La mise en œuvre du béton par pompage fait de plus en plus d'adeptes. Le Syndicat national du pompage du béton (SNPB) a commandité une étude afin de démontrer les avantages de cette technique sur différents types d'ouvrages.
Le pompage du béton progresse en France, d'année en année. Il y a désormais une moyenne de 1.000 opérations de ce type par jour, pour 25 m3 en moyenne, soit un total d'environ 6 millions de m3 pompés par an. Pas suffisant toutefois pour le SNPB qui souhaite encore augmenter le taux de pénétration de cette technique de mise en œuvre aux nombreux avantages. Le syndicat a donc diligenté le bureau d'études Julien Lebourgeois Conseil, au printemps 2015, pour la réalisation d'une analyse comparative sur le sujet.
Trois types d'ouvrages ont été considérés : une maison individuelle Mozart, un petit immeuble de logement collectif (R+2) et un chantier de logements collectifs de taille moyenne (R+5). L'étude fait ressortir que, "dans le cas d'un petit collectif en R+2, le pompage du béton permet un gain notable sur le délai total du gros œuvre : 18 % pour du tout coulé à la pompe, et 9 % pour du pompage uniquement du béton de dalles". Pour l'immeuble de plus grande taille, le gain est comparable : 18 % pour du tout coulé et 10 % dans le cas des seules dalles. Le bureau d'études poursuit : "Dans le cas de la maison individuelle, il est important d'analyser la typologie du chantier, le pompage du béton se révélant une solution à privilégier dès lors que le chantier présente : des maisons individuelles groupées sur des petits terrains, une maison individuelle en R+1 ou plus, un projet avec un accès difficile. D'une manière générale, les chantiers de maisons individuelles ne mobilisant que rarement une grue, et celle-ci ne servant presque jamais au coulage du béton, le pompage trouve alors toute son utilité".
Des chantiers plus faciles à mener avec moins de personnel
Le SNPB met en avant les avantages attendus, dont l'optimisation économique, la meilleure organisation des chantiers et la gestion de la pénibilité des opérations. Le syndicat explique : "Généralement, les équipes sont organisées avec trois personnes. Un coulage de dalle ou de fondations ne nécessiterait que deux personnes avec une pompe (…). Si l'on considère un coût journalier moyen de 300 € par personne pour l'entreprise de gros œuvre, le pompage est compétitif". L'économie réalisée permettrait de réaffecter le personnel et de traiter davantage de chantiers en même temps. Concernant l'organisation même de chacun d'entre eux, le SNPB met en avant un autre gain, pour les opérations de maisons individuelles groupées en lotissements : "La taille de terrain diminuant, les distances entre les constructions se réduisent et ne permettent pas un accès facile", suggérant que le pompage permettrait de s'affranchir de cette difficulté. Le service proposé autoriserait également une bonne précision dans le "timing" de livraison et la mise en œuvre de béton commandé.Des bétons de meilleure qualité
Techniquement, différentes longueurs de flèches, allant de 20 à 50 mètres de portée, assurent de pouvoir accéder à tous les points de coulages souhaités. "Dans le cas d'un tablier de pont, le pompage permet d'amener le béton avec précision au bon endroit. Il est possible d'installer une ou plusieurs pompes en fonction des caractéristiques géométriques de l'ouvrage, du plan de bétonnage et de la cadence de pompage retenue par l'entreprise et imposée par le système d'étaiement afin d'assurer une bonne répartition des charges sur l'ouvrage", assure le rapport qui insiste sur la possibilité d'atteindre des zones difficiles d'accès. Autre bénéfice attendu : la meilleure qualité du matériau. "Le pompage (…) ne crée pas de modification dans la structure granulaire du produit et permet ainsi de conserver les propriétés du béton à l'état frais. Il en résulte une homogénéité des parements et une parfaite qualité des enrobages des bétons durcis", détaille le document. La technique, plus répandue en Allemagne, semble donc promise à un bel avenir en France.
Deux types de pompes cohabitent aujourd'hui sur le marché : celles à rotor (écrasement de tube flexible) adaptées aux pompages délicats (bétons spéciaux, légers, auto-plaçant), dont le débit atteint les 80 m3/heure, et celles à pistons dont le débit est de 200 m3/h (pour du béton S2). Les matériels utilisés entrent dans le cadre d'application de la norme NF EN 12001 qui couvre le contrôle des organes machines pour le transport, la projection et la distribution de béton et mortier par tuyauterie. Le SNPB recommande d'ailleurs que les pompes soient équipées de détecteurs de lignes électriques.
Les opérations de pompages consistent à refouler dans un tuyau le béton préalablement agité dans la trémie de réception, dès sa sortie du camion malaxeur. Le cheminement se fait par une succession d'aspirations/poussées grâce à l'action de deux vérins hydrauliques alternés. Le nombre de cycles par minute permet de définir la cadence de pompage en mètres cubes par heure.