Les mises en chantier de logements neufs et les constructions de logements autorisés restent à la peine au premier trimestre 2013, selon les derniers chiffres du ministère de l'Ecologie. Cette situation atteignant le niveau plancher devrait se stabiliser au cours de l'année avant une éventuelle amélioration en 2014. Décryptage.
La construction de logements neufs en France demeure toujours à la peine. Toutefois, les statistiques publiées ce mardi 30 avril par le ministère de l'Écologie, du Développement durable et de l'Énergie laissent espérer une éclaircie.
Les autorisations de construction de logements individuels augmentent, en effet, de 21,2 % au premier trimestre 2013 par rapport à la même période de l'année précédente, alors qu'elles baissent pour les logements en résidence de - 36,4 % et pour les logements collectifs de - 5,2 %, souligne le baromètre.
Par ailleurs, sur les douze derniers mois d'avril 2012 à mars 2013, 502.300 logements ont été autorisés à construire, soit une baisse de 6,2 % par rapport aux douze mois précédents. Sur cette même période, la construction neuve, qui représente 87 % de l'offre de logements, baisse de 6,3 % par rapport aux douze mois précédents.
Autre constat majeur : avec 231.800 unités, le logement collectif recule de 8,0 %, celui du logement individuel -238.200 unités- ralentit de 3,8 %. "Sur ce dernier segment, l'individuel pur et l'individuel groupé sont en baisse respectivement de 3,7 % et 4,0 %" , ajoute l'étude. Le secteur du logement en résidence (32.300 unités) diminue de 9,3 %.
Les mises en chantier ont dévissé de 14,5 % dans l'individuel
Concernant les mises en chantier, là encore, au premier trimestre 2013, leur nombre s'élève à 83.929, soit une baisse de 11,2 % par rapport au premier trimestre 2012. "Ce repli affecte tous les secteurs, confirme le ministère de l'Ecologie : - 14,5 % dans l'individuel, - 5,6 % dans le collectif, - 27,7 % dans le logement en résidence." Le point noir demeure, en effet, les maisons individuelles. "C'est le nerf de la guerre, commente Michel Mouillart, professeur d'économie à l'Université Paris-Ouest. D'après lui, le manque d'appétit pour les maisons individuelles s'explique par la mise en place depuis le 1er janvier dernier d'une nouvelle mouture du prêt à taux zéro consommé essentiellement par les primo-accédants.
Sur un an, d'avril 2012 à mars 2013, le nombre de mises en chantier de logements s'élève à 335.900, soit en baisse de 18,0 %. En détail, plus de 154.100 logements collectifs et 162.100 logements individuels ont été également mis en chantier sur la même période ; soit respectivement une baisse de 19,8 % et 15,6 %. Egalement, 19.700 logements en résidence ont été mis en chantier, soit une diminution de 22,5 % par rapport aux mêmes douze mois précédents.
Ces toutes dernières statistiques du ministère du Logement "confirment que l'on a descendu une nouvelle marche", relève également Michel Mouillart. Parmi les principaux facteurs, le nouveau PTZ+, s'avère, d'après l'expert, "moins favorable pour les ménages modestes les plus concernés et qui achètent en général hors agglomération". De même, le dispositif qui s'est substitué début 2013 au Scellier, baptisé "Duflot" du nom de l'actuelle ministre qui a porté le projet, "semble n'avoir toujours pas convaincu." Et de souligner : "A cela s'ajoute un environnement économique difficile - une croissance atone, une consommation en berne et un niveau de chômage record - qui exacerbe la frilosité des promoteurs et investisseurs."
En revanche, alerte le spécialiste, comparé aux dernières données publiées le mois dernier, (-22% entre décembre 2012 et février 2013) , la dégringolade du logement neuf semble avoir atteint un plancher. "L'année ne va pas être bonne, comme attendu. Mais on a l'impression que l'on est en train d'atteindre un point bas dans le grand mouvement de dégradation", estime-t-il.
"Stabilisation" en 2013 et de la "lumière" l'année suivante ?
Globalement, sur cette année, la moyenne des mises en construction devrait continuer d'évoluer autour des 320.000 unités. Bien loin de l'objectif de 500.000 logements neufs par an, fixé, il y a quasiment un an jour pour jour par le président François Hollande et qui permettrait de combler, selon Michel Mouillart, le déficit d'habitations dans les régions les plus dynamiques comme l'Ile-de-France, Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d'Azur.
En résumé, "2013 ne devrait pas voir d'amélioration très marquante dans le secteur mais plutôt s'inscrire", d'après le spécialiste, comme "une année de stabilisation". "Alors, on verra éventuellement quelques éléments positifs en 2014", assure l'expert.