SANTE. L'association nationale de défense des victimes de l'amiante (Andeva) estime que l'Etat n'a pas pris la mesure des risques, 15 jours après l'incendie de l'usine Lubrizol, et appelle à revoir le seuil de gestion réglementaire.
Alors qu'elle organise un rassemblement ce vendredi en présence de personnes vivant à proximité de l'usine Lubrisol, l'association de défense des victimes de l'amiante (Andeva) critique la lecture faite par l'Etat des prélèvements d'amiante après la catastrophe industrielle. Révélant un taux d'empoussièrement inférieur à 3 fibres par litre d'air dans le périmètre proche de l'usine, les déclarations "rassurantes" de la préfecture de Seine-Maritime "ne sont pas conformes à la réalité", juge l'Andeva.
Le 26 septembre, l'incendie a emporté la toiture en Fibrociment du site industriel, qui contiendrait, selon l'Andeva, "une douzaine de tonnes d'amiante", en reprenant les propos de Jean-François Borde, retraité de l'entreprise Eternit qui commercialisait ces plaques. Lors d'un point presse le 1er octobre dernier, le préfet de Seine-Maritime Pierre-André Durand avait affirmé qu'il n'y avait pas de "risque amiante avéré", rejetant à la fois la dangerosité des concentrations en fibres d'amiante, et le périmètre d'impact des débris du toit.
"Jardins bombardés de petits fragments"
"Des particuliers ont vu leurs jardins bombardés de petits fragments de toiture ainsi que de touffes fibreuses", affirme l'association de défense des victimes. Diffusée hier soir, l'émission Envoyé spécial consacrée à l'incendie de l'usine Lubrizol a suivi un couple recueillant des fibres trouvées dans leur jardin, à 2 kilomètres du lieu de l'incendie. Après analyses par un laboratoire indépendant, il s'est avéré que trois des quatre échantillons contenaient des fibres d'amiante, mais sous quelle proportion ?
A ce jour, les autorités de santé publique admettent un seuil d'empoussièrement de 5 fibres d'amiante par litre d'air. 3 campagnes de prélèvements ont été menées sur le site, la première à l'initiative de Lubrizol. Menées sur un rayon de 300 mètres, celui du panache et à 800 mètres, les analyses ont révélé des "mesures de fibres d'amiante dans l'air inférieures à 3 fibres par litre d'air", assure la préfecture de Seine-Maritime qui les associe à "un bruit de fond".
C'est là que le bât blesse pour l'Andeva qui rappelle que "l'amiante est un cancérogène sans seuil", et que le seuil réglementaire est aujourd'hui "obsolète". Et de rappeler les préconisations faites en 2014 par le Haut Conseil de santé publique demandant à ce que le seuil d'empoussièrement soit abaissé à 2 fibres d'amiante par litre d'air au 1er janvier 2020. Une échéance repoussée par le ministère de la Santé qui a lancé en septembre dernier un appel d'offre pour une étude sur les conséquences sociales et économiques d'un abaissement du seuil de déclenchement des travaux de désamiantage.