A l'occasion de l'inauguration de l'exposition "Le Corbusier, Mesures de l'homme" au Centre Georges Pompidou à Paris, la polémique concernant l'implication de l'architecte dans le régime de Vichy refait surface. Mais la question reste entière car elle n'y est pas abordée. Pour y répondre, les commissaires ont annoncé la tenue en 2016 d'un grand colloque destiné à faire toute la lumière sur le passé de l'architecte.
Le Corbusier est-il fasciste ? C'est la question qui secoue actuellement le monde de l'architecture suite à la parution des ouvrages de Xavier de Jarcy ("Le Corbusier, un fascisme français"), Marc Perelman ("Une froide vision du monde") et François Chaslin ("Un Corbusier") qui mettent en exergue les relations qu'entretenait l'architecte avec certains membres du mouvement. Des livres publiés seulement quelques semaines avant l'inauguration de l'exposition "Le Corbusier, Mesures de l'homme" au Centre Georges Pompidou qui ont fait naître une polémique. Polémique à laquelle certains pensaient trouver des réponses dans l'exposition mais il n'en est rien ! Elle ne s'intéresse en effet qu'aux sources d'inspiration de l'architecte, en particulier à la place de l'Homme dans son travail.
Une polémique qui mérite de mener des recherches approfondies
Interrogés sur le sujet, les commissaires Frédéric Migayrou et Olivier Cinqualbre ont confirmé que Le Corbusier avait "très certainement" parmi ses proches des amis appartenant à des mouvements d'extrême droite mais, de là à aller plus loin, ils ont exhorté à ne pas faire trop vite des raccourcis. "Cela mérite des recherches approfondies pour savoir si l'on peut lui attribuer une quelconque implication dans le régime de Vichy mais plus largement pour comprendre la position de tous les architectes et les urbanismes dans cette période de trouble de l'histoire", a indiqué Frédéric Migayrou, à l'issue de la visite de presse organisée le mardi 28 avril. "Il nous faut prendre le temps de relire les écrits de l'époque pour déterminer le contexte social, politique, institutionnel et c'est seulement à partir de ce moment-là que nous pourrons savoir ce qu'il en est réellement", a-t-il poursuivi, visiblement très agacé par la coïncidence de date entre les publications et l'inauguration de l'exposition.Souhaitant cependant mettre un terme à cette controverse et bien la dissocier de l'exposition, ils ont annoncé la tenue en 2016 d'un grand colloque scientifique, organisé conjointement par le Centre Pompidou et la Fondation Le Corbusier réunissant des historiens et des architectes. Le but ? Faire toute la lumière sur le passé de l'architecte.