Vincent Delsinne a conçu une maison passive à ossature bois, pour une famille de Neuville-en-Ferrain (Nord). Sans chauffage, et avec de belles baies vitrées, la bâtisse est ultra-économe en énergie, et constituée de matériaux écologiques. Un défi pour cet architecte, dont c'est la première construction passive.
Qui oserait encore dire que les bâtiments économes en énergie sont l'apanage des régions ensoleillées ? Certes, dans le nord de la France, il fait moins chaud et moins longtemps. Mais la grisaille n'a jamais empêché la construction d'une maison hautement écologique ! L'architecte Vincent Delsinne l'a prouvé, en bâtissant une maison qui s'apprête à recevoir le label allemand Passiv Haus.
Lorsqu'un couple, propriétaire d'un terrain à Neuville-en-Ferrain (59), demande à Vincent Delsinne de lui dessiner une maison économe en énergie, l'architecte DPLG se lance dans une nouvelle aventure. "C'était une première pour moi. Je n'avais pas la capacité de tout réaliser moi-même, je n'étais pas assez formé" avoue-t-il. Il n'hésite pas pour autant, et se lance dans une formation continue de près d'un an.
Avec le concours d'un bureau d'études thermiques, Energelio, Vincent Delsinne opte pour la construction d'une maison passive à ossature bois. L'analyse du terrain et de l'environnement est longue... et pleine de surprises. "Sur le terrain, une nappe phréatique affleure au niveau du sol. Il a donc fallu poser la construction sur un vide sanitaire au dessus des fondations" explique l'architecte.
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Une maison bien isolée et des matériaux écologiques
"Quand on bâtit une maison passive, on a une obligation de résultats et de moyens" insiste Vincent Delsinne. La bâtisse devrait être à la fois très bien isolée et constituée d'un maximum de matériaux écologiques : ossature et menuiseries en bois, peintures et lasures sans solvants, système de récupération d'eau de pluie qui fournit l'eau des toilettes et du lave-linge, et très bientôt une toiture végétalisée.
Pour isoler parfaitement la maison, l'architecte et les experts ne laissent rien au hasard. La construction présente des poutres en "I" en bois pour limiter les ponts thermiques. L'isolation est en ouate de cellulose, et les ouvertures sont en triple vitrage. Côté sud, dans le salon, de nombreuses fenêtres permettent de profiter de la chaleur du soleil. Des stores automatiques ont cependant été ajoutés, pour apporter de l'ombre en cas de besoin. Côté nord, en revanche, "j'ai fait poser une paroi opaque" explique l'architecte.
La ventilation est essentielle dans une maison si bien isolée. L'architecte a pourtant opté pour des espaces très cloisonnés, avec des couloirs. Mais il a installé une VMC double flux, scindée en deux parties : l'une dessert la moitié nord-est de la maison (les chambres), l'autre la moitié sud-ouest (le salon et la cuisine). "Cela permet d'avoir deux thermostats, réglables séparément" explique Vincent Delsinne.
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Température négative à l'extérieur, 20°C à l'intérieur
Pour Vincent Delsinne, le défi est relevé. "En décembre 2010, avec une température de -10°C dehors, il faisait 20°C à l'intérieur" se souvient-il. Ce tour de main est à mettre sur le compte de la VMC, reliée à un système géothermique, qui récupère quelques degrés du sol pour le transférer à l'air entrant dans la maison. La chaleur du ballon d'eau sanitaire est fournie de la même manière.
Dans une maison classique, la dalle de béton restitue un peu de chaleur. Mais celle-ci n'en a pas ! Vincent Delsinne a donc recouvert un mur de briques de terre crue, qui accumulent la chaleur et la rend la nuit. Deux batteries hydrauliques sont tout de même installées dans le plafond, "pour réchauffer l'air au cas où, c'est une marge de sécurité", précise l'architecte. Mais la maison n'a pas d'autre système de chauffage !
Vincent Delsinne avoue que ce chantier a changé sa manière de travailler. "Pour une maison passive, dès l'esquisse, on pense beaucoup plus à la relation entre le bâtiment et l'extérieur, et moins à l'aménagement intérieur" raconte-t-il. L'architecte, convaincu par la construction écologique, compte bien rester dans le créneau...
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Maison passive - Plan
Dans les maisons passives, la ventilation est un élément clef. Elles sont donc souvent composées de grands espaces ouverts.
Ici, pourtant, l'architecte a opté pour des zones cloisonnées, avec un mur séparant la section nuit (avec les trois chambres des enfants, ici en haut) et la section jour (en bas à droite, le salon, au milieu la cuisine).
Maison passive - Montage de l'ossature
La maison, à ossature bois, est située sur un terrain où la nappe phréatique affleure du sol par endroits. Il a donc fallu créer un vide sanitaire avant de poser le reste de la construction.
Maison passive - Pare-pluie
L'architecte a choisi des matériaux écologiques, comme ici le pare-pluie en fibre de bois.
Maison passive - Isolation
L'isolation a été réalisée en ouate de cellulose.
Maison passive - Puits de lumière
Pour faire entrer plus de lumière au cœur de la maison, dans les couloirs situés loin des fenêtres, l'architecte a imaginé plusieurs puits de lumière sur le toit.
Maison passive - Vue d'ensemble
L'ensemble de la maison ressemble à un cube de bois ! La partie proéminente (ici à gauche) correspond à l'emplacement de la chambre des parents.
Maison passive - Terrasse
La chambre des parents, la cuisine et le séjour donnent sur une terrasse en bois et sont lumineuses grâce à de grandes ouvertures.
Maison passive - Côté chambres
Côté est, les chambres des enfants sont alignées. Les fenêtres s'ouvrent en oscillo-battant, afin de pouvoir aérer les pièces, mais sans perdre trop de chaleur.
Maison passive - Entrée principale
A côté des chambres, l'entrée principale. La porte de droit donne sur un petit atelier, et celle de gauche sur le cœur de la maison.
Maison passive - Hall d'entrée
Dès l'entrée, la lumière fuse ! A droite, le mur qui sépare la partie nuit de la partie jour.
Maison passive - Local technique
Le local technique fait tout de même 10 m², pour pouvoir accueillir tous les éléments de la maison, notamment la VMC double flux.
Maison passive - Séjour
Dans le séjour, un mur en brique de terre crue accumule la chaleur le jour et la restitue la nuit.
Si une maison passive permet de réaliser des économies de chauffage à terme, elle représente un surcoût à la construction. La réalisation de Neuville-en-Ferrain a coûté environ 311.500 euros HT pour 186 m², soit un peu moins de 1.800 euros TTC le mètre carré. "Le coût est un peu inférieur à la fourchette moyenne, de 1.800 à 2.000 euros, car le propriétaire a réalisé lui-même la peinture, et la pose des menuiseries intérieurs et du revêtement de sol" précise Vincent Delsinne.