"Le logement est encore politique" (Ordre des architectes d'Ile-de-France)

 

Une équipe de 30 conseillers et elle ont mis en place, en ce début de mandat, trois délégations : une sur le patrimoine, les territoires et le logement ; une deuxième sur le métier et la commande ; et une troisième sur l'institution. Cette dernière travaille sur de nombreux enjeux, dont celui de l'accès à la profession.

 

Travailler avec d'autres experts

 

Surtout, les priorités de ce mandat sont de "ménager, habiter et transmettre", souligne Laurence Bertaud, lors d'un point presse ce mercredi 2 octobre 2024 au siège du Croaif à Paris. "Il faut transformer les territoires en les ménageant. Il faut aussi passer de l'idée 'd'habitat', soit la production de logements, à celle 'd'habiter' et s'intéresser aux nouveaux usages des habitants, en partenariat avec des philosophes et sociologues." La présidente du Croaif juge essentiel de permettre le "bien-vivre dans son logement" afin, in fine, d'arriver à "faire société" dans un monde en mutation.

 

"Les usages du salon et des chambres changent, les enfants et adolescents passent plus de temps sur les écrans. Il y a des choses à réinventer, c'est un enjeu d'aménagement des espaces et d'évolution de la société", estime-t-elle. Il est également question de "recréer des espaces partagés dans les immeubles, comme cela se fait aux Etats-Unis ou en Norvège. Il existe en France des programmes de ce type mais ils sont à la marge alors qu'ils génèrent du lien social."

 

Plus d'égalité

 

Sur un tout autre sujet, le nouveau mandat vise à encourager une plus grande égalité au sein de la profession. Le Croaif avait lancé en juillet 2024 un appel à participation pour constituer un groupe de femmes architectes qui collaborerait à sa commission "Égalité, diversité, inclusion". De ce groupe doit naître trois réunions afin d'identifier les besoins des professionnelles et imaginer des outils permettant une "plus grande égalité dans les métiers de l'architecture en Île-de-France".

 

La première séance s'est tenue en septembre en présence d'une douzaine de femmes architectes, cheffes d'agence ou salariées. "Il a été question de parentalité, d'accès à la commande ou encore d'entrée ou d'ancrage dans la profession", indique Laurence Bertaud. Deux autres rencontres sont prévues les 12 novembre et 10 décembre prochains aux Récollets, dans le Xe arrondissement de Paris.

 

 

Le nouveau gouvernement scruté

 

Interrogée par Batiactu sur la composition du nouveau gouvernement de Michel Barnier, Laurence Bertaud estime son espoir "limité". "Va-t-on arriver à faire changer la face du monde en deux ans ?", questionne-t-elle, avant d'ajouter que le Croaif se veut "optimiste et regarde vers l'avenir pour accompagner les parlementaires" dans leurs missions, notamment sur les questions de transition écologique, transition des territoires et de logement.

 

L'architecte se réjouit de voir les sujets de rénovation urbaine et d'écologie présents au sein des ministères, et est même soulagée de constater que le logement "est encore politique", faisant référence à la nomination d'une ministre du Logement et de la rénovation urbaine, Valérie Létard.

 

Quid de l'architecture ?

 

Quant à la stratégie nationale d'architecture, portée par la ministre de la Culture Rachida Dati, qui devait être présentée en juillet dernier et qui a finalement disparu des radars, Laurence Bertaud s'est voulue confiante. La ministre est restée à son poste signifiant certainement que la stratégie devrait être déployée. Un point retient cependant l'attention de la cheffe de file du Croaif, celui de la rénovation urbaine. Elle attend de voir comment les gouvernants la définissent, et espère qu'elle impliquera la transformation des territoires ou encore la densification.

 

L'objectif de Zéro Artificialisation nette (ZAN) visant à ralentir et à compenser l'artificialisation des sols en France sera revu. Le Premier ministre Michel Barnier a annoncé le 1er octobre que le Zan serait assoupli pour relancer l'industrie et la construction. "Pour construire, il faut du foncier. Nous devons faire évoluer de façon pragmatique et différenciée la réglementation Zan pour répondre aux besoins essentiels de l'industrie et du logement", a-t-il déclaré lors de son discours de politique générale. Laurence Bertaud réagit : "nous avions établi un dialogue sur le Zan avec les élus et les habitants. Il ne faudrait pas qu'il soit rompu."

 

Le Gouvernement semble avoir oublié l'environnement et la biodiversité dans le portefeuille du ministère de la Transition écologique, de l'Énergie, du Climat et de la Prévention des risques, confié à Agnès Pannier-Runacher. Sur ce point, la présidente du Croaif aimerait que la politique s'occupe davantage "du vivant" mais trouve encourageant que la "cohésion des territoires" fasse partie des missions du ministère.