L'Ordre des architectes organise pour la première fois des universités d'été autour d'un thème : le logement. De quoi s'agit-il ? Quels sont les objectifs de cet événement ? Les réponses de Catherine Jacquot, présidente du Conseil national de l'ordre des architectes.

Batiactu : Vous organisez vos premières universités d'été sur le thème du logement. Un sujet qui vous tient particulièrement à cœur…
Catherine Jacquot :
Bien sûr, la crise du logement est un véritable défi pour notre pays. L'habitat n'est pas un produit. C'est un processus : nous habitons un quartier qui est inséré dans un contexte en lien avec son environnement. Si les architectes travaillent sur les économies d'énergie, sur le confort du logement, son usage et l'adaptent aux futurs occupants, ils n'oublient pas de l'intégrer dans un paysage social et naturel. L'approche du logement doit toujours être extrêmement sensible.

 

Batiactu : Deux thèmes majeurs jalonnent les universités d'été, pouvez-vous nous les présenter ?
Catherine Jacquot  :
Le premier s'organise autour de la problématique : "Habiter la métropole". Nous tenterons de répondre à la question : "Comment construire une ville avec une certaine densité pour la rendre harmonieuse, et accessible à tous?". Le deuxième thème est "Le logement : mutation et innovations". Nous aborderons, ici, les évolutions du logement à travers les changements de la société : l'intergénération, la population des seniors, les familles monoparentales, et également les nouvelles exigences environnementales. Nous débattrons également des missions des architectes qui suivent ses évolutions, du rôle de la maitrise d'ouvrage publique et privée pour que la qualité des logements grandissent et soient réellement proche des modes de vie.

 

Batiactu : Les universités d'été de l'architecture se déroulent en deux temps : pendant l'été, les acteurs de la construction (architectes, élus, maîtres d'ouvrage etc.) peuvent contribuer sur un site internet www.universités-architecture.org et dans un deuxième temps avec l'organisation d'un colloque le 16 Octobre à Marseille. Pourquoi avoir choisi cette ville ?
Catherine Jacquot :
Marseille est un creuset de la diversité. Elle a également été Capitale de la culture en 2013. Marseille a connu de profondes transformations urbaines au cours de ces dernières années : nouvel aménagement du port, construction de grands équipements dont le MUCEM est le plus bel exemple. Elle est riche d'un habitat social proche du centre-ville, et va construire sa métropole. Elle est assez emblématique de la question urbaine en France aujourd'hui. Jean-Claude Gaudin, maire de Marseille et plusieurs élus de la métropole marseillaise vont apporter leur témoignage durant l'événement.

 

Batiactu : Au final, quels sont vos objectifs ?
Catherine Jacquot : Tout d'abord, l'ensemble des contributions recueillies sur notre blog , tout au long de l'été, servira de matière pour enrichir notre réflexion sur les conséquences des évolutions urbaines sur l'exercice de l'architecture , sur les moyens pour augmenter la construction des logements dont l'insuffisance dans les régions tendues est un véritable fléau social, s pour mieux définir et accroitre la place de l'architecture et de l'architecte dans ce processus. Nous nous adressons aux architectes et à tous les partenaires de la maitrise d'œuvre, aux urbanistes, aux pouvoirs publics, aux élus, et aux maîtres d'ouvrage publics et privés . Nous disposerons ainsi d'un corpus d'idées et de témoignages pour élaborer une vision prospective afin que les architectes puissent adapter leurs agences et leurs méthodes de travail aux nouveaux enjeux et proposer une offre de services de qualité.

Batiactu : A travers ces universités, vous montrez votre engagement sur le logement. Que pensez-vous des dernières annonces gouvernementales ?
Catherine Jacquot  :
Nous saluons la volonté de simplification des normes car elle va dans le sens du confort et de l'usage et d'une gestion plus pertinente de l'établissement des normes, mais il faudra aller plus loin, les mesures prises par le gouvernement ne nous semblent pas, pour le moment, donner les résultats attendus. Pour construire 500.000 logements par an, il nous faudrait agir au moins sur deux leviers : tout d'abord sur le foncier afin d'en maitriser le coût notamment en zones tendues. Par exemple, dans d'autres pays européens comme l'Allemagne, lorsqu' un propriétaire de terrain disposant d'une certaine constructibilité, ne construit pas ou ne remplit pas l'objectif de constructibilité fixé pendant plusieurs années, la puissance publique exerce son droit de préemption. Il faudrait également accélérer la libération et la vente des terrains publics. Deuxième levier d'action : les autorisations de construire. Nous pensons que les maires subissent beaucoup de pressions qui freinent la construction de logements notamment sociaux. Nous observons qu'en plus de l'importante diminution des permis de construire depuis les élections municipales, ce sont 15.000 logements programmés qui sont à l'arrêt, alors que 3,5 millions de nos concitoyens sont mal logés.

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