Le groupe industriel français, créé en 1860 à Limoges, est aujourd'hui un acteur mondial du secteur des prises et des interrupteurs. Malgré ce statut, l'entreprise a réussi à ne pas délocaliser toutes ses unités de production vers des pays à main d'œuvre bon marché, et reste au contraire fortement ancrée dans l'Hexagone.

Le fabricant d'équipements électriques Legrand réussit le double exploit de résister à la crise de la construction et à la tentation de la délocalisation. Dans un article du quotidien économique Les Echos, différents employés et délégués syndicaux expliquent les raisons d'une telle situation : "La forte automatisation rend très faible la part de la main-d'œuvre dans le coût de fabrication sur certains produits", précise Michel Robert de la CFDT. Cette forte mécanisation de la production a été mise en place en parallèle avec l'adoption des principes du "lean manufacturing" ("fabrication maigre" en français). Ces derniers consistent à mener la chasse aux gaspillages, à optimiser les ressources et à adapter ses procédés afin de bénéficier d'un maximum de réactivité. La société a, par exemple, investi 1,5 M€ dans un atelier de peinture afin de ne pas externaliser cette tâche et de conserver la rapidité d'exécution.

 

Legrand applique donc ces principes, notamment en régionalisant fortement sa production. Présent dans plus d'une centaine de pays, dont les normes électriques et les habitudes varient grandement, le fabricant a choisi de produire au plus près de ses marchés. Une politique qui a plusieurs avantages, dont celui de limiter l'impact des taux de changes monétaires ou de réduire les frais et les délais de livraison. Antoine Burel, le directeur financier du groupe, détaille aux Echos : "Nous gardons donc en France la majeure partie des produits à destination du marché français ou des pays proches". D'autre part, l'entreprise a lancé, depuis six ans, une politique de plateformes communes, permettant de mutualiser des composants standardisés au cœur de différents produits. La montée en gamme, face à des produits importés à vil prix, expliquerait aussi la bonne résistance du groupe français.

 

Croissance organique et croissance externe
Dans l'Hexagone, la société possède de nombreux sites de production, rachetés au cours de sa longue histoire : dans les environs de son fief limougeaud tout d'abord, mais également en Normandie (Malaunay et Fontaine-le-Bourg), en Isère (Saint-Marcellin et Pont-en-Royans), dans l'Aisne (Senlis et Guise), dans les Alpes-Maritimes (Sophia-Antipolis)… En tout, Legrand emploie plus de 6.000 personnes en France, un chiffre qui s'élevait toutefois à 9.000, voilà 10 ans. Mais les syndicalistes assurent qu'aucun licenciement économique n'a été nécessaire : le non renouvellement des effectifs et l'incitation à des départs en retraite anticipé auraient suffi à réduire d'un tiers les effectifs.

 

Au niveau mondial, le groupe français détient 20 % du marché, faisant de lui le numéro un de plusieurs secteurs (prises, interrupteurs, cheminement de câbles électriques). Les deux tiers de son chiffre d'affaires de 4,46 Mrds € sont réalisés à l'export (dont 35 % dans des pays émergents). Pour l'année 2014, Legrand estime que ses ventes devraient légèrement croître (jusqu'à +3 %), grâce à sa seule croissance organique, notamment dans les "nouvelles économies". Parallèlement, la société poursuivra sa stratégie d'acquisition stratégique, très active.

actionclactionfp