Le groupe de travail "Bim et gestion du patrimoine" réuni par Plan Bâtiment Durable et piloté par Pierre Mit, président de l'UNTEC, et Frank Hovorka, du département pilotage de la Caisse des dépôts, a présenté ce jeudi 27 mars son rapport. Détails des mesures proposées.
La maquette numérique fait son chemin dans le secteur du bâtiment. Et ses avantages sont désormais relayés par le Gouvernement : les acteurs du bâtiment - groupes de travail, clusters, PUCA, écoles etc. - qui travaillent sur cette question se sont en effet réjouis d'entendre Cécile Duflot annoncer parmi ses Objectifs 500.000, la création d'une "Carte Vitale du Bâtiment". Parmi eux, Pierre Mit et Frank Hovorka, les co-pilotes du groupe "Bim et gestion du patrimoine" réuni par le Plan Bâtiment Durable, dont c'est l'une des propositions-phares.
Objectif de ce groupe de travail : "permettre à la maquette numérique de devenir un véritable outil au service du bâtiment durable". Pas moins de deux cents acteurs pendant neuf mois ont ainsi contribué à faire émerger quatre grands axes de propositions qui recouvrent une trentaine de mesures* (voir encadré et page suivante).
Leur rapport final, présenté ce jeudi, n'est ainsi rien de moins qu'une feuille de route qui permettra de "faire décoller le BIM en France" et démontrer son efficacité du concepteur à l'usager final du bâtiment. Un rapport très complet, accessible car volontairement pédagogique, qui ancre dans le concret les avantages de l'utilisation de la maquette numérique.
BIM pour "Bâtiment et Informations modélisés"
BIM pour Building Information modeling. Ou désormais "Bâtiment et Informations modélisés", comme le présente leur rapport. Car tout part de là : un consensus autour d'une définition commune et qui intègre toutes les acceptions des - actuels ou futurs - usagers du BIM. La maquette numérique est donc "Méthode et outil interopérable rassemblant l'ensemble des informations sur le cycle de vie du bâtiment, garantissant accessibilité, fiabilité et pérennité des données, dont l'objectif est de permettre aux secteurs du bâtiment et de l'immobilier de faire basculer le gain de productivité lié au numérique au service du développement durable et de la performance immobilière au sens large".
Une stratégie ambitieuse mais nécessaire
Le BIM peut en effet être ce lien, cette plateforme de convergence des acteurs de l'acte de construire dont tous se rejoignent à dire qu'elle est désormais essentielle, de celui qui crée (maîtrise d'ouvrage, maîtrise d'œuvre, industriels et entrepreneurs, artisans) à celui qui fait la gestion du bâti et son usager. "Notre souci n'a pas été la technique, rappelle Franck Hovorka, il s'agissait de faire émerger les usages et les manières de fonctionner avec un système d'informations partagées." Une révolution numérique qui ne peut que se faire qu'avec un "système souple" : "nous ne pouvons pas par exemple, forcer à s'équiper des artisans ou des PME, mais faire en sorte que des systèmes applicatifs existent et soient accessibles." En résumé : "permettre d'avoir accès à l'information là où l'on en a besoin." Et Pierre Mit de renchérir : "Nous sommes appelés à des évolutions humaine, technique, économique et juridique." Le rapport aborde d'ailleurs chaque point. Il veut en effet n'oublier rien ni personne : modifications des habitudes de travail de chacun, interopérabilité technique, coûts, protection et propriété des données, responsabilité, droit de la propriété intellectuelle... Identifications des freins et leviers de changement, toutes les questions sont abordées, même si certaines réponses doivent faire l'objet de rapports ultérieurs.
Certes la dynamique du BIM reste pour l'instant l'apanage de la maîtrise d'ouvrage publique. Certes beaucoup d'acteurs sont encore réticents, tels les maîtres d'œuvres, mais "rappelons-nous la mise en place de la CAO, c'était loin d'être gagné aussi" enjoint Franck Hovorka.
"Il faut une stratégie ambitieuse pour la France : avec le BIM, nous pouvons créer une filière qui permettrait à la France d'être à la pointe, assène-t-il : nous sommes en capacité de le faire (…) il faut faire en sorte que l'environnement permette à la filière de s'exprimer." "Une nécessaire mutation" qu'appelle également de ses vœux l'architecte François Pélegrin, qu'il baptise rien de moins qu'un "Bouleversement Interprofessionnel Majeur", pour reprendre ses mots.
Il n'y a plus qu'à.
Retrouvez ci-dessous les quatre grands axes de proposition du rapport du groupe de travail BIM et gestion du patrimoine, détaillés en page suivante.
Les quatre grands axes de proposition
Proposition 1 : Le BIM pour tous : obliger progressivement la constitution d'une "carte vitale" des ouvrages existants et neufs, sous forme BIM, en s'appuyant sur les moments clés de la vie de l'ouvrage bâti ;
Proposition 2 : Choc de simplification : créer un environnement permettant de favoriser les projets faisant l'objet d'un BIM ;
Proposition 3 : Mobiliser la puissance publique pour le développement du BIM ;
Proposition 4 : Renforcer la dynamique de filière, par la réalisation d'une charte d'engagement volontaire des acteurs et d'un comité d'animation et de suivi.