UN PROJET/UNE PARTICULARITE. Pas facile de sortir de l'idée du musée imaginé comme "une boîte", c'est pourtant ce qu'a cherché à réaliser l'architecte Kengo Kuma avec le Frac de Marseille. Inauguré le 22 mars dernier, l'établissement, qui abrite et accueille des œuvres contemporaines, se distingue par son ouverture et sa façade en verre. Découverte.
"L'architecture du Frac Provence-Alpes-Côte d'Azur est la version tridimensionnelle du "Musée sans murs" d'André Malraux, comme aime à le souligner Kengo Kuma. "C'est un musée sans musée, un musée mouvant et vivant, dans lequel les œuvres sont en mobilité permanente et s'inscrivent dans une logique de diffusion et d'interaction avec les publics". C'est en ces termes que l'architecte japonais évoque le nouveau Frac de Marseille, inauguré le 22 mars dernier.
Faisant partie du programme Marseille Capitale de la culture européenne, le projet a mis de nombreuses années à devenir réalité. Auparavant situé dans le quartier populaire du Panier, il se trouve désormais dans l'hyper-centre sur une parcelle peu banale. Pour jouer avec cette contrainte, Kengo Kuma a monté un bâtiment en deux corps clairement identifiables : le corps principal en partie sud-est relié par des passerelles à une tour en partie nord. Composé de plusieurs plateaux hébergeant la conservation, la diffusion, l'exposition, la documentation, la médiation… le bâtiment dispose d'une partie en élévation : "Le concept de rue en trois dimensions est l'expression de ces fonctions multiples. En outre, la forme complexe de la parcelle m'a intéressé. Elle était tout à fait propice à la construction d'un bâtiment qui ne serait pas une boîte : très étroit et, encerclé par des rues très vivantes", explique-t-il. D'ailleurs, cette logique intérieur/extérieur est porté par la circulation sur les différents plateaux mais aussi sur l'extérieur (terrasse urbaine et terrasse située en cœur d'îlot).
La suite des secrets de la façade en page 2
Une façade d'écailles haute couture
Un extérieur du bâtiment particulièrement soigné grâce à une façade lumineuse pixellisée par des éléments de verre non teinté. Pour parvenir à ce résultat, Kengo Kuma a fait appel au verrier Emmanuel Barrois implanté à Brioude. "J'avais déjà rencontré l'architecte japonais lors d'un voyage au Japon", raconte l'artisan. Puis il revient sur la genèse du projet : "Au début, la façade devait être habillée d'une grande surface de verre qui intégrait des copeaux en aluminium mais cela ne correspondait pas au style de Kengo Kuma. Il souhaitait un travail alliant qualité et matériau. Finalement, le choix s'est porté sur une multitude d'écailles de verre". C'est donc un travail de longue haleine d'environ huit mois qui a démarré avec comme objectif de créer un verre à la manière "d'un tissu haute couture".
Un travail artisanal sur le verre
Pour trouver la parfaite physionomie du verre, de nombreux essais à l'échelle 1 sur un prototype construit tout spécialement ont été lancés : "Nous avons conçu une trentaine de variantes afin d'en trouver une correspondant à la fonctionnalité du bâtiment. Il fallait gérer la lumière méditerranéenne de façon à ce qu'elle soit diffuse mais pas rayonnante", indique Emmanuel Barrois. Résultat : ont été créés 1.700 panneaux de 30 mm d'épaisseur. Texture, matière, brillance… Tout a été étudié. L'idée était de donner une couleur blanche au verre grâce à une pluie d'émail, histoire d'assurer un aspect différent de près et homogène de loin. "Nous avons utilisé une seringue pour appliquer l'émail en goutte de pluie. Au total, cela représente 4 à 5 millions de gouttes", précise l'artisan. Après quatre mois de travail délicat et minutieux, les écailles ont été posées, orientées selon un angle particulier et pas de manière parallèle à la façade pour créer une interaction et une interactivité entre l'environnement et le bâtiment lui-même. Et comme cela, rendre le bâtiment vivant.
Frac de Marseille
Imaginé par l'architecte Kengo Kuma, le Frac de Marseille a été inauguré le 22 mars dernier.
Une façade en verre façon haute couture
Kengo Kuma a fait appel au verrier Emmanuel Barrois implanté à Brioude.
1.700 écailles
Au total, ce sont 1.700 panneaux de verre de 30 mm d'épaisseur.
Vue sur la petite tour
Kengo Kuma a monté un bâtiment en deux corps clairement identifiables : le corps principal en partie sud-est relié par des passerelles à une tour en partie nord.
Plusieurs plateaux, un musée
Composé de plusieurs plateaux, le Frac héberge des oeuvres d'art contemporaines. Le musée a plusieurs fonctions : la conservation, la diffusion, l'exposition, la documentation, la médiation...
Un bâtiment ouvert
"C'est un musée sans musée, un musée mouvant et vivant, dans lequel les œuvres sont en mobilité permanente et s'inscrivent dans une logique de diffusion et d'interaction avec les publics", explique Kengo Kuma.
Une double peau
On voit ici la double peau en verre qui côtoie l'enveloppe du bâtiment.
Détail
Pour fabriquer les écailles, le verrier Emmanuel Barrois a mis en avant le savoir-faire artisanal.
Travail en atelier
On peut voir ici l'application de l'émail par goutte grâce à des seringues.
Localisation: Marseille, France, 20 boulevard de Dunkerque, Quartier La Joliette, secteur
Euroméditerranée
Période : 2008-2012
Maître d'œuvre : Kengo Kuma & Associates
Architecte associé : Toury et Vallet
Ingénieurs structure : CEBAT ingénierie
Maître d'ouvrage : Région Provence-Alpes-
Côte d'Azur
Maîtrise d'ouvrage déléguée : AREA PACA
Budget : 22 M € cofinancé par le ministère de la Culture et de la communication et la Région
Surface totale : 5 400 m²