La fondation des architectes de l'urgence organise pendant deux jours des conférences sur le thème : «Ensemble face aux urgences et défis du 21ème siècle». Parmi les sujets abordés, l'habitat ou comment loger dignement les plus pauvres et notamment les réfugiés. Quels sont les défis ? Quelles solutions existe-t-il ? Des experts ont apporté leurs points de vue.
La Fondation des Architectes de l'urgence organise actuellement des conférences autour du thème : «Ensemble face aux urgences et défis du 21ème siècle». Des sujets aussi variés que les migrations de populations, la biodiversité ou encore l'alimentation sont au programme. Le premier débat, qui a eu lieu jeudi matin, portait sur l'habitat ou plutôt sur "comment loger dignement les plus pauvres".
Une question cruciale car le nombre de déplacés, à cause de conflits, atteint 2,6 millions de personnes. Pour Robert Mardini, Chef Unité Eau et Habitat de la communauté international de la Croix Rouge, il existe un paradoxe entre les aides apportées et les réalités du terrain : «On a tendance à venir avec des solutions toutes faites et pourtant, ce n'est pas la meilleure façon de faire. Il faudrait autant que possible développer des solutions sur le terrain en prenant en compte ses contraintes». Que ce soit l'Union internationale des architectes ou les Architectes de l'urgence, tous s'accordent à dire que les solutions doivent provenir du milieu local et ce sont aux architectes de s'adapter aux contraintes locales. «Il faut agir en ligne avec ce qui existe dans les communautés locales : les matériaux, les savoirs-faire… mais aussi faire travailler l'économie des pays tout en réalisant des habitats dignes», confie David Kaunitz, Architecte de l'urgence Australie. Et pour aller dans le bon sens, les experts soulignent également l'importance de faire participer les populations à la reconstruction : «celles pensées avec les communautés sont souvent les plus réussies», précise Robert Mardini.
Utiliser l'auto-construction
Mieux encore, si les habitants prennent part à l'ouvrage : «L'auto-construction offre la possibilité de mettre les mains, de mettre les choses en forme», indique Bernard Godbille, architecte à Lille. Avant d'ajouter : «Nous pouvons distribuer des matériaux mais ce qui est intéressant, c'est de permettre aux communautés de faire de l'auto-construction, aux familles de concevoir leur habitat d'urgence. Sans oublier qu'ils y apportent leur propre touche créative». Pour cela, les associations apportent des matériaux bon marché et surtout logistiquement transportables.
Mais il est indéniable que le premier habitat d'urgence monté pour les populations en difficulté reste la tente : «Il existe une multiplicité de tentes de manière à s'adapter aux différents environnements et climats. Parfois les tentes sont remplacées par des solutions durables mais le but premier ne doit pas être oublié : les personnes doivent retourner dans leur village et il faut que les communautés participent à leur reconstruction», indique Robert Mardini.
Des déséquilibres au niveau des populations.
Reste un problème, évoqué par la communauté international de la Croix Rouge, sur les déplacés : «Ils n'ont pas de terrain et ces populations sont souvent contraintes de partir dans l'urgence, s'installent où elles peuvent, dans des endroits sans hygiène ni sécurité sanitaire. Parfois, ils migrent même dans d'autres communautés directement», a déclaré Robert Mardini, ajoutant que cette configuration n'est pas sans risque : « A vouloir trop bien faire, on ne se rend pas compte qu'on va stigmatiser les peuples (…) On distribue de la nourriture, et tout le nécessaire pour vivre à ces communautés et cela crée des déséquilibres avec les populations résidentes car elles-mêmes sont pauvres mais doivent payer l'eau, le bétail… c'est donc un défi à relever trouver un équilibre entre les solutions toutes faites et la confrontation à l'environnement».