Un rapport de France Stratégie et de la Dares développe ce mardi 28 avril les opportunités d'emplois entre 2012 et 2022. Qu'en est-il dans le bâtiment ? Quels sont les métiers porteurs des années à venir ? Réponses.
Alors que Pôle emploi a annoncé en début de semaine une nouvelle hausse du chômage pour le mois de mars, France Stratégie, organisme de réflexion au service du Premier ministre, a remis ce mardi 28 avril au ministre du Travail, François Rebsamen, les résultats du rapport du groupe Prospective des métiers et qualifications "Les métiers en 2022". Issue des éclairages de l'Insee, d'observateurs de la Dares et de branches sociales professionnelles, cette troisième étude prospective menée en 15 ans, dresse un panorama sur l'évolution des secteurs d'activité, ressources en main d'œuvre et décrypte 85 métiers dont ceux de la construction et des services associés.
Pour s'approcher un maximum de la vérité, France Stratégie et la Dares ont réalisé leurs prévisions entre 2012 et 2022 à partir de trois scénarios : une sortie de crise progressive - scénario central- avec une croissance projetée à 1,5 % par an, un scénario de crise avec une croissance de 1% par an, et un chômage maintenu à 10 % des actifs en 2022 ; et enfin un redémarrage rapide de l'économie - scénario cible - caractérisé par une croissance de 1,8% entre 2012 et 2022.
Concernant plus particulièrement la construction (BTP) et les services associés (gestion et promotion immobilières), l'avenir se veut plutôt morose puisque ces secteurs sont considérés comme les plus faibles contributeurs de création d'emplois. "Au terme de la projection, l'ensemble de ces activités resterait créateur net de 170.000 emplois entre 2012 et 2022, mais en créerait 100.000 de moins que dans la décennie passée", souligne l'enquête.
D'après le scénario central, 128.000 emplois seraient créés dans le la construction (BTP) et les services associés (gestion et promotion immobilières) sur la période 2012-2022 (+0,6% de créations nettes par an), représentant ainsi 554.000 postes à pourvoir, si l'on y ajoute près de 426.000 départs en fin de carrière. D'après l'étude, cela correspond à une croissance annuelle de 2,8% des effectifs contre 3% sur l'ensemble des métiers.
Toutefois, seuls 82.000 emplois (+0,4 de créations nettes par an) pourraient être créés d'après le scénario de crise, qui prévoit notamment "une dégradation des conditions de financement, avec par exemple des retards pris dans la construction de logements ou les dépenses de rénovation thermique." Enfin, le scénario cible, quant à lui, prévoit la création de 150.000 emplois (+0,7% de créations nettes par an).
Parmi les vingt métiers tous secteurs confondus qui offriraient le plus de postes entre 2012 et 2022, on peut citer les ouvriers qualifiés du second œuvre du bâtiment (166.000 postes). On note également la présence élevée des architectes et cadres (59.000 postes créés entre 2012 et 2022, ce qui représente chaque année 3,5% des effectifs du domaine), mais aussi des conducteurs d'engins du BTP (25.000 postes - 3,2%) ou encore les techniciens et agents de maîtrise du BTP (98.000 postes -3,2%).
La proportion de postes à pourvoir serait plus faible parmi les ouvriers peu qualifiés, notamment ceux du gros œuvre, (2,1%), des travaux publics et du béton (1,9 %), du second œuvre (2%) en raison d'une hausse limitée de l'emploi conjuguée à des départs en fin de carrière réduits. "Les embauches devraient cependant rester nombreuses sur ces postes soumis à un fort turnover , lié à des conditions de travail parfois difficiles mais aussi à des transitions vers des emplois plus qualifiés", analyse le document. Et d'ajouter : "Ces métiers devraient ainsi continuer à offrir des opportunités d'insertion et de promotion à des jeunes sans diplôme, notamment via l'apprentissage."
Combien de départs en fin de carrière à l'horizon de 2022 ?
Estimés à 426.000 sur la période 2012-2022, les départs en fin de carrière devraient d'après l'étude concerner chaque année 2,2 % des personnes en emploi dans le domaine professionnel du bâtiment et des travaux publics, soit une proportion légèrement inférieure à celle projetée pour l'ensemble des métiers (2,3 %). Toutefois, des disparités sont visibles selon les familles professionnelles : pour les postes peu qualifiés d'ouvriers, du second œuvre (20.000) comme du gros œuvre (32.000).
A noter également dans leurs diagnostics : les transformations à l'œuvre dans le secteur (nouvelles règlementations, innovations technologiques, utilisation de nouveaux matériaux, etc.)qui devraient se traduire par une montée des qualifications requises dans les différents métiers du bâtiment et des travaux publics. En particulier, ceux concernés par les lois issues du Grenelle de l'environnement : "qu'ils soient architectes, couvreurs ou électriciens."
"Ce rapport nous rendra plus intelligent", François Rebsamen
"Ce nouvel outil doit permettre de mieux anticiper les mutations et blocages du marché du travail", a rappelé Jean Pisani-Ferry commissaire général de France Stratégie. Désormais, avec 80 % des recrutements qui seront liés aux départs en retraite, les directeurs de Ressources humaines des sociétés du BTP pourront en tenir compte. "Avec, in fine, l'objectif d'améliorer l'orientation des jeunes et la formation professionnelle des moins jeunes", poursuit-il.Et François Rebsamen, ministre du Travail de conclure : "Ce rapport nous rendra plus intelligent car il permet avant tout d'étudier les mutations des métiers d'avenirs et d'accompagner également les acteurs économiques dans leur décision."