La proposition Q10 de simplification de la réglementation, qui prévoyait de remonter le coefficient des ponts thermiques, n'a pas été retenue par la DHUP. De quoi rassurer les spécialistes de l'isolation par l'extérieur.
Lors d'une réunion qui s'est tenue à la Direction de l'Habitat (DHUP), au début du mois de juillet, différentes mesures de simplification de la réglementation ont été discutées. L'une d'entre elles, codée "Q10" portait sur le coefficient linéique des ponts thermiques à la jonction plancher intermédiaire-mur extérieur. Elle prévoyait de remonter sa valeur, la faisant passer de 0,6 à 1 W/ml.K pour des immeubles collectifs. Cette proposition avait entraîné une levée de bouclier de la part des professionnels du mur manteau et de l'isolation par l'extérieur qui précisait que cette modification conduisait à ne plus traiter les ponts thermiques.
Des calculs, réalisés par les industriels du secteur, quantifient les pertes engendrées : 1 mètre linéaire de pont thermique non traité en zone climatique H1 induirait une consommation supplémentaire d'énergie de 77 kWh par an (soit 10 litres de fioul et 5 kg de CO2 rejetés dans l'atmosphère). A l'échelle d'un immeuble d'habitation R+3 neuf, offrant potentiellement plusieurs centaines de mètres de ponts thermiques non traités, la surconsommation atteindrait les 42.000 kWh de plus (soit 6.000 litres de fioul ou 6.000 m3 de gaz et des émissions de 3,4 tonnes de CO2). Et multiplié par des dizaines de milliers de logements à bâtir, le gaspillage prendrait une proportion inquiétante.
Une proposition qui n'a pas fait consensus
Contactée, le ministère nous a fait parvenir un court compte rendu qui précise que, "la proposition Q10 a été discutée mais n'a pas fait consensus entre les membres du groupe de travail". Il explique : "Les échanges ont notamment porté sur la nécessité de traiter les ponts thermiques qui, avec le renforcement de l'exigence sur le bâti, représentent dorénavant une part significative des déperditions, ainsi que sur la prévention des malfaçons liées au développement de l'humidité". Face à ce constat, la mesure a donc été écartée : "Concernant la réglementation thermique applicable aux bâtiments neufs, cinq mesures principales ont été présentées aux acteurs de la construction. La proposition Q10 n'en faisait pas partie du fait de l'absence de consensus autour de cette dernière".Mais a-t-elle été définitivement enterrée ou pourrait-elle encore faire l'objet de travaux, comme le craignaient les industriels ? Personne, au ministère du Logement, ne pouvait encore répondre à cette question ce jeudi 24 juillet.