ENTRETIEN. A l'approche du Congrès annuel de la Capeb, qui se tiendra le 11 avril 2025, Jean-Christophe Repon, le président du syndicat, déplore le manque de soutien du gouvernement à l'égard des TPE.
Batiactu : Quel regard portez-vous sur le soutien public au TPE et sur les récentes mesures prises les concernant ?
Jean-Christophe Repon : Il y a quelques avancées, comme sur la fraude ou la simplification. Mais tout ce qui avait été validé depuis plus de deux ans pour que les TPE prennent part au marché, notamment via MaPrimeRénov' ou d'autres dispositifs, est relégué au dernier rang. Le marché s'organise pour les grands groupes, pour la grande distribution, au détriment de l'artisanat. Alors que nous sommes une force importante face aux défis énergétiques, de la rénovation, ou du maintien à domicile. C'est aussi une déception qu'aucun ministre ne soit présent à notre congrès annuel, mais c'est le résultat de la politique qui est menée actuellement.
Quelles sont les décisions prises récemment qui pénalisent particulièrement les entreprises artisanales ?
Concernant la fraude, lorsque des entreprises commerciales, qui ne sont pas dans le secteur du bâtiment et sont considérées comme des intermédiaires, viennent s'appuyer sur des sous-traitants RGE qui sont, quant à eux qualifiés, cela relègue les artisans au rôle de simples poseurs. Lorsque le gouvernement crée un label pour la grande distribution ou pour ces sociétés commerciales, afin qu'elles puissent accéder au marché, cela ne va pas dans le sens de la lutte contre la fraude, puisqu'un grand nombre de ces sociétés en profitent, au détriment des artisans. Il faut lutter contre cela. Alors que 97% des entreprises du bâtiment sont des TPE, on souhaite les sacrifier afin que de grandes entreprises et de gros faiseurs continuent d'avoir des bénéfices ? C'est contre-productif pour la société.Que pensez-vous de la loi de simplification de la vie économique actuellement discutée à l'Assemblée nationale ?
On voulait permettre aux entreprises artisanales d'obtenir le label RGE grâce à la validation des acquis de l'expérience, mais cela a été balayé par le gouvernement. En revanche, le seuil de franchise de TVA maintenu à 25.000 euros dans le bâtiment, inscrit dans l'amendement porté par le gouvernement, est une bonne chose. On va faire en sorte d'accompagner les micro-entrepreneurs adhérents à la Capeb pour les amener vers le régime général, s'ils souhaitent faire de l'artisanat du bâtiment leur activité principale. Un régime plus protecteur qui les sort de la précarité et leur permet aussi d'employer d'autres personnes et d'avoir un plus grand impact dans la société.Enfin, plus largement, avec la réduction des ambitions du Zan et des ZFE, on réorganise le marché en donnant des chantiers aux grosses entreprises, au détriment des artisans. La majorité des chantiers et des logements existent déjà, il faut les rénover, les redimensionner et arrêter de bétonner comme on le faisait avant sur l'ensemble du territoire, dans une logique de décarbonation.