Bertrand Delanoë a demandé mercredi au préfet de police de Paris Pierre Mutz de renoncer à toute opération d'évacuation d'immeubles insalubres. Premier exemple de sa détermination : la réintégration mercredi soir des habitants d’un immeuble de la capitale expulsés un peu plus tôt dans la journée.

Dans une lettre au préfet de police, M. Delanoë fait valoir que «depuis le début de cette mandature, la Municipalité a placé au coeur de sa politique du logement la lutte contre l'insalubrité», ayant mandaté plusieurs de ses sociétés d'économie mixte pour qu'elles réhabilitent des immeubles dégradés. «Depuis plus de quatre ans, ce sont 2700 familles - soit environ 13000 personnes - que la Ville de Paris a pu reloger», note le maire.

M. Delanoë rappelle aussi avoir souligné publiquement, lors des évacuations, «l'attention prioritaire que nous accordons à la vie des personnes, cette dimension primant sur toute autre considération». «J'ai également précisé que de telles mesures impliquaient la définition, en amont, de solutions de relogement dignes, proposées à ces familles», note le maire de Paris. Considérant que ces principes n'ont pas été respectés, et notant que les immeubles évacués «ne semblaient pas tous poser de problèmes impérieux justifiant leur évacuation immédiate», M. Delanoë demande qu'il soit mis un terme aux expulsions au profit «d'une autre démarche, plus efficace et plus respectueuse des personnes». Il faut, estime-t-il, trouver «les moyens de mieux concilier l'indispensable mise en sécurité des populations» et «le souci d'anticiper réellement les éventuels relogements ou hébergements nécessaires».

Le maire propose une «mise en commun» des «éléments d'évaluation sur les risques relevés dans les immeubles parisiens considérés comme insalubres», afin de définir conjointement «un ordre de priorité des immeubles pour lesquels un effort exceptionnel doit être engagé afin de reloger au plus vite leurs occupants». En outre, «au cours de cette période transitoire», il s'agira de s'assurer «que des mesures conservatoires de sécurité sont effectivement mises en oeuvre, partout où elles s'avèrent aujourd'hui insuffisantes, voire inexistantes». Selon le maire, «pour les immeubles privés, des travaux d'office en matière de sécurité devront être imposés».

«Relogement express»
Premier exemple de la détermination du maire de Paris à stopper les évacuations : des habitants expulsés mercredi d'un immeuble du XIe arrondissement de Paris ont été réintégrés dans la soirée dans l'immeuble, «jusqu'à leur relogement très prochain», a annoncé un communiqué de la mairie de Paris. Trois familles dont des enfants en bas âge, ainsi que quelques célibataires, avaient été expulsées mercredi de cet immeuble de la rue Carrière-Mainguet, où elles squattaient depuis plusieurs années, avait annoncé dans l'après-midi le DAL (Droit au Logement), qui s'est félicité de ce «relogement express». Il s'agissait d'une procédure civile et non d'une évacuation pour cause d’insalubrité, que la préfecture de police de Paris multiplie depuis les incendies dans deux squats parisiens qui ont fait 24 morts à la fin de l'été.

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