Alors qu'Arnaud Montebourg s'était prononcé en faveur de la création d'une compagnie nationale publique d'exploitation écologique des gaz de schiste, le Premier ministre, puis le Président de la République, ont successivement rappelé qu'il était exclu d'exploiter ces ressources en France. Retour sur une semaine de polémiques.
L'affaire est entendue : François Hollande a exclu, lors de son allocution du dimanche 14 juillet 2013, toute exploration du gaz de schiste pendant son mandat présidentiel. "C'est quoi le gaz de schiste ? Un eldorado, là, qu'il suffirait de creuser ?" a même ironisé le chef de l'Etat. La polémique avait démarré quelques jours plus tôt, lorsque le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, avait déclaré, lors d'une audition à l'Assemblée nationale qu'il pensait "qu'on arrivera avec la technologie, dans très peu de temps, au gaz de schiste écologique, où il n'y a pas de pollution". Un prérequis qui permettrait alors d'envisager l'exploitation de cette ressource contenue dans le sous-sol français, selon l'intéressé, qui avait également expliqué qu'il faudrait même la confier "à une compagnie nationale publique". Une solution qui aurait constitué un financement de la transition énergétique.
Mais ces propos, pas en ligne avec ceux du gouvernement, ont été rapidement contredits. Tout d'abord, Jean-Marc Ayrault, en déplacement à Bucarest (Roumanie) a averti, qu'il était "exclu d'exploiter des gaz de schiste en France (…) La position du gouvernement français consiste à travailler à préparer la transition énergétique, et le gaz de schiste n'est pas dans l'équation". Le coup de grâce a été porté par le Président de la République, trois jours plus tard. François Hollande a rappelé qu'un texte de loi de 2011 "interdit l'exploration du gaz de schiste sur la méthode de la fracturation hydraulique", la seule aujourd'hui disponible mais qui présente des risques pour les nappes phréatiques. "On en voit aujourd'hui un certain nombre de conséquences aux Etats-Unis", a également souligné le chef de l'Etat.
La fin des tergiversations
Une intervention qui met fin à une ambiguïté entourant les techniques d'exploration et d'extraction de ces hydrocarbures. Car si, au mois de septembre 2012, sept demandes de permis exploratoires avaient été annulés, deux mois plus tard, François Hollande avait déclaré que la recherche de techniques de forage alternatives se poursuivait et que si de nouvelles options apparaissaient, alors "il prendra(it) ses responsabilités". L'Académie des Sciences avait présenté, en janvier dernier, un rapport sur la transition énergétique qui recommandait "de reprendre le dossier des gaz de schistes et de réexaminer les conditions d'une extraction permettant de réduire, au moins partiellement, la facture et la dépendance de la France par rapport aux pays producteurs de gaz et de pétrole". Dans la foulée, des députés et sénateurs de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques avaient également proposé de lancer une étude pour ouvrir de nouvelles pistes, comme la fracturation au propane : "Nous voulons voir si nous pouvons utiliser des ressources de gaz ou de pétrole de schiste en France, si elles existent. Mais pour cela, il faut que la recherche se poursuive et que nous ayons des techniques qui permettent de fouiller le sous-sol de façon acceptable", préconisaient les parlementaires.
Des recommandations qui n'ont donc pas été entendues, pour le plus grand soulagement d'associations de protection de l'environnement, comme France Nature Environnement ou le fonds international WWF. Elles accueillent l'annonce présidentielle comme "une très bonne nouvelle". Reste à savoir si le lobby du gaz de schiste - qui aurait peut-être obtenu la tête de Delphine Batho, ministre de l'Environnement récemment démissionnée - acceptera ce revers.