MAISON D'ARCHITECTE. Construire une maison qui s'inscrit dans son territoire tout en faisant une référence explicite au vernaculaire, voilà le défi relevé par l'architecte Pierre Audat. C'est donc au pied des Cévennes qu'il a érigé une bâtisse de bois et de pierre, qui mêle espace de vie et atelier d'artiste. Visite.
Un couple d'artistes, en quête d'un lieu pour vivre et travailler à la fois, a fait appel à l'architecte Pierre Audat, qui leur a concocté un habitat sur mesure mais également ancré dans son environnement. Du sur mesure car les futurs propriétaires souhaitaient deux ateliers à l'intérieur de leur maison, afin de pouvoir y exercer chacun leur art ; et un lieu intégré au site environnant puisque terrain se situe au cœur d'un ancien village fortifié.
Fortes contraintes
De ces contraintes, Pierre Audat a tenté d'en faire des atouts. D'abord avec le terrain, peu étendu et situé en plein centre du village, coincé entre la partie encore aujourd'hui habitée et ce qu'on appelle le "village des Morts" où trône une chapelle du XIIe siècle. Puis avec la construction elle-même, car le couple voulait un ouvrage contemporain qui s'inscrive dans le tissu urbain en place. L'architecte leur a donc proposé une bâtisse emprunte de référence à l'habitat vernaculaire, réalisée avec des matériaux du terroir, à savoir la pierre sèche et le bois, dont les coloris ont été choisis pour vieillir uniformément dans le temps et accentuer davantage l'aspect "camouflage" du lieu. Pour l'intérieur, il a proposé une décoration des plus modernes.
Deux corps de bâtiment modulables
Le bâtiment, d'une longueur d'environ 30 mètres, a été conçu aussi dans les proportions des bergeries environnantes. "C'est la raison pour laquelle le permis de construire a été accepté par la mairie. Le respect du PLU, l'attachement aux habitations alentours et l'intégration dans le tissu local ont beaucoup joué en faveur de la concrétisation du projet", nous explique le maître d'oeuvre. Une des particularités du terrain, c'est son orientation. Ici, les pièces de vie de la maison donnent au nord-nord-est. C'était une volonté aussi des deux artistes qui estiment que la lumière y est idéale pour travailler. "Et c'est aussi bien plus agréable en été, dans cette région où les températures sont souvent élevées", renchérit Pierre Audat.
Ce dernier a donc eu l'idée d'un bâtiment modulable et constitué de deux parties, façonné dans l'horizontale, avec une façade fermée qui donne sur la place du village, afin de préserver l'intimité de tous, et de grandes ouvertures sur la façade aval vers le bois. Originalité ? Une petite ruelle a été aménagée entre les deux corps du bâtiment, qui offre une vue inédite sur la croix de la chapelle.
L'isolation, pierre angulaire du projet
Enfin, l'architecte a principalement misé sur une isolation très marquée, notamment grâce au soubassement de pierre qui crée une forte inertie. Les murs de pierre, épais de 50 cm, contribuent également à rendre la maison agréable à vivre. Il y a associé un plancher chauffant électrique indexé sur thermostat, ainsi qu'un poêle à bois installé au rez-de-chaussée et des menuiseries adaptées. L'étage, composé d'une structure bois, bénéficie d'une isolation de 30 cm de laine de verre, de même que la toiture qui est, en outre, végétalisée. "Nous n'avons pas mis de chauffage aux étages, cela n'était pas nécessaire. Les températures intérieures sont agréables et constantes en été", précise-t-il. Cette maison ne répond à aucune labellisation "verte", mais "ses équipements et sa conception pourraient lui faire atteindre un niveau RT 2012", justifie Pierre Audat. L'habit ne fait pas toujours le moine…
Ce projet concourt aux Trophées Batiactu 2013, dans la catégorie Construction neuve
Pierre sèche
La pierre sèche, fortement présente sur le territoire des Cévennes, est l'un des deux éléments principaux de cette maison. Elle était surtout présente sur le site où devait être construite l'habitation.
Encore chargée de terre, elle grisera au fil du temps et participera encore plus à camoufler la maison dans son environnement.
Encore chargée de terre, elle grisera au fil du temps et participera encore plus à camoufler la maison dans son environnement.
Façade Sud
Contrairement à ce que l'on peut voir d'habitude, ici, la façade Sud n'a pas été privilégiée du tout pour y placer les pièces de vie. Au contraire, elle se ferme tout en donnant sur la place du village.
Baies vitrées
Au nord-nord-est, se trouvent les larges baies vitrées qui donnent sur les pièces de vie. Remarquons le renfoncement des menuiseries qui permet de protéger au maximum du soleil et de préserver des températures intérieures confortables.
Ruelle intérieure
Ce passage marque la scission entre les deux corps du bâtiment. En haut, la vue sur le calvaire et la croix de la chapelle ; en bas, la forêt.
Pour rappel, la chapelle, située sur le terrain, a été une contrainte forte qu'a réussi à maîtriser l'architecte grâce à cette astuce.
Pour rappel, la chapelle, située sur le terrain, a été une contrainte forte qu'a réussi à maîtriser l'architecte grâce à cette astuce.
SAS
On distingue ici les deux entrées qui s'ouvrent depuis la ruelle. D'un côté, l'espace habitation ; de l'autre, les deux ateliers d'artiste.
Salon-séjour
A l'intérieur, sobriété et simplicité des matériaux, qui confèrent un aspect très contemporain à la maison.
Atelier d'artiste
Un atelier par personne, c'était une des contraintes de ce projet.
Volume des pièces
Les ateliers profitent de hauteur de plafond exceptionnelle. Idéal pour capter la lumière et travailler dans de bonnes conditions.
Plan masse 3D
On voit bien ici l'emplacement de la maison sur le site. Elle se trouve située au centre du village, avec d'un côté, le village encore animé et habité ; de l'autre, la chapelle et le calvaire qui constituent le "village des Morts".
On comprend aussi le choix de mettre les pièces de vie vers la forêt, au Nord et la fermeture de la façade Sud qui donne sur le village.
On comprend aussi le choix de mettre les pièces de vie vers la forêt, au Nord et la fermeture de la façade Sud qui donne sur le village.
Coupes et plans
Bâtisse à l'horizontale
D'environ une trentaine de mètres, cet ouvrage est marqué dans l'horizontal et offre un minimalisme très marqué.
Maîtrise(s) d'ouvrage Privé
Surface (SHON) 200 m2, SHON
Coût (TTC) Budget : 200 000 euros HT
Programme Construction neuve : Deux Ateliers et un Logement
Maître(s) d'oeuvre Pierre Audat
Date de début du projet Juin.2007
Date de livraison Phase PC - septembre 2007 & Réception septembre 2009