CONJONCTURE. Au troisième trimestre, les autorisations et les mises en chantier de logements neufs ont connu un "net rebond", d'après les chiffres officiels. Mais les autorisations n'ont pas retrouvé le rythme d'avant le printemps. Pour la FPI, le problème remonte à plus loin.
Les chiffres de la construction pour le troisième trimestre, publiés par le gouvernement le 28 octobre, montrent un "net rebond" : à la fois les mises en chantier et les autorisations de logements connaissent une augmentation de plus de 40% (respectivement +42,0% et +43,6%). Elles avaient fortement diminué au deuxième trimestre (respectivement -17,8% et -42,7%) du fait des contraintes sanitaires, rappelle le service des statistiques.
Une bonne nouvelle pour le secteur ? Oui, mais pas de quoi faire oublier qu'au troisième trimestre, les autorisations n'ont pas encore rejoint le niveau qu'elles avaient avant le confinement (-22% par rapport à la période de décembre 2019 à février 2020 et -17% par rapport à la moyenne des douze mois précédant le confinement). Les mises en chantier ont en revanche rattrapé et même dépassé les niveaux pré-confinement (respectivement + 6 % et + 9 %).
Sur un an, d'octobre 2019 à septembre 2020, 393.300 logements ont été autorisés à la construction, soit 43.900 de moins qu'au cours des douze mois précédents (-10,0%). Dans le même temps, 386.500 logements ont été mis en chantier, soit 22.900 de moins (-5,6%) que dans les douze mois précédents.
"La baisse de la construction est antérieure à l'épidémie"
Pour la Fédération des promoteurs immobiliers, ces chiffres "confirment une chute de la construction amorcée depuis trois ans". La FPI rappelle en effet que mi-2017, sur 12 mois, 500.000 logements étaient autorisés, dont 300.000 logements collectifs. Mi-2020, sur 12 mois, nous sommes descendus à 400.000 logements autorisés, dont 240.000 dans le collectif. "En trois ans, nous avons ainsi perdu 100.000 permis de construire par an, dont 60.000 dans le collectif", déplore-t-elle.
La baisse de la construction est donc "antérieure à l'épidémie", et si les élections municipales et l'épidémie "ont contribué à cette forte baisse", elles n'ont toutefois "qu'aggravé des tendances de fond, tenant en particulier à la remise en cause du besoin de logements neufs et à la mise en avant de la rénovation et de la lutte contre l'artificialisation des sols".
Mobilisation du secteur
Quant au rebond du troisième trimestre, il "traduit d'abord le fait que tout notre secteur s'est mobilisé pour rattraper le retard des chantiers depuis le début de l'été", défend la FPI. "Il n'y a pas d'effet de rattrapage", martèle la fédération, malgré le déconfinement et l'achèvement du cycle électoral. "Plus grave", il y a désormais plus de logements collectifs mis en chantier qu'il n'y en a d'autorisés.
Cette "inversion des courbes des permis et des mises en chantier, inédite depuis plus de dix ans, montre que le secteur vit sur les autorisations passées". La FPI prévient que les mises en chantier "sont appelées à plonger dans les prochains mois : la forte baisse de l'activité du BTP paraît inéluctable".