation Abbé-Pierre en page 2.
Parmi les 3,6 millions de personnes "non ou très mal logées", La Fondation Abbé-Pierre recense dans son rapport publié mardi 1er février 2013:
-1,22 million de personnes en attente d'un logement social.
-685.142 personnes "privées de domicile personnel" (133.000 sans domicile).
-18.142 en résidence sociale, 38.000 en chambre d'hôtel.
-85.000 dans des "habitations de fortune" et 411.000 chez des tiers.
-Plus de 2,7 millions vivant dans des conditions de logement "très difficiles", sans confort ou très surpeuplés.
-172.847 personnes locataires de meublés.
-71.188 gens du voyage ne pouvant accéder à une aide d'accueil.