UN PROJET/UNE PARTICULARITE. Sur l'un des versants de la vallée du Rhône, la maison clair obscur casse les codes de la contemporanéité. Couleurs sombres et flashy, luminosité tamisée et chaleureuse s'entrechoquent dans un espace modulable et confiné. Pour un résultat final harmonieux. Reportage.
La maison clair obscur, voilà une bâtisse qui porte bien son nom. Initialement, les clients vivaient dans une vieille demeure du début du XXème siècle, très aboutie en termes de décoration et marquée par un important travail sur l'ombre et la lumière, avec des espaces patinés et filtrés. Pour cette réalisation, l'idée consistait entre autre, à reproduire cela.
Leur ancienne propriété vendue, le couple jette son dévolu sur un terrain avec vue dégagée sur la vallée du Rhône. Une parcelle en hauteur, sur laquelle se dresse désormais cette grande bâtisse moderne de 170 m2.
Insolite : des clients qui... n'aiment pas la lumière !
"Le premier des critères qui m'a surpris et immédiatement plu, c'est que mes clients n'aimaient pas la lumière... Sur le cahier des charges, il n'y avait pas de surface blanche", explique Thierry Coquet, architecte et co-fondateur de Barrès-Coquet architectes. Et de poursuivre, "Je me suis dit qu'on allait faire du beau travail, qui nous permettrait de nous remettre en question".La lumière n'est cependant pas complètement absente, "Elle est utilisée avec parcimonie pour tamiser les espaces et créer des ambiances chaleureuses", détaille Thierry Coquet. Une idée qui prend forme à travers des luminaires peints, des ombres portées, des jeux de couleurs, ou encore une superposition de paravents dorés... Des teintes orangées, jaune et rouge, en petites touches, apportent çà et là de la chaleur dans les pièces.
Des espaces modulables à l'envi
Concernant la décoration de l'espace intérieur comme extérieur, il s'agissait de conserver le charme de l'ancien. Le mobilier design, souvent très typé années 1960 et généralement plutôt sombre, vient appuyer cette identité vintage.Un caractère très affirmé, dont l'originalité est renforcée par les couleurs, mais aussi par un système de portes coulissantes et d'espaces dissimulés, notamment une chambre d'amis littéralement intégrée dans le mur et dont on ne soupçonne pas l'existence.
Finalement, si la réalisation apparaît comme contemporaine, elle en casse les codes. Les espaces sont rarement grands et souvent modulables, les apports en lumière naturelle, eux, sont minutieusement dosés. Leur conception dissimule plutôt qu'elle n'expose et le mobilier n'est pas minimaliste, malgré des influences scandinaves évidentes. Découvrez en images, le résultat pièce par pièce...
Une terrasse sombre mais chaleureuse
Côté sud, une grande terrasse, dans le prolongement du séjour dévoile un système de rideaux occultants qui ferme les espaces et régule l'apport lumineux.
La toiture en béton brut, s'accorde aux nuances poudreuses marron, ainsi qu'aux lames de bois composite qui se déploient sur toute la surface. Combiné à un mobilier bleu/gris, le tout est mis en lumière par divers luminaires, dont une suspension en osier qui vient réchauffer l'espace, en dévoilant des ombres portées chaleureuses.
Une piscine à part, posée à l'écart
Composée de deux rectangles (un bassin et une terrasse), "la piscine est en rupture avec la nature environnante, en opposant le minéral à l'eau et au végétal. Elle ne s'accorde pas non plus à la maison et apparaît comme posée en pleine nature", décrit Thierry Coquet.
Pour apporter un bol d'air frais au milieu de la minéralité, un bouleau a été conservé et donne littéralement l'impression d'avoir poussée sur la terrasse.
Un salon à la luminosité et aux espaces modulables
Le salon se présente comme un espace en plusieurs partitions. "Il se fractionne grâce à de grandes parois coulissantes et peut, au contraire, complètement s'ouvrir (voir modularité de la chambre d'amis)", explique Thierry Coquet.
Ici, le bois plaqué, le mobilier, les couleurs patinées, le poêle à granulés et à bûches se combinent pour créer un décor années 1960 cosy, chaleureux et traditionnel.
De grands paravents dorés permettent aux occupants de varier les ambiances lumineuses, plus ou moins sombres en fonction des superpositions.
Une chambre jaune cachée dans le mur
Dans la continuité du salon, cette chambre d'amis sort littéralement du mur. L'espace, modulable grâce à une porte pivotante et un paravent en bois plaqué, se distingue alors du salon. Une fois le lit ouvert, la chambre devient un espace clos quasi indépendant de 14 m2, disposant de son propre coin bureau. Lui-même inséré dans une petite niche, parcourue de jaune et de rouge orangé, qui, combinés au jaune vif de l'espace chambre, contraste avec le sol en grès et les parois foncées. De plus, les reflets des lampes de chevet sur le bois, diffusent une lumière tellement chaleureuse... qu'on s'y brulerait.
Une bibliothèque tantôt ouverte, tantôt fermée
Toujours dans cette logique d'évolutivité des espaces, le coin bibliothèque devient privatif une fois les parois fermées et le lit déplié. Dans le cas contraire, elle donne directement sur le salon.
Quasiment plongé dans l'obscurité, le petit espace se pare de bois fin, qui répond au mur de pierre noire et au vieux fauteuil chiné.
Une salle à manger tout en motifs
L'espace salle à manger, se distingue du salon grâce à un papier peint également présent dans la chambre d'amis. Mais ici encore, pas de mur blanc. La surface bleutée dévoile des formes originales, très typées années 1960. Mais comme dans la maison clair/obscur, la lumière n'est jamais bien loin, ici aussi, un grand lustre diffuse une luminosité chaleureuse et des ombres portées...
Une cuisine qui mise sur la fonctionnalité
La cuisine contraste avec le reste de la maison. Moderne et minimaliste, l'accent est mis sur la fonctionnalité. En témoigne le long plan de travail blanc adossé au mur, avec vue sur le jardin.
Un boudoir rougeoyant, encastré dans un couloir
"L'ancienne maison des propriétaires était remplie d'espaces sans réel usage, mais qui apportaient de l'ampleur à la bâtisse. Avec ce petit lieu d'appoint près de la cuisine, pour téléphoner ou consulter un livre de recettes par exemple, il s'agissait de retrouver un peu cette identité", raconte Thierry Coquet. Ce couloir, qui aurait pu rester purement fonctionnel, a été agrandi pour y insérer cette niche rouge, qui vient structurer le lieu et le réchauffer.
Une chambre à la luminosité filtrée
Avec sa grande baie vitrée, la chambre bénéficie d'un bon apport lumineux, qui, ici encore, peut être filtré grâce à des stores et d'épais rideaux occultant. Des LEDs avec un éclairage blanc viennent compenser la pénombre de la pièce. Enfin, les murs verts sont contrebalancés par un parquet assez clair d'influence scandinave, en accord au meuble années 1960.
Une bibliothèque confinée pour se reposer
Cette bibliothèque, comme le boudoir, résulte de l'élargissement d'un couloir qui donne sur les chambres. Elle est séparée des zones de passage par un rideau occultant qui atteste une fois de plus, de la modularité des espaces. Orientée à l'est, la pièce est, sans surprise, plutôt sombre. Néanmoins, le papier peint orange apporte un peu de chaleur, indispensable dans ce lieu de détente confiné et isolé.
Une salle de bains lumineuse, qui contraste avec la maison
La première salle de bains oscille entre le moderne et le classique avec sa petite applique façon boudoir, sa baignoire ancienne entièrement revisitée et son carrelage brillant. Contrairement au reste de la maison, les murs sont recouverts d'une peinture qui éclaircit la pièce.
Une salle de bains plongée dans le noir
La seconde salle de bains, plus fidèle aux codes de la bâtisse, se pare de noir, grâce à de petits carreaux de carrelage style mosaïque. L'espace est d'autant plus sombre, qu'un rouge profond recouvre le plafond. Comme dans la chambre, la pénombre est contrebalancée par un parquet clair.
Fiche Technique
Programme : Construction d'une maison neuve sur les hauteurs de la vallée du Rhône
Lieu : Saint Cyr sur le Rhône (69560)
Durée des travaux : 2014-2015
Prix : 400.000 euros
Surface : 170 m2
Maître d'œuvre : Barrès-Coquet architectes