POLITIQUE. Plusieurs grands acteurs du secteur du logement unissent leurs forces et tirent une nouvelle fois la sonnette d'alarme. Ils demandent à l'État d'agir face à la crise du logement.
La crise de la construction neuve s'aggrave. Au point que plusieurs grands acteurs du secteur du logement, comme la Fédération nationale de l'immobilier (Fnaim) ou l'Union sociale pour l'habitat (USH), ont décidé de continuer de mener leur action collective, sous le nom Alliance pour le logement*. Avec d'autres fédérations et organisations, ils annoncent, dans un communiqué, "poursuivre leur démarche commune pour défendre la politique du logement" - sachant qu'un premier avertissement avait été formulé en mai 2023.
Les professionnels affirment avoir plusieurs raisons pour "ancrer cette alliance dans le temps" et listent une série de propositions pour imaginer "une véritable politique nationale du logement". La première concerne la crise de l'habitat, qui touche tout autant le neuf que l'ancien, l'accession que le locatif, le social que le privé. "Sans actions immédiates, concrètes et responsables des pouvoirs publics, la crise sera économique et surtout sociale", prévient le mouvement collectif.
* L'Alliance pour le logement rassemble la Fédération française du Bâtiment (FFB), l'Union sociale pour l'habitat (USH), la Fédération nationale de l'immobilier (Fnaim), la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI), Pôle Habitat FFB, Procivis, l'Unis, l'Union nationale des notaires employeurs (UNNE), l'Union des architectes (Unsfa) et l'Union nationale des Économistes de la construction (Untec).
Selon lui, le plein-emploi comme la réindustrialisation de la France, que souhaite atteindre Emmanuel Macron durant son mandat, ne pourront être réussis "si la mobilité des salariés est entravée par l'impossibilité de se loger". Le collectif estime que c'est une question d'enjeux de fractures sociales et de cohésion territoriale.
Budget, formation, transition
Le communiqué envoyé par l'Alliance pour le logement à la presse s'adresse explicitement aux pouvoirs publics. Le mouvement assure qu'il attend de leur part des mesures "lisibles, pragmatiques et pérennes", et soutient que "les coupes budgétaires et les à-coups ne constituent pas le bon chemin pour mener une véritable politique du logement qui réponde aux enjeux". Toujours sur la question financière, elle affirme que "l'accession à la propriété des ménages aux revenus modestes et la rénovation énergétique du parc existant, pour les propriétaires bailleurs comme occupants, ne se fera pas sans outils et moyens financiers adaptés".
En outre, elle réclame davantage d'investissements pour la formation, notamment sur les questions écologiques et numériques. "La filière a besoin d'une vision stratégique et d'accompagnement concret tant pour les formations initiales que continues", déclare l'union.
Sur la question de la transition écologique, les partenaires de cette alliance estiment que la planification demande des "transformations d'organisation et de modèles". "Il s'agit d'objectiver les phases de transition comme les freins, notamment financiers, dans un contexte devenu très volatil, avec une inflation qui s'installe et des conditions de financement qui se dégradent", poursuivent-ils. Ils réclament ainsi "de la cohérence dans la durée" de la part de l'État. "Les projets actuels visent à préserver les sols, à renforcer la biodiversité, à faciliter le réemploi et à mieux traiter les déchets. Si les acteurs sont impliqués, ils ont besoin de cohérence en matière de stratégie énergétique et de stratégie foncière." Mais selon eux, la décarbonation de "l'acte de construire" ne dépend pas uniquement des professionnels de la filière mais aussi de l'État, des collectivités, des industriels et distributeurs.
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