PROJET VERT. Un concentré de technologies, voilà comment l'on peut définir le projet Mizu, imaginé et conçu par l'ingénieur thermicien Thomas Primault. Il vient en effet de piloter un projet hors norme, celui d'un bureau de 12 m2 labellisé PassivHaus. Une première.
C'est un prototype, et cela le restera. Car le projet Mizu n'a pas vocation à être dupliqué. Mizu, kézako ? C'est un projet conduit par le bureau d'études Hinoki, spécialisé depuis 2009 dans la construction passive, dessiné et conçu par son fondateur, Thomas Primault.
Cet ingénieur thermicien a imaginé Mizu ("eau" en japonais) comme un espace qui prolonge son habitation, située près de Rennes. En effet, la maison qu'il a construite, il y a quelques années, s'enroule autour d'un jardin zen, formant comme un U. Outre les parties jours et nuit, un troisième espace était destiné à devenir une petite maison de thé, lieu propice à la détente. Traditionnellement, ces maisons de thé sont de toutes petites constructions de quatre ou cinq tatamis, fabriquées avec des matériaux naturels où, à l'intérieur, seule une bouilloire en fonte fait office de mobilier. Un dépouillement presque total.
Vingt sponsors officiels
Or, quand l'activité professionnelle de Thomas Primault commence à prendre de l'ampleur, il décide d'abandonner l'idée d'une maison de thé pour en faire son nouveau bureau. "J'avais besoin de place, d'indépendance, mais aussi de pouvoir être à proximité de mon lieu de résidence pour préserver ma vie de famille", nous raconte-t-il. Mais plus qu'un bureau, il veut en faire une vitrine qui illustre son savoir-faire et ses compétences en matière de construction passive. C'est donc naturellement qu'il décide de faire de ce petit espace de 12 m2, le plus petit bâtiment passif au monde, le tout en conservant l'esprit japonisant auquel il était destiné. Il soumet son projet à La Maison Passive, association créée en 2007 qui fait la promotion du standard européen Bâtiment Passif®. Sur ce, vingt industriels et sponsors se joignent au projet.Qui dit passif, dit également contraintes. D'autant que plus l'espace est petit, plus il est difficile de réaliser du passif. "En effet, sur une surface de 12 m2, toutes les façades et la toiture constituent autant de surfaces de déperdition en contact avec l'extérieur", nous explique Thomas Primault. Il relève donc un vrai défi sur le plan technologique : reprendre les codes de la maison passive et l'adapter à une si petite surface.
Contraintes techniques
L'espace, mitoyen à l'habitation, est à ossature bois, avec de grandes ouvertures au sud dotées de triple vitrage, profitant d'une isolation performante en fibre de bois et ouate de cellulose. "Le pare-vapeur est rampant, et va du mur au plafond en passant par le sol, ajoute l'ingénieur thermicien. Autant dire que le R est supérieur à 10 sur toutes les parois". Une VMC a également été installée, mais non sans mal. "Le plus dur a été de trouver un appareil de petite taille qui convenait à la surface. Elle est installée dans le faux plafond de la partie archive", détaille Thomas Primault. Autre contrainte, l'étanchéité à l'air. Pas facile de mettre en place un système adapté au faible débit. "A chaque fois, cela a été du sur-mesure", confie-t-il.Au final, le bâtiment a obtenu la labellisation PassivHaus en novembre 2014, à l'occasion du salon PASSIBAT.