ÉLECTIONS. Lors de la présentation parisienne de leur 4e rapport sur le mal-logement en Europe, la Fondation Abbé Pierre et la Feantsa ont convié 3 candidats aux élections européennes pour faire connaître leurs propositions en matière de logement abordable.
A l'échelle de l'Europe, les organisations pour l'accès au logement se frottent à un paradoxe. Si la crise de l'habitat traverse tout le continent à quelques exceptions près, l'Union européenne n'est pas compétente en la matière.
Laurent Ghekiere, représentant de l'Union sociale pour l'habitat auprès de l'Union européenne estime pourtant que la question du logement abordable peut s'engouffrer dans certains dispositifs de financement européens. Le fond Juncker II par exemple, qui a déjà permis de financer des opérations de construction ou de rénovation de logements sociaux, mais aussi "Invest EU", un fonds en cours de négociation qui consacre "4%" de son enveloppe au logement et sur lequel "on peut aller beaucoup plus loin", juge Laurent Ghekiere.
Ce dernier appelle également à se saisir de l'échéance électorale européenne pour organiser, à l'issue des scrutins, "un sommet européen du logement qui permettra de débattre de la situation". En janvier dernier, l'antenne bruxelloise de l'USH et plusieurs organismes européens gravitant autour de l'habitat avaient émis un ensemble de propositions qu'ils espéraient instiller dans les différents programmes des candidats aux européennes.
Qu'en ont fait les partis en lice pour cette élection ? Le 3 avril 2019, Pierre Larrouturou (Nouvelle donne - PS - Place publique), Leïla Chaibi (La France insoumise) et David Cormand (Europe Ecologie - Les Verts) étaient les seuls à avoir accepté de présenter leur copie.
Imposer une règle des 3% pour le logement
Reprenant le seuil des 3% de déficit public autorisé par l'Union, l'eurodéputé Pierre Larrouturou appelle à en faire de même pour le logement, en fixant un objectif de "moins de 3% de mal-logés, et zéro sans-abris". De même que la règle des 3%, un non-respect des objectifs de logement ferait tomber des sanctions financières. Et de proposer que le fonds de réserve des retraites soit alloué aux marchés de la construction et de la rénovation, ce que "la France peut faire sans attendre l'Europe".
Pour la candidate Leïla Chaibi, 3e sur la liste Insoumis aux européennes, c'est bien l'organisation même de l'Union qui porte préjudice aux politiques de logement des États-membres. "Les traités actuels empêchent de considérer le logement comme un droit fondamental de même que les politiques d'austérité, comme c'est le cas en Grèce", a-t-elle déploré.
La candidate au Parlement européen regrette par ailleurs que le logement soit soumis "au dogme de la concurrence", empêchant "les États-membres de mettre en place une politique du logement volontariste car rappelés à l'ordre par la Commission européenne".
L'écologiste David Cormand, conseiller parisien, appelle tout simplement à élever le logement en tant que "droit", et à créer "un droit opposable au logement au niveau européen".