Le chantier du futur pont-passerelle bat son plein dans la baie du Mont-Saint-Michel. La quasi-totalité des poteaux ont été installés et la pose de la structure métallique qui supportera le tablier est déjà bien avancée. Batiactu a pu assister à la mise en place d'une des dernières piles de béton qui constituera l'ouvrage permettant aux forces conjuguées des marées et du Couesnon de rendre son caractère insulaire à ce symbole millénaire.

« Une opération hors norme, complète et complexe » : voilà comment François-Xavier de Beaulaincourt, le directeur du projet pour le syndicat mixte de la baie du Mont-Saint-Michel, résume le vaste chantier qui s'étend au pied du monument séculaire. Elle consiste en effet à remplacer la digue-route qui mène à l'édifice depuis 1879 - mais qui participe à l'ensablement du site - par un nouvel ouvrage sur pilotis, un pont-passerelle laissant passer le flux des marées et les divagations du Couesnon. Conjugué à l'effet de « chasse » du barrage construit à l'embouchure de ce petit fleuve côtier et modifié en 2011, la baie du Mont-Saint-Michel devrait donc progressivement se désenvaser.

 

« Le projet doit permettre de rétablir le caractère maritime du Mont et le remettre dans son écrin historique de sable et d'eau », précise le directeur. Car le processus de sédimentation, s'il a toujours existé, a cependant été accéléré par l'action de l'Homme. « Nous ne lutterons pas contre ce phénomène naturel, nous corrigerons juste les erreurs humaines ». Et la tâche s'avère ardue : les chantiers sont dispersés géographiquement sur 12 km² (nouveaux parkings dans les terres, construction d'un accès par pont, destruction de la digue-route) mais tous fonctionnellement liés. Du point de vue de la gouvernance, il n'y a pas moins de 8 financeurs différents, deux agences de l'eau et 45 dossiers de subventions… Pour parachever le tout, le site classé est évidemment hyper-protégé et les conditions des travaux sont compliquées par l'environnement.

 

Des conditions particulières
L'ambiance saline et humide et la nature du sol rendent les choses difficiles pour les divers intervenants du chantier. Pour les pieux-poteaux de la passerelle par exemple, il a fallu composer avec un terrain gorgé d'eau, sablonneux et limoneux. « Pour les fûts en béton, dans lesquels s'insèrent les poteaux en métal fournis par Eiffage Construction Métallique, il faut maintenir les parois du forage pour mettre en place le béton puis le poteau métallique, et ce avec une tolérance minime, de l'ordre du millimètre », détaille Gérard Sebal, de Spie Fondations. Les 142 pieux, de 30 à 35 mètres, ont presque tous été installés, à raison d'un ou deux par jour, en fonction des marées. La technique employée est similaire à celle de l'industrie pétrolière.

 

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