Une maison en brique, chauffée au gaz par une boucle d'eau chaude et disposant d'une ventilation mécanique simple flux : telle est l'habitation BBC type, décrite par la nouvelle enquête de Promotelec. L'association dresse un troisième bilan annuel de la construction basse consommation, intégrant les constructions ayant appliqué la RT 2012 par anticipation (avant le 1er janvier 2013).
La RT 2012 impose, depuis le 1er janvier 2013, de construire des maisons adoptant le niveau de dépense énergétique des bâtiments basse consommation (BBC), soit 50 kWhep/m²/an. Dans le cadre de "l'Observatoire du confort dans l'habitat", l'association Promotelec a réalisé une grande enquête annuelle sur les tendances de la construction BBC en 2013, intégrant donc pour la première fois les bâtiments ayant appliqué la nouvelle réglementation thermique par anticipation. En tout, 61.500 logements ont été analysés : 46.900 dans le collectif et 14.600 dans l'individuel. Et les tendances observées les années précédentes se trouvent confirmées.
Pour le bâti, les modes constructifs n'ont pas évolué : la brique domine le marché des logements BBC dans la maison individuelle (49 % des cas) et du collectif (45,5 %). Elle devance le béton - incluant le parpaing - qui représente un peu plus de 32 % dans l'individuel aussi bien que dans le collectif. "Par ailleurs, la maturité des entreprises pour traiter l'étanchéité à l'air du bâti est confirmée", annonce l'étude. "En revanche, un nombre important de logements n'atteindrait pas les exigences actuelles fixées par la RT 2012 relatives à l'accès à l'éclairage naturel", souligne-t-elle. Concernant le système de chauffage et la production d'eau chaude sanitaire (ECS), les solutions à gaz restent largement dominantes : elles représentent 75 % du marché du chauffage et 66 % de l'ECS. L'électricité arrive loin derrière, n'équipant que 15 % des logements, individuels ou collectifs. La moitié de ces habitations utilise toujours l'effet Joule, tandis que l'autre moitié est équipée de systèmes thermodynamiques. "On observe également le recours massif (90 % des logements) à une distribution du chauffage par la boucle d'eau chaude dans des bâtiments bénéficiant d'une isolation renforcée, ce qui requiert un système de régulation très performant", note Promotelec. Du côté des équipements et bouquets de solutions, l'étude montre que la ventilation mécanique contrôlée simple flux reste la solution préférée des maîtres d'ouvrage. Le bouquet "chaudière gaz + ECS gaz + VMC simple flux hygro B" domine le logement collectif (64,3 %). "Mais en maison individuelle, cette solution est dorénavant challengée par le bouquet PAC + ECS thermodynamique", précise l'association.
Quelles évolutions entre le BBC RT 2005 et la RT 2012 ?
L'étude Promotelec s'est également penchée sur les évolutions apportées par la RT 2012. Elle dessine les grandes tendances : accroissement de l'isolation thermique par l'intérieur (alors que le BBC RT 2005 donnait une large place à l'ITE), diversification des signatures architecturales dans des environnements urbains parfois très contraints, évolution des modes de production de chauffage et d'eau chaude sanitaire (PAC hybride double service, réseaux de chaleur, systèmes thermodynamiques, solutions biomasses) et possibilité d'user de l'effet Joule "moyennant une qualité bioclimatique renforcée sans nécessairement avoir recours au photovoltaïque". L'enquête, menée sur 3.450 logements collectifs note également "des marges possibles de progrès sur la qualité bioclimatique (Bbio)". Spécifiquement, plus d'un tiers des maisons individuelles bénéficieraient d'un bâti bioclimatique de 20 % supérieur au niveau réglementaire. En collectif, en revanche, 77 % des logements seraient plus performants bioclimatiquement de 10 %, 52 % dépassant le niveau réglementaire de 20 %.Promotelec conclut : "Ces réalisations illustrent d'ores et déjà les voies complémentaires permettant de s'engager vers l'Habitat responsable de 2020 à un coût maîtrisé et abordable". L'association recommande d'apporter une plus grande attention à la réduction des émissions de CO2, au choix des matériaux et à la consommation d'eau. Elle souligne également l'importance de l'adaptation des espaces aux différentes étapes de la vie, l'accompagnement nécessaire des habitants pour faire évoluer leurs comportements et les enjeux de la qualité de l'air ou de la production locale d'électricité.