Alors qu'un sommet franco-italien a acté en novembre dernier le calendrier du chantier de la liaison ferroviaire Lyon-Turin, les opposants au projet se lancent dans la riposte. Une plainte contre X pour "pratiques douteuses" vient ainsi d'être déposée, parallèlement à un recours devant le Conseil d'Etat, a-t-on appris ce mardi 14 janvier. Explications.
Alors qu'au 31ème sommet franco-italien, à Rome, le 20 novembre dernier, François Hollande et Enrico Letta avaient rappelé leur volonté de faire "une priorité" du projet de ligne à grande vitesse (LGV) Lyon-Turin, les opposants au projet ne baissent pas les bras. En effet, à moins de 12 mois des débuts des travaux, les militants anti- Lyon-Turin se lancent cette semaine dans une vaste bagarre juridique.
Une plainte contre X pour "pratiques douteuses" vient bien d'être déposée par les opposants au projet, parallèlement à un recours devant le Conseil d'Etat, a-t-on appris ce mardi 14 janvier de sources concordantes, confirmant des informations du Parisien-Aujourd'hui en France.
Divulgation d'évaluations internes
Cette plainte, qui remonte à l'automne dernier, porte en effet, "sur diverses pratiques qui nous paraissent profondément douteuses au sein de Lyon-Turin Ferroviaire (LTF)*, et notamment la divulgation d'évaluations internes dans la presse italienne alors qu'un appel d'offres était en cours", a précisé à l'AFP Daniel Ibanez, membre de la coordination des opposants au projet.
Publié en décembre 2012, l'appel d'offres concernant le chantier d'une galerie de reconnaissance de 9 km, estimé officiellement entre 250 et 500 millions d'euros, contredisait une évaluation interne, rapportée huit mois plus tôt dans la presse, qui le chiffrait à 450 millions d'euros.
"Quand vous annoncez à tout le monde le prix que vous attendez, plus besoin d'appel d'offres. C'est complètement illégal", a déploré Daniel Ibanez, indiquant que la plainte, initialement déposée à Paris, est revenue depuis au parquet de Chambéry.
Vers des conflits d'intérêts ?
Par ailleurs, un recours de "210 pages et près de 1.200 requérants individuels", portant sur "une présomption de conflits d'intérêts, de défaut d'impartialité et de dépendance de quatre commissaires-enquêteurs" - ayant réalisé l'enquête publique préalable au projet - doit être déposé "dans la semaine" devant le Conseil d'Etat, selon la coordination d'opposants.
"Il a été signé par de nombreux députés et sénateurs français et européens, dont dix-huit Italiens", a souligné Daniel Ibanez.
Enfin, le Parisien-Aujourd'hui en France pointent, ce mardi 14 janvier, le problème du coût du tunnel. Une problématique développée par les opposants. D'après eux, le coût du tunnel aurait varié entre mars et septembre 2012, passant d'un peu moins de dix milliards d'euros à 8,5 milliards. Une différence expliquée par la société Lyon Turin Ferroviaire, précisant qu'un des tunnels prévus initialement n'était plus pris en compte dans le tracé et qu'il sera réalisé plus tard.
Programmés pour démarrer à la fin 2014, les travaux du chantier de la liaison ferroviaire Lyon-Turin, dont la durée demeure encore "indéterminée", ont été estimés à 26 milliards d'euros.
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*Pour rappel : LTF, filiale de Réseau Ferré de France (RFF) et de Rete Ferroviaria Italiana (RFI), est le promoteur de la section transfrontalière entre Saint-Jean-de Maurienne (Savoie) et Bussoleno (Piémont/Val de Suse).