Une maison individuelle située au sud de la Rochelle vient d'être équipée d'une pile à combustible. L'appareil assure à la fois le chauffage, la production d'eau chaude et d'électricité. De quoi couvrir une bonne partie des besoins en énergie des occupants. Zoom sur cette technologie qui, pour l'heure, n'équipe que trois habitations en France mais qui pourrait, à long terme, se généraliser...
Un appareil 3 en 1. La formule résume bien l'intérêt de la pile à combustible. A elle seule, elle est capable d'assurer le chauffage, la production d'eau chaude et d'électricité. Comment ? "Grâce à une réaction d'oxydoréduction inversée", répondront les plus pointus sur le plan technique. En langage plus clair, il faut comprendre que tout repose sur une réaction chimique. "La pile utilise du gaz naturel qu'elle transforme en hydrogène et qu'elle fait réagir avec l'oxygène contenu dans l'air", explique Thibaud Marchais, responsable du marché du neuf chez Viessmann. D'où le nom de pile à hydrogène, souvent utilisé pour remplacer le terme "pile à combustible" qui peut faire peur, surtout au grand public.
La pile à combustible, dangereuse ?
Dans l'inconscient collectif en effet, le rapprochement avec le secteur du nucléaire est vite fait. Qu'en est-il, ces craintes sont-elles fondées ? Faut-il craindre une explosion ou des rayonnements ? Autrement dit, l'appareil est-il dangereux ? "Non", répond catégoriquement Thibaud Marchais, "car les quantités d'hydrogène contenues dans le générateur sont infimes". Au Japon, après l'accident nucléaire de Fukushima, cette technologie s'est d'ailleurs imposée comme une alternative au nucléaire. Depuis près de dix ans, elle s'y développe à vitesse grand V. A ce jour, on dénombre près de 200.000 unités installées dans des maisons individuelles. La pile connaît également un fort développement en Allemagne* (voir encadré ci-dessous). Les ménages peuvent même recevoir des aides de l'ordre de 7.000 € pour s'équiper. Un soutien financier non négligeable lorsque l'on sait que le prix d'une pile avoisine les 20.000 euros. Un investissement lourd, difficile à rentabiliser car le cœur de la pile a une durée de vie limitée à seulement dix ans.A l'arrivée : un bâtiment à énergie positive
A l'arrivée, le bâtiment qui abrite une pile à combustible devient totalement autonome puisqu'il produit plus d'énergie qu'il n'en consomme. "La pile produit 1 kW de chaleur pour 750 W d'électricité c'est-à-dire de quoi de couvrir le talon de consommation d'un ménage", détaille Thibaud Marchais. Par ailleurs, le bâtiment ne produit aucun déchet, que de la vapeur d'eau, un atout sur le plan du bilan carbone. De quoi intéresser les constructeurs de maisons individuelles qui y voient le moyen de réaliser des bâtiments respectueux de l'environnement et à énergie positive facilement reproductibles. Certains se sont d'ailleurs lancés dans l'expérimentation de cette technologie. Résultat : trois maisons en France fonctionnement avec une pile à combustible, parmi elles : la Maison Remarquable signée Bâtisseurs d'Ici, à découvrir en pages suivantes.Découvrez ici un autre exemple de maison individuelle équipée d'une pile à combustible. Signée par le constructeur Maisons d'en France, elle est située près de Metz, en Lorraine, et a été inaugurée en décembre 2015.
*Le programme PACE : vers un marché de masse de la pile à combustible en Europe ?
Depuis mai 2016, la Commission européenne a lancé un programme d'expérimentation autour de la pile à combustible. Baptisé "Pace", il vise à installer d'ici 5 ans 2.650 exemplaires de micro-cogénérateurs en Europe. Quatre industriels, dont Viessmann, y participent. Ils se sont engagés à atteindre une capacité de production de 1.000 unités par an dès 2018. L'Union européenne espère ainsi donner une impulsion à cette technologie et ouvrir un marché "de masse". De quoi rendre optimistes les fabricants : "en 2050, nous pourrions installer 800.000 unités par an, la pile à combustible viendrait remplacer la chaudière à condensation", anticipe déjà Thibaud Marchais, responsable du marché du neuf chez Viessmann.