DIAPORAMA. Douze architectes de renom ont accepté de rendre hommage à Le Corbusier, figure mythique de l'architecture moderne, dans un livre intitulé "Cher Corbu". Lui adressant une lettre, chacun livre sa perception, son émotion, et ses doutes sur celui qui est devenu l'architecte français le plus connu au monde.
Le défi était de taille pour Sylvie Andreu, ancienne journaliste à France Culture. Comme elle le confie "faire parler douze architectes sur Le Corbusier, dont on a tout dit, n'était pas chose aisée".
C'est pourquoi elle a choisi le format épistolaire, mode d'expression très apprécié du créateur de l'église de Ronchamp, pour son livre "Cher Corbu". Une manière simple et pudique de transmettre des émotions, un respect mais aussi des doutes, des incompréhensions. Tour à tour, Frédéric, Borel, Jean-Louis Cohen, Nicolas Michelin, Odile Decq ou encore Claude Parent dévoilent leur vision et leur perception de Le Corbusier. Certains l'ont rencontré à l'instar de Michel Holley qui n'hésite pas à décrire ce moment "comme le plus important instant de sa vie"! De son côté, Paul Chemetov confie juste humblement : "J'ai connu le grand homme".
Une influence et une inspiration
Le Corbusier a donc marqué les esprits de ses congénères. D'une manière ou d'une autre. Il les a influencés, inspirés, portés… dans leur projet. Bien sûr, le livre se veut davantage dans l'hommage que dans la critique. Et c'est bien normal. Néanmoins, quelques voix se distinguent comme celle d'Odile Decq. La dessinatrice du musée d'art contemporain de la ville de Rome confesse dès le début de sa lettre qu'il n'était pas "sa tasse de thé (…) ni architecturalement parlant, ni en tant qu'homme". Mais elle avoue aussi avoir été épatée lors de sa visite du couvent de la Tourette, à tel point qu'aujourd'hui elle n'ose plus y retourner afin de conserver ce sentiment d'"incroyable de paralysie".Des anecdotes, de l'intimité
Autre architecte, autre anecdote. Jean-Marie Duthilleul se rappelle de l'annonce de la mort de l'architecte. Un moment fort : "J'étais ému. Mon père et moi étions au bord de la mer, se remémore-t-il. Je me souviens que c'était lui qui avait construit la cantine de mon village dans la Sarthe. Elle était sur pilotis avec une toiture plantée. J'ai finalement baigné dans du Corbusier depuis toujours…" Outre les mots, les douze architectes ont également pu s'exprimer à travers un dessin ou une photo. Une autre manière pour eux de transmettre leur sentiment, leur perception. Le tout pour créer un portrait de ce "cher Corbu" en toute intimité... et sincérité !Cher Corbu - Sylvie Andreu - Editeur : Bernard Chauveau - Collection Couleurs Contemporaines section "Architecture" 20x25cm/56pages /12 illustrations /22,50 euros.
Dessin de Frédéric Borel
"Je ne suis pas un inconditionnel de Le Corbusier, question
de génération, mais j'ai un grand respect pour la liberté
avec laquelle il a mené son oeuvre et sa vie", note Frédéric Borel dans sa lettre.
de génération, mais j'ai un grand respect pour la liberté
avec laquelle il a mené son oeuvre et sa vie", note Frédéric Borel dans sa lettre.
Odile Decq
"On ne peut pas dire que tu sois ma tasse de thé : ni architecturalement parlant car je n'aime pas trop les idéologues et tu en étais un, ni en tant qu'homme car je soupçonne que tu étais misogyne et n'aimais pas beaucoup les autres (...)", souligne Odile Decq.
Michel Holley
"Précurseur, il le fut aussi dans l'usage des médias,
publications, interpellations, conférences", explique Michel Holley.
publications, interpellations, conférences", explique Michel Holley.
Nicolas Michelin
"Ce qui me touche aussi très intimement, c'est cette fin de vie au Cabanon, comme si le dernier message que tu voulais faire passer était celui de l'Ascèse", note Nicolas Michelin.