Le nombre de raccordement d'installations solaires continue de baisser en France pour atteindre un niveau plus faible qu'en 2009. Les professionnels du secteur dont les membres d'Enerplan tirent la sonnette d'alarme.
L'énergie solaire photovoltaïque ne voit pas le bout du tunnel. Sur les douze derniers mois, seuls 413 MW auraient été raccordés au réseau, selon les chiffres de France Territoire Solaire, relayés par le Figaro.
L'objectif de 1.000 MW annuels, qui avait pourtant été avancé par les pouvoirs publics, ne sera pas atteint en 2013, le cap des 600 MW n'étant probablement même pas franchi. Une morosité qui a un impact sur l'emploi : le nombre de salariés du secteur est passé, en cinq ans, de 28.000 à 8.000. Et l'hémorragie pourrait continuer. L'Observatoire de l'énergie solaire photovoltaïque, soutenu par France Territoire Solaire explique : "Le niveau extrêmement bas du marché résidentiel, moteur initial du marché, se maintient. Le seuil minimal atteint est cinq fois plus bas que le seuil d'avant le moratoire de décembre 2010 et la diminution des crédits d'impôts établie en octobre 2010".
L'Etat, déstabilisateur de la filière ?
L'association Enerplan pointe "les incohérences de l'Etat face au développement d'une filière industrielle française du photovoltaïque". Car, si l'exécutif revendique sa volonté de soutien à cette énergie renouvelable, qui figure notamment dans les 34 plans de reconquête pour une nouvelle France industrielle, il n'existe cependant aucune visibilité pour le marché. Plusieurs acteurs du solaire ont pourtant élaboré une proposition d'accord, unissant l'amont (Sillia Energie, fabricant de modules photovoltaïques) et l'aval (Solcoop, coopérative ouverte de développeurs d'installations solaires), comprenant des engagements d'approvisionnement à long terme, afin de sécuriser les carnets de commandes entre 2014 et 2016. "Cette question a été étudiée au sein des ministères de l'Ecologie (MEDDE) et du Redressement productif (MRP), qui ont finalement décidé le 9 octobre de ne pas donner suite à ce projet industriel dont les conditions de mise en œuvre étaient pourtant plus économiques que le système de soutien actuel", déplore Enerplan.
Le plan de sauvetage de l'usine Bosch de Vénissieux (Rhône) qui emploie actuellement 240 personnes et la préservation de l'unité Sillia de Lannion (Côtes d'Armor), seraient alors remis en cause. Même si le ministre de l'Ecologie, Philippe Martin, a annoncé le lancement d'une réflexion stratégique sur toute la filière photovoltaïque, Enerplan dresse un constat sévère : "L'Etat refuse aujourd'hui d'adapter son cadre réglementaire pour le photovoltaïque, pour ne pas préempter les décisions qui seront prises dans plus d'un an avec la loi sur la transition énergétique, alors que le secteur est en crise depuis 2010. Par ses incohérences, l'Etat déstabilise les acteurs de la filière française du photovoltaïque et crée les conditions d'un échec industriel majeur, alors que cette énergie se développe dans le monde entier, et qu'il faut y investir d'urgence tous nos efforts".