Largement portée par la primo-accession depuis mi-2009, l'activité de la maison individuelle (+15% en 2010) reste aujourd'hui dans l'attente des évolutions des taux de crédit et surtout du nouveau Prêt à taux zéro « + ». Explications.
Assistera-t-on à une accalmie après l'emballement de 2010 ? C'est à cette question qu'a tenté de répondre l'Union des Maisons Françaises ce mardi. En effet, après le boom des ventes de maisons en diffus l'an dernier, avec une progression de 15% par rapport à 2009, le marché n'a toutefois pas encore rattrapé le niveau record atteint en 2006. Les aides gouvernementales ont pourtant beaucoup participé à la croissance du secteur, portée essentiellement par la primo-accession modeste. Mais ce phénomène pourra-t-il encore perdurer en 2011 ? Pourra-t-on atteindre le taux de 66% de propriétaires comme le souhaite l'Etat, qui vient de réformer le PTZ+ ?
L'Union des Maisons Françaises reste prudente face aux variations du marché, et suspendue, d'une part, à l'évolution des taux d'intérêt, qui enregistrent une frémissante hausse de mois en mois depuis la fin de l'année dernière, et d'autre part, à l'efficacité du ciblage du nouveau PTZ+, lancé en grande pompe début janvier. Car, comme le souligne le syndicat, même si la France a besoin de 400.000 logements, « il est évident que les foyers les moins solvables - ceux dont le revenu est inférieur à 2.300 €/mois, ndlr - vont subir directement et successivement la fin du doublement du PTZ, la fin du Pass-foncier assorti à la TVA à 5.5%, qui étaient les principaux éléments solvabilisateurs ». Le marché devrait donc retrouver, selon l'UMF, une physionomie traditionnelle où la primo-accession sociale sera nettement plus difficile. D'où le doute, in fine, que « la configuration du PTZ+ permette de passer de 56 à 66% de propriétaires », estime l'Union.
Marché étal à celui de 2010
Côté perspectives, le marché de la maison individuelle en 2011 devrait ressembler à celui de l'an dernier. « Le maintien du marché à son niveau 2010 semble un pronostic raisonnable », estime l'UMF. Soit 190.000 ventes environ si les taux se maintiennent, et une baisse d'environ 10% si les taux passent de 3.5 à 4.5%. En effet, selon le calcul effectué par l'indicateur Caron Marketing, si les taux augmentent de 1%, la perte potentielle du marché de la maison individuelle serait de 17.400 unités, dans le cas d'une maison RT2005 avec PTZ+, et de 7.140 unités dans le cas d'une maison BBC avec PTZ+. « L'effet taux est gommé pour partie par l'effet PTZ+ BBC, qui, avec des montants supérieurs, vient corriger l'impact négatif de l'effet taux », explique Caron Marketing. A cela s'ajoute la crainte d'une hausse des prix de l'immobilier dans l'ancien et le neuf en zones tendues, souligne l'UMF. Qui avait déjà donné l'alerte en septembre dernier, et qui aboutit, aujourd'hui, à une mission dépêchée par le Premier ministre à l'ANIL sur le thème de « la réforme sur les prix immobiliers et les modes de commercialisation ».
Du côté des intentions d'achat d'une maison, la volonté des Français en la matière reste forte malgré la conjoncture, puisqu'ils sont 33% à envisager un achat entre 1 et 5 ans ou plus. Un niveau qui se rapproche de celui de fin août 2008 (35%), mais qui reste préoccupant car ils ne sont plus que 5% à envisager un achat d'ici à 1 an (contre 8% en 2009). Par tranche d'âge, les 18/34 ans restent les plus nombreux, mais ils ne sont plus que 3% à vouloir concrétiser un achat d'ici à un an (contre 6% en 2008).
Concernant leur opinion sur les aides de l'Etat à l'accession à la propriété, 83% des Français de 18 ans et plus (hors retraités) sont d'accord avec le fait de privilégier les zones moins peuplées. Une opinion davantage renforcée chez ceux qui sont les moins privilégiés.
Enfin, la maison à faire construire reste la forme d'habitat préférée de 48% des Français, devant l'habitat ancien rénové aux normes du Grenelle (28%), l'habitat sans rénovation (12%) et l'appartement dans une promotion immobilière (11%).