Créer un super-ministère de la Ville et du Logement
François Scellier, député du Val d'Oise, surenchérit : "Il ne faut pas casser ce qui fonctionne, et réformer dans le cadre du bon sens, du raisonnable, en chassant les excès". Interrogé sur des conseils au futur ministre du Logement, il énumère : "Réaliser des états généraux comme pour l'Environnement. Sortir le logement des idéologies et des clivages partisans. Modifier le bail pour harmoniser public et privé. Moduler les taux de TVA selon les produits du secteur". Concernant l'article 55 de la loi SRU, qui impose un seuil de 20 % de logements sociaux dans les communes de plus de 3.500 habitants, l'élu le juge "exagéré" dans son application : "Les sanctions pèsent lourdement sur les citoyens". Autre mesure phare avancée par François Scellier : donner la compétence la plus large possible au futur ministre du Logement. Ce que François Lamy, autre ancien membre d'un gouvernement, qualifie de "Ministère de l'Urbain" qui intègrerait également le ministère de la Ville, "bizarrement rattaché à la Jeunesse et au Sport".
Favoriser la mixité sociale
Interrogé sur le modèle de financement français, Jean-Marc Vilon, le directeur général du Crédit Logement, répond : "Le marché va mieux et cela va durer. Il est profond et solide, avec 900 milliards de crédits immobiliers aujourd'hui dans les banques. En France, le taux fixe est privilégié, ce qui donne une bonne visibilité et réduit les risques. La solvabilité des emprunteurs est garantie sur caution, une assurance prenant en charge le paiement total du crédit, ce qui sécurise le plan de financement et permet de recherche une solution à l'amiable plutôt qu'une saisie et revente du bien, qui reste rare". Un modèle qui se différencie donc de ses alter-ego anglo-saxons où les taux variables et l'absence d'assurance entraînent un risque accru, et qui pourrait finalement être reconnu dans le cadre de la signature des accords bancaires de Bâle IV, pour l'instant repoussée.
Du côté de l'Agence nationale de rénovation urbaine (Anru), son président, François Pupponi propose deux sujets pour le prochain quinquennat : "Il faut relancer le logement et favoriser la mixité. Il ne faut donc pas laisser aux préfets le choix des occupants puisqu'ils placent uniquement des 'Dalo' (Droit au logement opposable) ce qui poursuit la ghettoïsation. De même, il faut réformer les APL, car verser 20 milliards d'euros aux Français pour les aider à payer leur loyer est absurde. Ce qu'il faut baisser c'est le coût des loyers ! Il faut revisiter l'aide à la pierre, ce qui est compliqué". Beaucoup de grain à moudre pour le prochain gouvernement…