La Commission éolienne du SER souhaite que les pouvoir publics fixent des objectifs ambitieux pour le développement de l'éolien offshore. Si l'objectif des 6.000 MW opérationnels ne semble pas pouvoir être atteint en 2020, les professionnels estiment possible de viser les 7.000 MW en 2025 puis les 15.000 MW cinq ans plus tard.
Les gouvernements successifs ont lancé deux appels d'offres pour l'implantation de fermes éoliennes en mer sur six zones géographiques. Si ces premières étapes permettent de poser les jalons d'une filière industrielle, notamment en construisant des usines d'assemblage des turbines et des mâtures, la mise en service des parcs n'est pas attendue avant 2017-2019 voire 2021-2023… Et la puissance cumulée de toutes ces installations atteint seulement 3.000 MW, soit moitié moins que l'objectif fixé à l'origine pour 2020. Face à cette situation, le Syndicat des énergies renouvelables (SER) a décidé de proposer aux pouvoirs publics une feuille de route qui tiendrait à la fois compte du potentiel maritime exploitable, de la capacité industrielle des acteurs du secteur et de la concertation entre les différents usagers de la mer. Un document qui arrive peu de temps après la publication par le Cosei (Comité stratégique des filières éco-industries du Conseil national de l'industrie) d'un certain nombre de mesures destinées à simplifier les procédures d'approbation et d'installation des ouvrages relatifs aux énergies marines.
L'Etat doit amplifier le mouvement
D'après les chiffres avancés par la Commission éolienne du SER, il serait possible de viser une puissance installée de 2.000 MW en 2020, de 7.000 MW en 2025 et de 15.000 MW en 2030. A condition toutefois que l'Etat lance de nouveaux appels d'offres à projets d'envergure (5.000 MW) en 2014 et 2016, et qu'il amplifie le mouvement en 2018 et 2020 avec des projets de 8.000 MW. Si tel était le cas, le SER affirme qu'environ 30.000 emplois nouveaux seront créés sur l'ensemble de la chaîne de valeur, c'est-à-dire de la conception en amont (R&D, ingénierie) jusqu'à l'exploitation et la maintenance des parcs (y compris dans des domaines connexes comme le transport maritime ou le secteur portuaire). De plus, l'hypothèse ne prendrait en compte que la technologie éolienne offshore posée sur le fond marin qui ne peut être implantée que jusqu'à des profondeurs de 50 mètres. "Par opposition, l'éolien flottant, qui présente une maturité moindre à l'heure actuelle, permettra à terme d'installer des éoliennes à des profondeurs plus importantes, et d'accroître encore le potentiel de la filière", souligne le document.
Un plan réaliste
Deux grands groupes industriels français, Alstom et Areva, sont d'ores et déjà impliqués dans la fourniture des 350 turbines qui équiperont les six parcs marins prévus à ce jour. Des usines sont actuellement en construction à proximité des zones sélectionnées pour le déploiement des éoliennes, au Havre, Saint-Nazaire et Cherbourg. La feuille de route rappelle que nos voisins européens se sont également lancés dans le développement de cette énergie marine : ainsi, le Royaume-Uni, qui dispose d'un fort potentiel lié à sa position géographique, projette que 33.000 MW seront installés en 2030 et l'Allemagne, qui sert le plus souvent de référence, prévoit 25.000 MW à la même période. Selon le scénario du SER, la France serait donc encore en-deçà de ses principaux concurrents, cela en dépit des nombreux atouts de notre pays : un espace maritime étendu (11 millions de km²) réparti sur toutes les mers du globe, un savoir-faire reconnu dans les domaines de l'énergie et de l'industrie navale, une maîtrise des technologies clefs (mécanique, électronique) et des capacités portuaires adéquates. Quant au coût de la feuille de route, s'il n'est pas clairement mentionné, les professionnels du secteur tablent sur une réduction de 25 à 50 % de l'investissement nécessaire aux projets qui seront lancés en 2020 par rapport à ceux lancés en 2011-2012, grâce à des économies d'échelle sur la chaîne d'approvisionnement, à l'optimisation des méthodes d'installation en mer, à l'augmentation de la productivité des machines et la diminution des coûts d'exploitation.