La construction du Burj Khalifa et la crise économique mondiale de 2008 seraient-elles liées ? C'est la conclusion d'une étude publiée par la banque britannique Barclays, qui estime que l'édification de tours géantes précèderait quasi-systématiquement des crises financières. Explications.
La banque britannique Barclays a publié une étude mettant en relation construction de gratte-ciel et crise financière. Il faudrait donc, selon la vénérable institution, que les investisseurs se montrent prudents en Chine et en Inde, où les projets démesurés se multiplient : les 2e et 3e plus hautes tours du monde y sont actuellement en chantier («India Tower» à Bombay de 700 mètres prévue pour 2016 et «Shanghai Tower» dans la ville éponyme de 632 mètres prévue pour 2014).
L'étude s'attache à montrer une corrélation dangereuse entre la construction des plus grands immeubles du monde et l'imminence d'une crise financière : New York au tout début des années 1930 («Empire State» et «Chrysler» buildings) au moment du krach boursier ; Chicago en 1973 («Sears Tower») en plein choc pétrolier ; Kuala Lumpur en 1997 («Petronas Towers») en proie à une crise monétaire ; ou Dubaï en 2010 («Burj Khalifa»). Ce dernier exemple de tour géante de plus de 800 mètres de haut suffit à lui seul à illustrer la thèse développée dans l'étude. Le gratte-ciel le plus haut du monde, dont la construction avait été lancée en fanfare, a finalement été inauguré au moment même où l'Emirat était rattrapé par la crise financière et semblait incapable de rembourser une partie de sa dette.
Une bulle immobilière prête à éclater
Le lien, visible sur les 140 dernières années, ne serait pas le fruit du hasard selon les experts de la Barclays. Les immeubles frappés de gigantisme seraient le symptôme visible d'une pathologie plus large, une bulle immobilière en constitution. Ils reflèteraient une mauvaise affectation du capital et donc, l'imminence d'une «correction économique». Suite à la crise actuelle, un nouveau soubresaut serait donc à craindre en Asie vers 2016 : en effet, pas moins de quatorze tours seraient en chantier en Inde tandis que l'Empire du milieu prévoirait pas moins de 127 gratte-ciel à construire d'ici à 2017, donc cinq d'une hauteur supérieure à 500 mètres… Une explosion du nombre de projets immobiliers démesurés qui risque de mal finir pour les deux plus grandes économies du continent asiatique, selon la Barclays.