Les architectes Agnès Pontremoli et Bruno Decaris ont récemment eu l'opportunité de revisiter la fameuse longère bretonne. Grâce notamment à l'utilisation massive du verre, ils sont parvenus à lui donner une allure contemporaine, tout en respectant la typologie architecturale des constructions traditionnelles.
Agnès Pontremoli et Bruno Decaris rêvaient depuis longtemps d'habiter sur une île. Un rêve qu'ils ont réussi à concrétiser, mais pas exactement à l'endroit initialement prévu ! Séduit par la Corse, le couple d'architectes se voyait bien y avoir une maison seulement voilà : impossible d'y trouver un terrain... Contraint d'élargir ses recherches, il s'est alors intéressé à des îles beaucoup moins touristiques et est finalement parvenu à trouver son bonheur à Belle-Ile-en-mer, dans le Morbihan. "Exactement le même type de paysages, mais avec dix degrés de moins !", s'amuse Bruno Decaris.
En plus d'offrir une belle superficie - près de 1.000 m2 -, le terrain avait l'avantage d'être situé dans un lieu préservé et protégé en bordure de littoral, autrement dit exactement le genre de cadre de vie calme et sauvage tant recherché par le couple. "La vision lointaine de mer était pour nous indispensable. Mais comme toute chose rare, elle a un prix", commente Bruno Decaris. Le prix à payer ici en l'occurrence était un POS (Plan d'Occupation des Sols) extrêmement restrictif. "Les règlements d'urbanisme condamnent à l'essaimage d'un modèle unique de construction néo-bretonne", explique l'architecte.
La longère traditionnelle revisitée
Si la forme générale de la longère a été respectée, à savoir un volume de proportion basse et allongée, quelques modifications ont été apportées à sa structure. Ainsi, au lieu d'être constituées d'éléments opaques en pierres de pays, les façades sont entièrement vitrées. Une différence de taille mais qui, pourtant, ne saute pas aux yeux : certaines parties de cette peau vitrée ayant été masquées par des paravents en schiste ne dégageant que les ouvertures réglementaires. "Ces parois produisent de riches effets dans les pièces, commente l'architecte. De jour, les murs laissent leur appareil dans l'ombre et le vitrage au devant se comporte comme un miroir qui réfléchit le paysage. De nuit, lorsqu'ils sont mis en lumière, ils semblent mis sous vitrine et ce sont eux qui éclairent toute la maison".
Village breton de demain
Habituellement peu présent dans les habitations traditionnelles bretonnes, le verre a été ici massivement utilisé. Les toitures ne comportent pas d'élément saillant, comme le veut la tradition, mais des bandes vitrées qui s'étendent sur toute la largeur du toit. Par ailleurs, un sas d'entrée entièrement vitré assure la liaison entre les deux parties principales du bâtiment. "L'idée était de pouvoir garder une perspective sur la mer lorsque l'on pénètre dans la maison", précise Bruno Decaris. Pour ne pas gâcher cette perspective, la passerelle qui le traverse est d'ailleurs entièrement translucide. Sans oublier que le bâtiment n'est pas constitué d'une charpente bois mais métallique, structure ayant permis de dégager une double hauteur dans le salon.
L'habitation n'occupant qu'une partie de l'espace disponible sur la parcelle, Agnès Pontremoli et Bruno Decaris en ont profité pour y construire deux autres bâtiments : une maison secondaire abritant deux duplex et une remise. Articulés autour d'un jardin intérieur, les trois édifices forment un "petit hameau", une sorte de projection du village breton de demain...
Pour découvrir en images la maison conçue par Agnès Pontremoli et Bruno Decaris, cliquez sur suivant.
Longère revisitée
Propriétaires d'un terrain situé à Belle-île-en-mer, dans le Morbihan, les architectes Agnès Pontremoli et Bruno Decaris y ont fait construire une maison contemporaine revisitant la longère traditionnelle.
POS restrictif
Le terrain étant situé en bordure de litoral, le POS (Plan d'Occupation des Sols) était extrêmement restrictif. Des pignons avec souches, une couverture en ardoise à deux versants à 45 degrés, des ouvertures limitées à une largeur maximale de 1,60 mètre... Autant de contraintes imposées avec lesquelles les architectes ont dû composer.
Un "petit hameau"
La maison n'occupant pas tout l'espace disponible sur la parcelle, les architectes ont eu l'idée d'y construire deux autres bâtiments : un édifice abritant deux duplex et une remise. Un ensemble articulé autour d'un jardin intérieur.
Modifications
Si les proportions d'une longère traditionnelle ont été respectées, quelques modifications ont été apportées à sa structure : murs entièrement vitrés et doublés de parois en schiste, charpente métallique, absence d'élément saillant en toiture...
Parois en schiste
Des panneaux en schiste viennent ponctuer la façade vitrée de manière à rappeler les maisons traditionnelles bretones et surtout à ne dégager que les ouvertures réglementaires. Comme le souligne l'architecte, "ils produisent de riches effets dans les pièces".
De jour...
"De jour, les murs laissent leur appareil dans l'ombre et le vitrage au devant se comporte comme un miroir qui réfléchit le paysage", commente Bruno Decaris.
De nuit...
"De nuit, poursuit-il, lorsqu'ils sont mis en lumière, ils semblent mis sous vitrine et ce sont eux qui éclairent toute la maison".
Riches effets
Les effets produits grâce à ces "paravents en schiste" sont aussi riches depuis l'extérieur.
Sas vitré
un sas d'entrée entièrement vitré assure la liaison entre les deux parties principales du bâtiment. "L'idée était de pouvoir garder une perspective sur la mer lorsque l'on pénètre dans la maison", précise Bruno Decaris.
Passerelle translucide
Pour ne pas obstruer la vue sur la mer, la passerelle qui relie la chambre parentale au bureau est également translucide.
Allure contemporaine
Grâce à l'utilisation massive du verre, les architectes sont parvenus à donner à l'habitation une allure contemporaine.
Maison ouverte
Grâce à tous ces éléments vitrés, la maison entretient également une relation privillégiée avec l'extérieur : non seulement avec le paysage mais également avec les autres bâtiments qui se trouvent sur la parcelle.
Salon
Pour finir, l'intérieur de la maison a été traité sur un mode très contemporain : sols en résine, cuisine ouverte en Corian®, mobilier minimaliste...
Chambre parentale
La chambre parentale abrite une salle de bains presque entièrement décloisonnée. A noter que la pièce est équipée d'une douche en double accès.
Lieu : Belle-île-en-mer (Morbihan)
Superficie : 270 m2
Coût des travaux : 650.000 €
Livrée en mai 2009
Matériaux : structure parpaings et charpente métallique, menuiseies aluminium à levage, murs "paravents" en façade double paroi en meollons de schiste dans cadres en acier galvanisé, sols intérieurs en résine